Lancelot est sorti de sa grotte, il a placé son épée à son fourreau. Méléagant est assis sur un rocher depuis lequel il observe l’ancien chevalier.
Lancelot: On va attendre combien de temps comme ça?
Méléagant: Détendez-vous! Qu’est ce que vous pensez de tout ça?
Lancelot: De tout quoi?
Méléagant: Tout ça! (il désigne l’horizon d’un geste de la main)
Lancelot: Rien de spécial.
Méléagant: Vous avez raison, tout ça n’est rien! Absolument rien! Il y a peu de temps quelque chose a fait boum! Voilà, nous sommes sur une toute petite miette expulsée par ce boum, qui dérive et tournicote sur elle-même, en attendant sa fin, proche! Sur cette miette, de tous petits organismes gesticulent! Ça naît, ça vit, et ça meurt! Tout cela n’a aucune conséquence.
Lancelot: Et Dieu dans tout ça?
Méléagant: Laissez tomber vos vieilles idoles mon ami. Débarrassez-vous de ce ringard. Eveillez-vous!
Lancelot: Si la vie ne vaut rien la vôtre non plus hein!
Méléagant: La mienne… Je dirais que ma vie ne représente pas la période la plus captivante de… mon existence. Je dois faire une petite expérience, j’ai besoin d’un cobaye. En ce moment un voyageur arrive ici. Vous l’attendrez et vous le tuerez! Je vous expliquerai le reste après! (il part)
Lancelot: C’est un test, c’est ça? (pas de réponse) Vous croyez que je le sais pas que la vie ne vaut rien? Vous allez voir ce que je vais en faire de votre voyageur moi! (furieux)
***
Léodagan: Qu’est ce qu’ils veulent là les touristes, mon portrait?! C’est interdit de stagner dans le couloir de la chambre du roi! On pourrait vous soupçonner de conspiration et vous mettre de la ferraille dans le bide! Avouez que ça serait dommage! Alors DÉCARREZ! (les deux inconnus s’enfuient, terrifiés)
Arthur: Bon dieu de bon dieu mais qu’est ce que c’est que ce bordel? Sur qui vous gueulez encore?! (en bonnet de nuit, sort de sa chambre)
Léodagan: Oh écoutez tous ces guignols moi je peux pas les sentir!
Arthur: Mais trois sur quatre ils parlent pas la langue! Arrêtez de nous péter les oreilles!
Léodagan: Ah excusez-moi mais j’aime pas les nouvelles têtes, ça me scie les nerfs!
Arthur: Bon de toute façon demain ils foutent le camp parce que aujourd’hui c’est le dernier jour des essais, voilà. (Ils commencent à rentrer dans leurs chambres et Arthur réapparaît brutalement dans le couloir) Ah hé hé hé, hé! Vous l’avez fait votre essai vous? Je suppose que ça fait un moment.
Léodagan: De quoi?
Arthur: Quand est ce… De quoi. Quand est ce que vous avez essayé de retirer Excalibur du rocher? Le premier jour à tous les coups.
Léodagan: Mais euh qui vous dit que j’ai essayé?
Arthur (blasé): Vous avez pas essayé?
Léodagan: Si. Par acquis de conscience. N’empêche que j’aime pas bien vos insinuations. (Ils rentrent tous les deux dans leurs chambres, et en ressortent en même temps pour se fixer en chiens de faïence.)
***
Calogrenant: Hé qu’est ce que vous faites là vous?
Galessin: Qu’est ce que vous croyez que je fais de particulier? La même chose que tout le monde.
Calogrenant: Mais vous êtes pas déjà venu avec Loth?
Galessin: Possible. Je me souviens plus de tout.
Calogrenant: Alors vous vous essayez deux fois?
Galessin: Quoi deux fois?
Calogrenant: En tant que traître, vous auriez pas dû essayer du tout déjà. Alors deux fois, vous croyez pas que vous abusez un peu non?
Galessin: Non mais de quoi j'me mêle? Si vous êtes si fidèle à Arthur, pourquoi est ce que vous êtes venu essayer, vous aussi?
Calogrenant: Mais déjà je vous emmerde, et d’une. Et de deux qui vous dit que j’ai essayé?
Galessin: Et qu’est ce que vous êtes venu faire alors? Sans indiscrétion? Arracher les mauvaises herbes?
Calogrenant: Je suis venu pour surveiller, avant tout. Et oui, j’ai essayé. Par respect pour la tradition je vous ferais dire. Et je vous signale que le roi Arthur trouve tout à fait normal que ses sujets les plus fidèles viennent tenter leur chance. C’est une preuve de respect.
