Comme à leur habitude, le maître d’armes et Arthur s'entraînent ensemble au combat.
Maître d’Armes: Ah bah vous prenez pas votre épée ce matin?
Arthur: C’est mon épée.
Maître d’Armes: Ah s’il vous plaît sire. C’est pas celle-là votre épée.
Arthur: J’ai plusieurs épées.
Maître d’Armes: Ah bon?
Arthur: Bah voilà! Celle-ci, les autres là, ouais de toute façon tout est un peu à moi?
Maître d’Armes: Non mais moi je parlais de …
Arthur: Excalibur, j’ai bien compris. Je l’ai replantée dans le rocher, Excalibur. Je me demande dans quel patelin de très haute montagne vous vivez pour pas avoir encore entendu parler de ça.
Maître d’armes: Et vous allez vous en sortir avec une épée ordinaire? (Arthur se saisit d’une épée et attaque le maître d’armes, qui croise immédiatement le fer. Ils se provoquent du regard.)
GENERIQUE
Gauvain: La question est, est-ce qu’on retire l’épée du rocher ou pas?
Yvain: Ah c’est chaud. Honnêtement y a le pour et le contre.
Gauvain: D’un côté, ne sommes-nous pas un peu jeunes pour nous enferrer dans une situation aussi rigide que roi de Bretagne?
Yvain: Non mais carrément. Moi je voyais ça vachement plus tard hein.
Gauvain: D’un autre côté, quel prestige!
Yvain: Mais carrément. A nos âges, roi de Bretagne, ça pète quand même.
Gauvain: Bon alors, on la retire, on la retire pas? (ils se jaugent du regard)
Yvain: Allez ouais!
Gauvain: D’accord!
Yvain: De toute façon, si on la retire pas, on va regretter. (Gauvain l’approuve d’un signe de tête. Ils continuent de manger.)
Gauvain: Attention on dit retirer l’épée, on oublie tout de même une petite difficulté.
Yvain: De quoi?
Gauvain: Il va falloir décider qui de nous deux la retirera.
Yvain: Ca change quoi?
Gauvain: Seul le possesseur d’Excalibur sera désigné comme roi.
Yvain: Ouais non mais nous on s’en fout de ça. Y en a un qui la retire et puis après il fait une loi comme quoi y a deux rois. Les autres après, sont trop blasés quoi!
Gauvain: Excalibur?
Yvain: Quoi Excalibur?
Gauvain: Qui la portera?
Yvain: Hé ben on la portera heu, chacun notre tour à l’entre-deux, voilà.
Gauvain: Vous croyez?
Yvain: Bah quoi?Vous la voulez pour vous tout seul c’est ça?
Gauvain: Mais non…
Yvain: Mais non mais c’est ça allez-y portez-la tout seul, super. Truc de gamin, j’y crois même pas quoi. (Gauvain l'observe. Il a l'air perplexe. L'attitude d'Yvain semble d'ailleurs le rendre un peu triste.)
***
Galessin: Qu’est-ce qu’on fait, on l’attend ou on l’attend pas?
Loth: Je sais plus. Moi après deux heures de retard j’ai passé le cap de l’agacement. Le peu de volonté que j’avais de me farcir une réunion avec ce débile de Dagonet a définitivement disparu. Je suis une sorte de meuble.
Galessin: Son message est quand même alléchant. Vous voulez que je vous le relise?
Loth: Avec joie! S’il vous plaît, refaites-moi donc la lecture de cet insipide message de crétin que vous vous obstinez à me ressasser depuis ce matin.
Galessin: Arrive avec de très bonnes nouvelles. Demain à midi présence souhaitée.
Loth: C’est extraordinaire, l’émotion reste intacte à chaque lecture.
Galessin: Je suis désolé moi ça me rend au moins curieux.
Loth: Parce que votre existence est merdique mon pauvre ami. Vous avez l’oeil qui brille à chaque fois qu’un oiseau pète, c’est triste à voir, ça fait des années que vous menez un train de vie de noix de Saint-jacques, alors évidemment un message qui annonce la visite d’un imbécile porteur de bonnes nouvelles, c’est déjà un petit festival pour vous. Je suis sûr que vous vous êtes peigné pour l’occasion!
