Salle de bain royale. Mevanwi entre, un air froid sur le visage.
Mevanwi: Ca fait une heure que je vous cherche.
Karadoc: Bah vous aviez qu’à chercher ici.
Mevanwi: Qui c’est celle-là? (désigne la jeune femme dans la bassine)
Karadoc: Une nouvelle. Vous voyez je l’ai choisi blonde. Enfin, pas blonde blonde parce que ça ressemble trop à vous ça me gonfle, mais, vous trouvez pas que ça me va bien au teint?
Mevanwi: Dites, heu, y a quelque chose que je ne comprends pas très bien sur le registre de la réunion de tout à l’heure.
Karadoc: Mais heu, en quoi la réunion de tout à l’heure vous concerne puisque vous y êtes pas?
Mevanwi: Ca me concerne qu’il y a une erreur et que vous devriez demander à votre grand pignouf de prêtre de se concentrer sur ce qu’il écrit au lieu de se curer le nez! (Karadoc regarde ailleurs, excédé) Il a mis Arthur présent à la réunion!
Karadoc: … Mes sentinelles et mes espions m’ont confirmé qu’Arthur est sur la route de retour à Kaamelott. Si ça se trouve à l’heure qu’il est, il est déjà arrivé. (sa femme se décompose, stupéfaite)
Mevanwi: Et vous, vous l’invitez à la Table Ronde?
Karadoc: Je suis roi. Je fais ce que je veux de ma Table Ronde! Et pourquoi pas inviter un chevalier expérimenté qui l’a déjà présidé lui-même il n’y a pas si longtemps.
Mevanwi (secoue la tête, sonnée): … Mais…. Mais c’est Arthur!
Karadoc: Je suis désolé, j’ai évoqué la chose tout à l’heure avec mademoiselle, ça a pas eu l’air de la choquer plus que ça. (mouvement de tête vers sa maitresse, qui demeure impassible)
Mevanwi: Donc, vous confirmez?
Karadoc: Je confirme, que plus je fréquente de nouvelles femmes, plus je constate que vous êtes une emmerdeuse premier choix. (Sonnée, Mevanwi sort de la pièce. Karadoc secoue la tête avant de s’adresser à sa maîtresse.) Qu’est ce qu’on disait? (sourit) Ah oui. Le magret de canard. (il continue de fixer la porte, le regard dur)
***
A table. Guenièvre jette de fréquents coups d’oeil à son mari, qui semble mal à l’aise sous son regard avisé.
Guenièvre: Vu votre tête je suppose que ça ne s’est pas très bien passé.
Arthur: Pas très bien non.
Guenièvre: Et les jumelles?
Arthur: Ni les jumelles, ni personne. (sa femme est déçue)
Karadoc: C’est vrai que vous avez pas l’air dans votre assiette. Vous voulez pas manger un bout?
Guenièvre: Y a eu quelques petits chambardements pendant votre absence… (Perceval la fixe)
Perceval: Vous voulez pas faire un saut au rocher pour essayer de retirer l’épée des fois?
Arthur: Non.
Mevanwi: A quoi ça servirait puisque ça marche pas… (Guenièvre la regarde, choquée)
Perceval (désigne Mevanwi du doigt): Ah! Je me disais, y avait longtemps qu’on avait pas entendu la coconne!
Karadoc: Moi! Entre Excalibur et la couronne je préfère la couronne… (s’en saisit)
Perceval: Moi je la trouve trop balaise. (son ami la repose) Non non je vous assure hein, ça vous fait une grosse tête de veau.
Mevanwi: D’ailleurs on sait toujours pas à qui elle a appartenu? (à Karadoc)
Guenièvre (à son mari): Et ça vous dit rien à vous cette couronne? Vous qui connaissez bien les anciens rois.
Karadoc: Sachant que c’est Loth qui en avait fait cadeau, au départ.
Arthur (interrompt Karadoc): C’est une jatte.
Mevanwi: … Pardon?
Arthur: C’est pas une couronne, c’est une jatte.
