PROLOGUE - INT. LA TAVERNE
Karadoc et Perceval sont au comptoir de l'auberge du coin, en train de parler au tenancier.
TENANCIER: Entre les taxes, les routes enneigées, les postes de frontières qui bloquent les livraisons, les bagarreurs qui viennent me dévaster la cabane deux fois par semaine... J'étais déjà colère, mais là... Je crois que j'ai atteint... (respiration) le paroxysme.
Karadoc regarde Perceval et lui fait un petit signe de tête.
PERCEVAL: Ouais, c'est pas faux.
Karadoc sourit et lève le pouce pour lui dire chapeau.
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GENERIQUE
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ACTE I - INT. LA TAVERNE
PERCEVAL: C'est quand même du velours cette botte secrète.
KARADOC: C'est imparable.
PERCEVAL: Un mot compliqué, tac, "C'est pas faux" et tout l'monde y voit qu'du feu.
KARADOC: Le gars qu'a pas beaucoup de vocabulaire, ça lui change la vie!
PERCEVAL: Ahh moi j'l'utilise quinze fois par jours au moins.
KARADOC (genre donneur de leçons, s'arrête de manger): Attention! Si ça s'remarque, après c'est foutu!
PERCEVAL: Ca s'voit pas!
KARADOC: Et dans les conversations où ya qu'des mots difficiles?
PERCEVAL: Bah j'arrête pas d'dire "C'est pas faux".
KARADOC (s'énervant légèrement): Nan, mais sans déconner, faîtes gaffe! Parce que si les gens pigent la combine, après on va vraiment passer pour des gros cons!
PERCEVAL: Bah si j'comprends pas l'mot?
KARADOC: Bon, pour pas épuiser l'truc, un coup en passant vous dîtes que vous comprenez pas l'mot.
PERCEVAL: Ah bon? On passe pas pour des glands?
KARADOC: Bah une fois d'temps en temps, faut s'dire, tant pis, aujourd'hui, je passe pour un gland.
Il recommence à manger.
PERCEVAL: Ouais, remarquez ça va, c'est pas comme si on passait pour des glands tous les jours.
Karadoc est en train de manger, il acquiesce de la tête.
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ACTE II - INT. SALLE A MANGER DU CHATEAU
Perceval est à table avec Arthur.
ARTHUR: Qu'est ce que vous voulez, ça fait pas plaisir de taxer hein. Si j'pouvais annuler toutes les taxes euh, j'le f'rais.
PERCEVAL: de toute façon faut pas les écouter les pécores, y sont jamais contents.
ARTHUR: Les taxes, c'est censé être utilisé pour les problèmes des paysans. Et quand on les entend parler, leur seul problème c'est les taxes. Y'a une vrai dichotomie là.
PERCEVAL: Ouais c'est pas faux.
ARTHUR: Puis finalement ça gueule mais ça s'fait quand même. Y s'révoltent mais y payent plus ou moins, nous on utilise les fonds plus ou moins à bon escient...
PERCEVAL: Ah c'est pas faux.
Perceval se remet à manger, léger silence. Arthur regarde Perceval.
ARTHUR: C'est à dire?
PERCEVAL: Quoi c'est à dire?
ARTHUR: Qu'est-ce qu'est pas faux?
PERCEVAL: bah c'que vous avez dit là, c'est pas faux.
ARTHUR (air dubitatif): Ouais... Toute façon faudra bien trouver un terrain d'entente, on peut pas avoir que des rapports belliqueux non plus.
PERCEVAL (mangeant un radis): Ouais, c'est pas faux.
Arthur lève la tête étonné et regarde Perceval qui ne se rend compte de rien.
ARTHUR: C'est pas faux...
PERCEVAL: Bah ouais.
ARTHUR: Mmm.
Arthur fronce les sourcils tout en continuant de regarder Perceval. Il prend une inspiration.
ARTHUR: Et vous êtes d'accord aussi pour dire aussi que... la définition même des taxes, et les critiques qu'elles soulèvent forment uneeee... dichotomie?
Petit silence, Arthur regarde méchamment Perceval et attend la réponse. Perceval est mal à l'aise et a arrêter de croquer ses radis.
PERCEVAL: C'est... Non je connais pas c'mot là.
Perceval recommence à manger. Arthur ne comprend pas. Air dubitatif.
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ACTE III - INT. SALLE A MANGER DU CHATEAU
Perceval dîne avec Angharad.
ANGHARAD: Ca m'fait bizarre quand même de dîner à la table des maîtres.
PERCEVAL: Ca risque rien, y sont en Carmélide.
ANGHARAD: Bah oui, mais s'ils le savaient, j'me prendrais une de ces danses moi!
PERCEVAL: Pas forcément! Vous êtes avec moi.
ANGHARAD: Vous avez raison, j'oublie que je dîne avec une des plus hautes autorités du royaume.
PERCEVAL: Euh vous savez, si Arthur me voyait bouffer à sa table, j'me prendrais une grosse tarte dans la gueule.
ANGHARAD: (regard subjugué ): Alors vous prenez des risque là.
PERCEVAL: Y sont en Carmélide et pis on fait de mal à personne.
ANGHARAD: Heureusement que j'vous ai, qu'est-ce que j's'rais moi sans vous? Un pauvre hère.
PERCEVAL (levant la tête): Ouais c'est pas faux.
Angharad a la mine déconfite, ne souriant plus. Petit silence, la domestique fronce les sourcils.
ANGHARAD: Vous savez je m'accroche pas à vous par désespoir.
PERCEVAL (ne comprenant rien): Ah bon?
ANGHARAD: (baissant les yeux): J'voudrais vous poser une question. Ca va vous paraître un peu osé, mais euhhh, y faut qu'je sache.
PERCEVAL: Allez-y.
Angharad prend une inspiration et se tient droite sur le tabouret.
ANGHARAD: Euh, j'voudrais être certaine qu'vous r'ssentez la même chose que moi... Seigneur Perceval, est-ce que oui ou non, tout comme moi, vous vivez une idylle?
PERCEVAL (fronçant les sourcils): Je connais pas c'mot là.
Perceval se remet à manger et Angharad est limite désespérée.
ANGHARAD: Vous voulez dire que nos sentiments divergent?
PERCEVAL: Ouais, c'est pas faux.
La domestique est déçue, elle croque dans un radis.
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GENERIQUE
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ÉPILOGUE - EXT. TAVERNE
Karadoc et Perceval sont à l'auberge.
PERCEVAL: C'est bien d'avoir affiné le truc, ça varie un peu.
KARADOC (regardant Perceval): Vous en avez eu besoin ces derniers jours?
PERCEVAL: Nan mais c'est dingue, y s'sont tous mis à me sortir des trucs de fou, j'avais l'impression d'parler à des bouquins. Alors là, boum, c'est pas faux, c'est pas faux, un coup de "j'connais pas c'mot là". Comme des cons ils étaient.
KARADOC (écoutant avec attention): Bien bravo.
PERCEVAL (voix off): Moi dans la vie j'avais deux ennemis, le vocabulaire et les épinards. Maint'nant j'ai la botte secrète et j'bouffe plus d'épinards.
FIN
Rédigé par Patitoun pour Kaamelott Hypnoseries