Dagonet entre.
Dagonet: Vous êtes là!
Galessin: C’est pas trop tôt!
Loth: Heu vous êtes là, c’est à dire qu’il est surpris lui-même, ça lui viendrait pas à l’idée de raccorder le fait qu’on est là avec le fait qu’il nous l’a demandé.
Dagonet: Vous, vous voulez savoir la nouvelle?
Galessin: J’avoue que là, je serais pas contre.
Loth: Moi c’est comme vous le sentez, j’ai eu deux heures à vide, c’est pas si souvent, je pense que j’en ai inconsciemment profité pour dresser un petit bilan…
Dagonet: Bon, Arthur a replanté Excalibur dans le rocher.
Galessin: Quoi?
Dagonet: Avant-hier.
Galessin: Mais, mais vous pensez bien qu’on le sait ça!
Dagonet: Bah qui vous l’a dit?
Galessin: Qu’est-ce qu’on s’en fout de qui nous l’a dit, on le sait, c’est tout!
Dagonet: Bon bah, pardon!
Loth: J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse, de l’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés.
Dagonet et Galessin sont effrayés, ils échangent un regard avant de contempler Loth du coin de l’oeil.
***
Perceval: Mais qu’est-ce qu’on va aller s’emmerder avec ça?On a notre clan et tout, on est peinards.
Karadoc: Je suis d’accord avec vous. Je dis juste qu’Excalibur, il la replante pas tous les matins, Arthur. Ca se représentera peut-être pas avant dix ans, alors ça mérite qu’on y réfléchisse.
Perceval: Qu’est-ce qu’on va en foutre? Ca fait des années qu’on développe une technique pour se battre sans épée, et maintenant faut aller chercher Excalibur.
Karadoc: Naan, mais je dis pas il faut, je dis il faut voir!
Perceval: Bah c’est tout vu. On a assez de boulot à faire des chevaliers avec ceux-là sans se rajouter du travail pour rien.
Karadoc: On pourrait leur demander leur avis d’ailleurs! Après tout c’est ça une équipe.
Perceval: Mais y en a combien à nous ce soir?
Tavernier: Non ce soir c’est beaucoup du clodo, mais c’est pas ceux-là de votre équipe.
Karadoc: Et heu, la peau chauve là, à moustache, non? Non?
Tavernier: C’est un régulier.
Karadoc: Ah ouais.
***
Le maître d’armes et Arthur se battent à mains nues. Le premier envoie le roi valser à terre.
Maître d’armes: Dites, je me faisais une réflexion …
Arthur (se relève): Hé on arrête là hein?
Maître d’armes: Non, simplement je pensais à une chose.
Arthur: Oui, bah justement, on pourrait en profiter pour s’arrêter?
Maître d’armes: Je passais dans les couloirs du château ce matin et une chose m’a frappé, j’ai pratiquement croisé personne.
Arthur: D’accord, on arrête hein, c’est plus simple.
Maître d’armes: Alors j’ai fait un peu le tour, y a plus un rat dans la boutique en fait. C’est désertique!
Arthur: Pourtant il en reste des emmerdeurs croyez-moi.
Maître d’armes: Aaah je suis désolé j’aimerais bien savoir lesquels! Lancelot est parti, Perceval, Karadoc, Yvain, Gauvain.
Arthur: Si vous passiez un peu plus de temps dans les couloirs, vous découvririez que ma femme est encore là.
Maître d’Armes: C’est pas faux.
Arthur: Ainsi que ses parents. Alors je sais pas si comme le veut le dicton les meilleurs s’en vont les premiers, ce dont je suis sûr, c’est que les trous du cu s’en vont les derniers. Pouvez me faire confiance. (Le maître d’armes hoche la tête d’un air pensif. Arthur grimace car sa chute lui a donné mal au dos.)
***
Galessin: Je sais pas si après un coup d’état, on peut bien se permettre de tenter de retirer l’épée. Je pense qu’on risque de nous regarder de travers.
Dagonet: Ca a jamais été dit qu’on pouvait pas.