Mevanwi: Qu’est ce que vous racontez? (se penche vers le roi)
Arthur (s’en saisit, contient son exaspération): … C’est une jatte heu, ça se présente comme ça (la met dans le bon sens), c’est une très belle jatte, très jolie, ça reste un magnifique cadeau, simplement (met de la carcasse de viande dedans), c’est une jatte. (tout le monde reste coi)
***
Devant la porte menant à la salle de la Table Ronde.
Lionel: Ah si nous avions la conviction que ces réunions mènent à quelque chose…
Léodagan: Oh, tenez, j’aime mieux me taire… (adossé contre le mur)
Maître d’armes (se dirige vers les deux hommes): Ah! Alors les croquants, on vient se faire un petit coup de Table Ronde?
Léodagan: Oh et puis ça je crois que c’est le bouquet. (fixe le vide)
Lionel: Vous pourriez avoir l'élégance de nous épargner vos sarcasmes… (Léodagan regarde le maître d’armes d’un air mauvais.)
Maître d’armes: Impossible! Rien que vos tronches au détour du couloir, on peut pas s'empêcher de se marrer comme un bossu! (rit franchement)
Léodagan: J’ai même pas le tonus de répondre, tiens. Plus voit rien.
Lionel: Vous pouvez remercier la chance de vous avoir épargné ça.
Maître d’armes (bras croisés): La chance n’a rien à voir là-dedans ma mignonne! Notre bon sire Karadoc m’a dit en personne, que, mes techniques de combat étaient dépassées depuis longtemps. (Léodagan lève les yeux au ciel) Et qu’il ne pouvait pas se permettre de coller un ringard à la Table Ronde! (Léodagan et Lionel se jettent un regard affligé) Vous pensez si je lui ai donné raison! (rit, avant de se retourner et de se retrouver nez à nez avec le roi) Sire! Mais… Vous êtes rentré? (ton beaucoup plus doux)
Lionel: Nous nous inquiétions tous!
Arthur (l’air ailleurs): On m’a dit de venir à une réunion…
Léodagan (ne comprend pas): Quoi vous aussi? (Lionel est stupéfait)
Maître d’armes (yeux glacials): Ah non, alors là ça devient grossier. (Léodagan détourne les yeux, agacé. Arthur regarde le maître d’armes et semble indifférent à ce qu’on peut dire de lui.)
Lionel (ne comprend pas non plus): C’est impossible, sire. (avec respect)
Arthur: Arrêtez de m’appeler sire. (agite la main en direction de son beau-père) J’ai pas tout compris en fait, vous êtes plus roi c’est ça?
Léodagan (soupire et cherche ses mots, tourne la tête vers Lionel avant de s’adresser au roi): Fin les choses ont pas mal changé, depuis votre départ. La situation est, disons heu… (ulcéré, lève les yeux au ciel)
Lionel: Inattendue?
Maître d’armes: Préoccupante?
Léodagan (amer): Ouais. J’aurais dis merdique moi. (A Arthur) Enfin, vous vous ferez votre propre idée… Hein. (sourire amer)
Il tourne brusquement les talons et rentre dans la pièce. Lionel et Arthur le suivent sans dire un mot. Le maître d’armes poursuit quant à lui son chemin. En passant devant la salle, il agite la main d’un air dédaigneux.
***
Karadoc: Nous accueillons aujourd’hui un nouveau chevalier à qui nous avons demandé de nous rejoindre… Le seigneur Arthur. (Le roi se tient assis entre les deux Gaunes, il refuse de prendre un siège. Il semble porter le poids du monde sur ses épaules.)
Lionel: Sire, c’est un peu gênant, prenez au moins mon siège.
Bohort: Si vous ne voulez pas être ici, rien ne vous oblige à rester sire.
Père Blaise: Hé si. Si. Il, est obligé. Parce que c’est la loi. Il, peut pas refuser.
Arthur (soupire): Arrêtez de m’appeler sire.
Karadoc: Le seigneur Arthur revient de mission, peut-être peut-il nous en, toucher deux mots?
Arthur: … Non. (amer)
Perceval: Non mais dites-nous juste si ça a marché. Soyez pas timide.
Arthur (tente de rester calme): Non, ça n’a pas marché.
Karadoc (désagréable): Ok. Pas de commentaires.
Perceval: Je vois que ça a encore bien avancé, cte semaine. Qu’est ce qu’ils ont foutu les héros, à part se gratter les doigts de pied?