Galessin: Hé ben voilà! Moi je fais preuve de respect. Alors foutez-moi la paix et retournez glander à Kaamelott.
Calogrenant: Ah mais attendez, quand vous êtes venu avec Loth il vous a pas laissé essayer, c’est ça? Comme vous êtes sa petite gonzesse personnelle, vous avez pas le droit!
Galessin (lâche l’épée et fait face à Calogrenant, hors de lui): Il veut un coup de tête dans le pif de la part de la petite gonzesse personnelle ou il a ce qu’il faut? (Calogrenant est un peu refroidi)
***
Lionel marche en direction de Kaamelott. En chemin, il est attaqué par Lancelot, qui le propulse à terre.
Lionel: Arrêtez, arrêtez, je ne porte aucun objet de valeur, arrêtez.
Lancelot: Taisez-vous imbécile. Vous me prenez pour un détrousseur à la petite semelle? Vous savez pas à qui vous avez affaire?
Lionel: Mais comment le saurais-je?
Lancelot: Vous êtes tombé sur le mal, abruti. Le mal, le vrai, et son cortège d’absurdités. Vous allez mourir, pour rien, vous m’entendez? Pour rien, parce que, aujourd’hui, c’est sur vous que ça tombe. Voilà c’est tout. Alors vous pouvez hurler, hurler tant que vous voulez, rien n’y fera. Tout ceci n’a aucun sens. Tout ceci n’a aucun sens! (il agrippe Lionel par le col)
Lionel: Attendez! Je suis un bourgeois. Si vous me laissez partir, je peux vous faire envoyer des tas d’argent.
Lancelot: Non mais je vous parle d’une absurdité bien pire que celle de l’argent, je vous parle de l’absurdité gratuite, j’ai que faire de votre argent. Je suis Lancelot du Lac, le chevalier errant. Je n’ai ni biens ni famille. Et je tue sans raison, voilà.
Lionel: Lancelot du Lac?!
Lancelot: Oui, lui-même.
Lionel: Mais, je suis votre cousin!
Lancelot: Quoi?
Lionel: Oui, je suis votre cousin, je suis Lionel de Gaunes, le frère du seigneur Bohort. Nous, nous sommes cousins!
Lancelot: Lionel de, de Gaunes?Qu’est ce que c’est que ce cirque?
Lionel: C’est la vérité! Mon frère m’a demandé de lui rendre visite à Kaamelott pour y devenir chevalier de la Table Ronde.
Lancelot: Vous vous foutez de moi?! (il s’éloigne de Lionel, qui terrifié, se trouve toujours à terre)
***
Entourée de ses dames de compagnie, Ygerne contemple les nombreux prétendants à la couronne, qui se pressent pour tenter de retirer Excalibur du rocher.
Ygerne: Allez-y! Défilez, les petites fourmis. Mettez-vous bien en rang. Venez mesurer votre risible destin à celui des Pendragon. Venez constater la navrante insignifiance de vos existences. Vous avez pensé que les dieux allaient enfin reconnaître en vous le souverain que personne n’avait vu? Vous alliez enfin donner au monde le spectacle de votre événement? Quel roi suis-je? Un roi sévère? Un roi conquérant? Vous n’êtes rien. Rien! Vous retournerez chez vous comme vous en êtes partis! Anonymes! Paisiblement, mon fils viendra reprendre ce qui est à lui, et vous mettrez un genou en terre. Et vous baisserez les yeux. Et vous jurerez fidélité. Car c’est tout ce qu’il vous reste!
***
Lionel (s’enfuit): Merci! Merci!
Lancelot: Foutez le camp, imbécile! Et ne revenez jamais ici!
Méléagant (marche en direction de Lancelot, glacial): C’est étonnant, plus je vous observe, plus je me dis que en fin de compte, vous valez pas un clou.
Lancelot: C’est mon cousin! Vous le saviez? Ah vous le saviez c’est ça? C’est encore un de vos coups tordus?
Méléagant: Non je savais pas, et même si je l’avais su, ça aurait rien changé.
Lancelot: Bah je tue pas mon cousin!
Méléagant: Pourquoi pas? Sa vie est tellement inepte que celle des autres?
Lancelot: Non mais je tue pas mon cousin.
Méléagant: C’est regrettable.
Lancelot: C’est regrettable peut-être mais c’est comme ça! J’ai encore quelques restes de mes premières valeurs!
Méléagant: Vous aurez à coeur de vous en débarrasser dans les plus brefs délais.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb