Arthur et Perceval sont assis à table et mangent.
Perceval : Je voulais vous dire : c’est sympa de réguler nos repas Sire.
Arthur ne réagit pas du tout.
Perceval : Vous répondez pas ?
Arthur : Non. Quand je comprends, je réponds pas.
Perceval : Qu’est-ce que vous comprenez pas ?
Arthur : Votre phrase.
Perceval : Jai dit : c’est sympa de réguler nos repas.
Arthur : Hum, ça veut rien dire, je réponds pas.
Perceval : Comment on dit alors ?
Arthur : Comment on dit quoi ?
Perceval : Que c’est sympa que nos repas soient réguliers alors que vous avez quand même du boulot.
Arthur : Ben vous dites ça, voilà.
Perceval : Réguler les repas, ça veut pas dire ça ?
Arthur : Non.
Perceval : Ah ouais. Non mais ça c’est quand j’essaie de faire des phrases pour vous.
Arthur : Essayez de faire des phrases pour vous déjà, on verra après le reste.
***
Générique
***
Perceval : Sire, j’aurais un petit service à vous demander.
Arthur : Je vous écoute.
Perceval : Je demande à vous, parce que j’sais que vous savez vachement bien expliquer les choses.
Arthur : (étonné et souriant) Ah bon ?
Perceval : Non rigolez pas Sire. Moi tous les trucs que vous m’avez expliqués, c’est là (désignant sa tête). C’est rentré, ça bouge pas.
Arthur : Et qu’est-ce que vous voulez que je vous explique ?
Perceval : En fait c’est pas vraiment pour moi. Il faudrait que vous m’expliquiez quelque chose pour que j’explique à quelqu’un d’autre.
Arthur : Tiens donc.
Perceval : Moi faut bien que je pige, comme ça derrière je peux transposer.
Arthur : Transmettre ?
Perceval : Ouais, c’est ça qu’on dit : transmettre aux altruistes.
Arthur : Transmettre à autrui.
Perceval : D’accord. C’est chaud quand même.
Arthur : C’est ça que vous voulez que je vous explique ?
Perceval : Non, non, non, ça déjà, c’est…c’est chaud.
Arthur : A qui est-ce que vous voudriez expliquer quelque chose ?
Perceval : A ma grand-mère. Parce que moi je vois bien à peu près ce qu’elle veut dire, mais elle arrive pas à le formater.
Arthur : A le formuler ?
Perceval : Ouais c’est ça. Alors je pensais à un truc : vous vous souvenez quand vous m’avez appris à tirer à l’arc ?
Arthur : Ah oui, oui, oui…je m’en souviens, oui.
Perceval : Ben voilà. C’était clair, j’avais tout compris.
Arthur : Quand je vous ai appris à tirer à l’arc vous avez tout compris ?
Perceval : Parce que c’était hyper simple.
Arthur : Mais, vous savez tirer à l’arc maintenant ?
Perceval : Ah ben j’ai pas réessayer depuis mais y’a pas de raison.
Arthur : La fois où je vous ai appris à tirer à l’arc, ça a duré une matinée complète, vous avez pété deux cordes, vous vous êtes foutu l’arc dans l’œil trois fois, dans mon œil à moi deux fois et vous avez fini par planter une flèche dans le cul d’un cheval derrière vous.
Perceval : Ah ben ouais mais après il faut un peu de technique. Mais c’était bien expliqué, c’est ça que je veux dire.
Arthur : Mais enfin je vous ai traité de gland toute la matinée, vous m’avez foutu les nerfs en biseau au bout d’un quart d’heure, vous avez pris des calottes par grappe de cinq, qu’est-ce que vous venez me chanter avec vos « bien expliqué » ?
Perceval : Ben en tout cas, j’ai tout compris. C’est comme le coup du demi-poulet.
Arthur : Quel demi-poulet ?
Perceval : Avant je disais qu’il fallait jamais commander un demi-poulet dans une auberge parce que ça gaspille une moitié de poulet à chaque fois.
Arthur : Ah ça…
Perceval : Ben après vous m’avez expliqué, j’avais tout compris. Ça gaspille pas en fait. Je sais plus comment ça marche le truc mais y’a une technique, en tout cas, ça gaspille pas.
Arthur : Bon, allez, qu’est-ce qu’il faut que je vous explique ?
Perceval : Non mais c’est pas pour moi.
Arthur : Non non, je sais, ça va, ça va, j’ai compris. Mais allez-y.
Perceval : C’est ma grand-mère. Elle a eu sept fils : mon père et mes six oncles. Comme elle va mourir dans les jours qui viennent, elle culpabilise, elle se dit qu’elle a pas toujours pris le temps avec ses enfants, elle voudrait leur expliquer qu’elle a fait ce qu’elle a pu et qu’elle les a toujours aimés.
Arthur : Eh ben mon vieux…
Perceval : Faudrait qu’elle leur explique un peu comme vous, bien dans l’ordre et tout. Comme ça ils comprennent bien. C’est fastoche ou pas ?
Arthur : Heuuu…là faut que je prenne deux minutes quand même.
***
Générique
***
Arthur : Si, à la limite il pourrait y avoir un truc, avec la nuit qui tombe
Perceval : La nuit qui tombe ?
Arthur : Ouais. Oui parce que la nuit qui tombe c’est inévitable, comme le décès de votre grand-mère, et la nuit qui tombe c’est évident, y’a pas besoin de le dire, tout le monde le sait, comme l’amour que votre grand-mère a toujours porté à ses enfants. Vous voyez le…Hum. Niveau intellectuel ils en sont où vos oncles ?
Perceval : Heu, c’est plutôt des cons.
Arthur : Votre père aussi ?
Perceval : Oula. (un temps) Ils vont rien piger ?
***
Noir
***
Arthur (off) : Ben c’est toujours un peu délicat de parler d’amour aux cons.
FIN
Rédigé par Aegor pour Kaamelott Hypnoseries