Léodagan: Vous savez ce qu’ils vous disent, les héros?
Perceval: Ah ouais. Ca pour être désagréable, vous savez bien faire.
Kadoc: Ca suffit. Vous rendez la poulette. Sinon papi il va se mettre en colère.
Karadoc: Non mais c’est bon foutez rien! Le Graal il va vous tomber tout cuit, dans le bec, comme ça!
Perceval: C’est pourtant pas compliqué d’y mettre un peu de bonne volonté!
Karadoc: Seigneur Arthur, il paraît que vous avez traversé, la moitié du pays à pied! Vous croyez pas que vous auriez pu en profiter pour jeter un oeil non? Non non c’est, que pour sa gueule, c’est pour soi, pour soi, pour soi, tout le temps!
Perceval: Vous avez rien ramené? Même pas un petit renseignement? (Arthur fait signe que non)
Karadoc: Ah bah bravo. Et les autres, pas de nouvelles?
Hervé: Heu moi cette semaine j’ai rien foutu.
Léodagan: Vous voulez dire par rapport aux autres semaines?
Hervé: Aux autres semaines? Quelles semaines?
Calogrenant: Celles d’avant. (mal à l’aise et à bout de patience)
Hervé: Non. Celles d’avant non plus j’ai rien foutu.
Perceval: C’est pas possible ça, vous nous prenez pour des glands?!
Karadoc: Je vous préviens…
Arthur: Moi j’ai bâti une forteresse quand même.
Perceval: De quoi?
Arthur: Pour le Graal j’ai bâti une forteresse moi. Kaamelott ça s’appelle. J’ai été chercher des chevaliers dans tout le royaume. En Calédonie, en Carmélide, à Gaunes, à Vannes, au Pays de Galles (Léodagan arbore un visage dur), j’ai fait construire une grande table pour que les chevaliers s’assoient, ensemble. Je l’ai voulu ronde, pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve assis dans un angle, ou en bout de table. C’était compliqué, alors j’ai essayé d’expliquer ce qu’était le Graal, pour que tout le monde comprenne. C’était difficile, alors j’ai essayé de rigoler, pour que personne ne s’ennuie. J’ai raté, mais je veux pas qu’on dise que j’ai rien foutu, parce que c’est pas vrai. (silence de mort)
Perceval: Non mais sire, faut pas prendre ce qu’on dit au sérieux. Vous savez bien qu’on est des cons, nous. (dévisage le roi)
Arthur (secoue la tête, écoeuré): … Arrêtez de m’appeler sire. (regarde dans le vide)
***
Au lit.
Mevanwi: Vous pouvez arrêter de bouffer, et me raconter un peu ce qu’il a dit?
Karadoc: Ce qu’il a dit qui?
Mevanwi: Arthur.
Karadoc: Non mais honnêtement, il, il a pas dit grand chose. Il a pas l’air bien.
Mevanwi: Mais il était comment?
Karadoc: Comment il était comment?
Mevanwi: Bah je sais pas, il était heu… (cherche ses mots)
Karadoc: Comment il était habillé vous voulez dire?
Mevanwi (ferme les yeux, exaspérée): Mais non! Quel effet ça lui a fait de se retrouver autour de la Table Ronde sans la présider?
Karadoc: Bah déjà il s’est pris une chasse alors heu…
Mevanwi (choquée): Une chasse? Mais une chasse de qui?
Karadoc (mal à l’aise): Bah une chasse de moi. (sa femme le dévisage, les yeux écarquillés) Je m’excuse je sais que je devrais pas mais moi les mecs qui se roulent les pouces, ça me tape sur le système.
Mevanwi (sourit avant de reprendre un visage neutre): Et heu, qu’est ce qu’il a répondu?
Karadoc: Bah rien. Qu’est ce que vous voulez qu’il réponde, il sait bien que c’est moi qu’ait raison. Il part en voyage, il fait trois fois le tour de la Bretagne… Alors bon. Il rentre sans le Graal ok. Mais ça lui coûte quoi de ramener une petite tomme de pays ou un saucisson. Hein? (Mevanwi lève les yeux au ciel. Karadoc continue de manger, silencieux.)
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb