Guenièvre et Lancelot sont dans leur « lit », sous la cahute du camp de Lancelot.
GUENIÈVRE : ah tiens ! Aujourd’hui j’ai taillé un peu les branchages autour de la cabane parce qu’il y en avait drôlement b’zoin hein.
Lancelot ne répond pas absorbé par sa lecture.
GUENIÈVRE : et vous, vous me racontez pas vot’petite journée ?
LANCELOT (doucereux) : pour quoi faire ma mie ? La vôtre est déjà magnifique.
GUENIÈVRE : je sais pas si je préfèrerais pas l’époque où je me faisais carrément rembarrer en fait ...
Lancelot la regarde et sourit.
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Générique
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Lancelot et Guenièvre sont toujours au lit.
LANCELOT : mais qu’est-ce que j’ai dit ?
GUENIÈVRE: excusez-moi mais là y’ a de la relance sur le déjà-vu quand même, alors j’voudrais pas faire des comparaisons désobligeantes…
LANCELOT : en même temps c’est déjà bien amorcé !
GUENIÈVRE : je vais être franche, mon ami. Je nourris en ce moment à propos de notre relation de sérieuses réserves.
LANCELOT (surpris) : des réserves ?
GUENIÈVRE : pas sur le fond non, bien sûr, vous savez l’affection que je vous porte. Mais cette escapade, cette vie sauvage, cette réclusion, euh… je crains que la situation ne vienne altérer notre précieuse flamme.
LANCELOT : ah, pas la mienne !
GUENIÈVRE : bon bah, la mienne, mettons ! Oh, une sur deux c’est déjà pas si mal hein !
LANCELOT : si j’ai dit quelque chose de déplacé dites-le moi ! Il n’est rien qui ne se torde…
GUENIÈVRE : mais vous n’avez rien fait de déplacé. C’est un tout… vous travaillez tout l’temps, vous avez vos soucis, (empressée) mais j’vous reproche rien hein ! Mais je connais la rengaine, croyez-moi ! La dernière fois que j’étais avec quelqu’un qui travaillait tout l’temps, j’lui ai dit « j’vous reproche rien » 200 fois et la 201ème j’me suis tirée !
LANCELOT: ah oui mais ça n’arrivera pas ça avec moi.
GUENIÈVRE : ah tiens ! Et d’où tenez-vous ça ?
LANCELOT (très sérieux) : Arthur vous a laissée partir. C’est une faiblesse à laquelle on ne me prendra pas. Je préfère vous tuer de mes mains plutôt que de vous perdre.
Lancelot lui sourit et retourne à sa lecture.
GUENIÈVRE : celle-là en revanche on me l’avait jamais faite hein…
***
Lancelot et Guenièvre sont à la table du Roi Loth.
LOTH : bon bah alors, vous me racontez rien ?
LANCELOT (peu engageant) : qu’est-ce que vous voulez qu’on vous raconte ?
LOTH : Bah je sais pas euh… c’qui s’trame un peu dans votre forêt ?
GUENIÈVRE : en même temps, heu … dans la forêt, il se passe pas grand-chose hein... (elle mange un radis)
Lancelot la regarde.
LOTH : bon bah…votre voyage alors ? Vous avez fait bonne route ?
GUENIÈVRE : Hé bah…le…
LANCELOT (agacé): mais qu’est-ce que vous essayez de répondre ? La question est sans intérêt, on répond pas c’est tout.
GUENIÈVRE : ah bon ?
LOTH : non faites un effort quand même ! C’est déjà pas drôle de bouffer avec vous, vue la gueule que vous tirez, si vous dites rien en plus j’vais finir mon assiette sur la terrasse, au moins j’prendrais l’air…
LANCELOT : y’a rien qui vous empêche d’y aller sur la terrasse…
GUENIÈVRE (lui donne un coup dans les côtes) : oh non, quand même !
LANCELOT : j’suis déjà bien gentil d’accepter une invitation à déjeuner à 3 jours de marche du camp, avec tout le boulot qu’on a, j’vais pas en plus tenir le crachoir non ?
LOTH : ah c’est drôlement enrichissant de déjeuner avec vous hein ! On échange nos opinions,
LANCELOT : mon opinion, c’est que j’ai quitté Camelot parce que je supportais plus leurs réceptions interminables. J’comprends pas pourquoi j’suis obligé de remettre ça avec vous !
GUENIÈVRE (ragaillardie) : moi en tout cas, je m’sens pas dépaysée ! À Camelot, tous les midis, c’était sur ce ton-là ! (rit) y’avait de la vaisselle pétée un jour sur deux !
LOTH : moi, quand ma garce de femme est là, ça déménage pas mal aussi. Hier elle m’a fendu le tibia avec une amphore la salope !
GUENIÈVRE : ah !...
***
Générique de fin
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LOTH : la pire des choses que j’ai connues de ma vie c’est de bouffer avec ma femme ET mon fils. La dernière fois, cet idiot avait décidé de se trouver un surnom. On a passé une heure de repas avec sa mère à lui expliquer qu’il fallait pas qu’il s’appelle Gauvain, le Chevalier au Pancréas.
GUENIÈVRE : mais nous, pour Yvain, on a lutté contre le Chevalier au lion (minaudant) !
LOTH : Chevalier au lion (jaugeant) nous c’est : le Chevalier au Pancréas !
GUENIÈVRE : enfin on n’y est jamais arrivé !
LOTH : ah moi c’est pareil hein… Chevalier au Pancréas, maintenant, c’est fixé sur papier.
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FIN.
Rédigé par Chrismaz66