Autour de la table du dîner, Arthur boit une gorgée de son vin, et grimace.
Arthur : Qu’est-ce que c’est qu’ce picrate ?
Séli : On a changé d’fournisseur.
Arthur tousse.
Arthur : Ça valait l’coup.
Il regarde son beau-père, qui boit une gorgée de son vin également, puis le recrache en grimaçant dans son assiette. Il relève ensuite la tête, très calme.
Léodagan : C’est une blague ?
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Générique
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Plus tard, autour d’une table, le roi Arthur fait face à Guéthenoc, Roparzh, et un autre paysan, Belt. Sur la table se trouvent des verres et des bouteilles.
Guéthenoc : C’que vous voulez pas admettre Sire, c’est qu’on s’retrouve devant une véritable crise paysanne.
Arthur : Ah non ! Non non non. Ne commencez pas avec vos crises paysannes. On est là pour parler du vin, jusque là il était bon.
Guéthenoc : Evidemment il v’nait d’Rome.
Roparzh (se marre) : Oui au prix qu’vous l’touchez il peut être bon.
Belt : Il me semble que c’est quand même le minimum de s’intéresser AUSSI aux petites exploitations locales.
Arthur : Ah mais moi j’veux bien m’intéresser à tout ce que vous voulez, mais le pinard est immonde.
Roparzh : Mais il est pas immonde, Sire ! Faut arrêter d’jouer les fines bouches hein !
Guéthenoc : Y a des très bonnes choses ! Seulement faut y mettre un peu… un peu du sien aussi.
Belt : vous avez pas pris l’temps d’vous habituez aux fruits.
Guéthenoc : On a pas l’même soleil qu’à Rome nous. Ici l’raisin il vient un peu plus… un peu plus… un peu plus acide.
Roparzh : Il est un poil plus âcre aussi.
Guéthenoc : Plus âcre, ou plus âpre ?
Roparzh : Non, âcre.
Guéthenoc : Moi j’aurais dis âpre moi.
Belt : D’façon il est âcre, et âpre. Il faut être honnête.
Les trois paysans prennent une gorgée de leur verre, et l’avalent en grimaçant.
Belt : Hein ? il est…
Les trois disent « âcre » et « âpre » en même temps.
***
Un peu plus tard, toujours autour de la table, Arthur repose son verre, qui n’est visiblement pas le premier. Il grimace, et soupire.
Arthur : C’est l’quel déjà c’ui-là ?
Les trois paysans ont l’air aussi quelque peu éméchés.
Roparzh : Ça c’est l’mien là. C’est ma cuvée d’l’an passé !
Belt : Nan. C’est le mien. Le vôtre on l’a déjà goutté trois fois on a failli dégobiller… iller…
Roparzh : Sire c’est une conspiration là !
Guéthenoc : Nan mais quand même ! Nan quand même on vient pour essayer d’montrer que’que chose de sérieux, vous arrivez avec du jus d’pied. Faut pas exagérer non plus !
Arthur repose son verre en grimaçant.
Roparzh : Le ça qu’est d’ma cuvée d’c’t’année, il est un peu jeune, mais il est… il est fait avec amour.
Belt recrache ce qu’il buvait.
Belt : Mais c’est d’l… d’la merde ! Enfin euh… Sire, est-ce qu’on est obligés de perdre du temps avec tous les pignoufs d’la région qui s’prennent pour des exploitants ?
Roparzh : DE QUOI ?
Arthur : Oh eh ! Vous pouve… vous pouvez arrêter de gueuler, s’il vous plait ?
Belt : Eh ! euh… sire, ce… celui qu’vous avez entre les mains là ça vient d’mes coteaux alors… en toute franchise, qu’est-ce que vous en pensez ?
Le roi goûte.
Belt : C’est pas une merveille ?
Arthur : Non. Il est dégueulasse c’ui là.
Belt : Ah.
Guéthenoc : Vous avez raison sire y a qu… y a qu’’le mien qui fait l’affaire. Ça fait pas tout, ça fait pas tout le raisin ! il faut aussi l’coup d’patte !
Belt repose son verre, et menace Guéthenoc de sa main.
Belt : Et celui là de coup d’patte il vou… vous intéresse ?
Roparzh : Y a commande de pains dans la gueule dans l’air là !
Arthur : Oh ! Oh ! Oh ! Guéthenoc ! C’est lequel le vôtre?
Guéthenoc : Là! C’ui là, de… pile devant vous là.
Arthur goûte, puis écarte la chope.
Arthur : Mais j’l’ai pas d’jà goûté, c’ui là ?
Belt : Bah de… toutes façons vous les avez tous goûtés.
Arthur : Eh ben ? Eh ben voilà ! C’est bien pour… la peine de rester huit jours. C’est… c… alors donc y en a pas un pour racheter l’autre. C’est d’la merde. Merci messieurs.
***
Un peu plus tard, toujours autour de la table. Belt a rejoint Arthur de son côté de la table, et ils chantent en tapant sur la table, saouls. En face d’eux, Karadoc a rejoint Guéthenoc et Roparzh.
Tous : … est allé se mettre sur un oranger. Sur un O, à la volette, sur un O, à la volette, sur un oranger.
Ils applaudissent tous. Arthur leur fait signe d’arrêter.
Arthur : Non non non.
Guéthenoc lève sa chope.
Guéthenoc : A la santé des viticulteurs d’Bretagne !
Ils se mettent tous à crier une sorte de rituel de boisson, puis avalent leur chope en même temps.
Roparzh : Sei… seigneur Karadoc ! Qu’est-ce que pensez-vous-t-il de c’ui là ?
Il lui indique sa chope.
Roparzh : Dis rien les autres hein !
Karadoc : C’est d’la merde.
Les autres applaudissent et rient, sauf Roparzh.
Guéthenoc : Bravo. Bravo Seigneur Karadoc.
Karadoc : Le vôtre aussi c’est d’la merde.
Roparzh se met à rire.
Belt : Sire vous… vous êtes quand même un sacré souverain. Ac… accueillir d… des péquenauds qui sentent la bouse comme ça dans vot’ chapeau bah je dis château.
Guéthenoc : Oui et puis nous acheter tout not’ vin… vu la merde que c’est ! (il se met à pleurer) bah là y a un beau geste !
Belt : Chapeau bas monsieur l’prince. (il lève la bouteille qu’il tient) Je lève mon verre à notre souverain !
Roparzh : Notre souverain, rain rain !
Ils éclatent tous de rire.
***
Générique
***
Toujours autour de la table. Karadoc et Roparzh dorment l’un sur l’autre, tandis que le roi porte le chapeau de Guéthenoc.
Belt : Nous on… on froule le fuit ave… avec nos po… por…propres pieds… vant… nos po… nos… nos euh… comment… euh… euh on a des pieds… pour… par…
Arthur : Oh ! ah vos propres pieds ? Ah.
Guéthenoc : Même que des fois ça nous fait saigner des pieds et on continue… on continue quand même.
Belt : Peut… vous… faire un p’tit câlin Sire ?
Guéthenoc : Bah, et moi ?
Rédigé par Roxy33 pour Kaamelott Hypnoseries