Galessin: On est consignés chez nous. Officiellement on a pas le droit de sortir, on va pas se pointer au rocher!
Dagonet: Non mais arrêtez de me gueuler dessus c’est bon! Si vous voulez pas y aller on y va pas, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise?Ou, ou alors de nuit, quand y a personne.
Galessin: Mais faut bien des gens pour nous voir si on la retire, sinon ça sert à quoi?
Loth: Je vais y aller, de jour, devant tout le monde. Et si je deviens roi de Bretagne, je vous nomme respectivement ministre des armes et responsable de la protection des frontières, parce que mon destin c’est de m’entourer de nuls, de vrais nuls. Timeo libri irex agitur, ça veut rien dire mais, c’est ce que j’ai trouvé de plus aigre.
Galessin et Dagonet se dévisagent d’un air outré.
***
Léodagan: Non mais j’irai peut-être hein. Mais, je suis pas fixé quoi.
Elias: Hé bah moi en tout cas j’y vais pas! Merci bien mes cousins!
Léodagan: Ah c’est sûr roi de Bretagne c’est assez dans mes cordes, bon. Si les dieux décident de me refiler le bébé, ça tournera toujours mieux que maintenant. Vous me direz, c’est pas compliqué.
Elias: Dans la vie, il faut bosser pour personne, et il faut faire bosser personne. C’est le secret de la liberté.
Léodagan: Mais vous vous bossez pas pour Arthur, vous?
Elias: Bah si. Mais je me barre quand je veux. Rien que d’imaginer que je retire l’épée du rocher et que je me retrouve à la tête de ce bordel, ça me fait de la spasmophilie.
Léodagan: Non mais moi je vous dirais bien pareil. Attendez, ma place elle vaut bien mieux que celle d’Arthur. Parce que quand y a une merde et j’aime autant vous dire que c’est souvent, hein, c’est sur lui qu’on tape, moi je suis protégé.
Elias: Ah hé pis rien que de voir tous ces clampins là, qui viennent d’on sait pas où, pour, pour essayer de tenter le coup là, les petits princes, les mendiants, les bourgeois, tout le spectre social des glandus est représenté… (Léodagan grogne et secoue la tête pour exprimer son approbation)
Léodagan: Ouais pareil moi ça m’écoeure.
Elias: Bon alors, vous allez pas essayer, ou bien…
Léodagan: Je vais sûrement essayer, parce que ce serait trop bête. (Elias approuve) Mais heu, en espérant que ça marche pas quoi. (Elias hausse les épaules d’un air dépassé et se met à fixer la neige devant lui. Léodagan hausse à son tour les épaules et d’un mouvement de mains, exprime son incertitude. Les yeux des deux hommes en disent long.)
***
Mevanwi: A force de tirer dessus, tirer dessus, depuis des semaines que tous les nigauds du continent s’acharnent nuit et jour, elle va peut-être finir par céder! Retournez-vous, vous!
Perceval: Bah carrément, j’ai pas envie de dégobiller. (Il se retourne)
Mevanwi: Imaginez que le jour où elle cède, ça tombe sur un qui le mérite pas. Ah bah, on serait beau. C’est pour ça vous devriez tenter, au moins par acquis de conscience.
Perceval: Sans moi. (Glacial, toujours tourné vers le mur)
Karadoc: Curieusement je suis assez d’accord avec ma femme. On risque rien d’essayer.
Perceval (furieux, se retourne vers Karadoc et Mevanwi): Votre femme, si j’avais pas la flemme de descendre de là, elle aurait pris mon pied dans son cu depuis un moment. Parce qu’il y a un truc qu’on oublie quand on parle de retirer Excalibur, c’est le respect au roi Arthur! Et le respect au roi Arthur je remarque que madame en avait un peu plus quand elle était DANS SON PLUMARD!
Mevanwi (furieuse et gênée): Mêlez-vous de vos fesses, espèce de débile!
Karadoc: Non mais vous engueulez pas…
Mevanwi (sèche): Retournez-vous. (Perceval et Karadoc se retournent) Mais pas vous! (A Karadoc)
Karadoc: Heu non mais si j’aime pas. (Mevanwi est exaspérée)
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb