INTERIEUR, JOUR, SALLE DE THEATRE.
Bohort, dans un fauteuil, met en scène. Sur scène, Karadoc tient un chandelier et un vase. Quant à Perceval, il s'est saisi d'une pelle.
KARADOC : C'est quoi le début déjà ?
BOHORT : Mais c'est pas possible, ça fait cent fois que je vous le répète !
KARADOC : Oui, mais on sait pas lire nous, on peut pas avoir le papier dans les mains comme les autres !
PERCEVAL : Il faut tout qu'on y fasse de tête ! Alors c'est plus long !
BOHORT (lisant) : Les seigneurs Perceval et Karadoc se rencontrent dans les jardins de manière fortuite.
KARADOC : Les seigneurs Perceval et Karadoc se rencontrent dans les jardins…
BOHORT : Non ! C'est une didascalie, ça ne se prononce pas !
PERCEVAL : Ben voilà ! C'est bien ce que je disais : ça ne se prononce pas; Ça tombe bien parce que "de manière fortuite", j'arrive pas à le prononcer celui là.
BOHORT : …"de manière fortuite".
PERCEVAL : Ouais, ouais. Ben j'arrive pas à le prononcer, hein.
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Ouverture
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INTERIEUR, SALLE DE THEATRE, PLUS TARD.
Perceval et Karadoc continuent la répétition, dirigés par Bohort.
BOHORT : Si vous ne vous concentrez pas plus que ça, on ne sera jamais prêts pour la fête.
PERCEVAL : Faut que je dise ça ?
BOHORT : Non, ça c'est moi qui vous le dit, à vous.
PERCEVAL : Parce que vous jouez dans la pièce vous aussi ? J'ai rien bité moi.
Arrivant des coulisses, Arthur fait irruption sur scène, suivi par Mevanwi.
ARTHUR : Bon, non, non sans déconner j'en ai marre là ! Je suis désolé mais je peux pas faire ça toute la journée moi ! En plus de ça, je suis bien gentil de le lire, votre machin, avec le boulot que j'ai !
MEVANWI : Moi, c'est un peu pareil, hein, je trouve ça très sympathique, mais si ça vient à durer…
PERCEVAL : Mais c'est pas ça qu'ils doivent dire eux !
KARADOC : Mais ils ont le temps en disant "noble chevalier" ?
BOHORT : On… on reprend Sire.
ARTHUR : Mais attendez sans déconner, je l'ai pas lu le truc, hein, j'ai pas eu le temps. Mais, d'après ce que j'ai vu, j'y suis même pas dans les trois premières pages ! Vous pouvez pas répéter le début après, comme ça on fait là où je suis tout de suite ?
PERCEVAL : Attendez on va pas faire le début après, on va rien piger à l'histoire !
BOHORT : Sire, c'est bien que vous entendiez le début, puisque vous ne connaissez pas l'histoire.
ARTHUR : Je l'entend jamais le début, ça rame !
MEVANWI : Ca fait six fois qu'on reprend la même chose, on n'a jamais dépassé la première page.
KARADOC (déclamant) : Ah ! Dame Mevanwi ! La chevalerie n'est pas chose aisée.
PERCEVAL (déclamant) : Loin s'en faut par delà les collines.
BOHORT : Attendez, attendez ! On se remet en place pour le début. Allez, Sire, cette fois c'est la bonne !
KARADOC : Chut, j'entends quelqu'un qui approche.
PERCEVAL : En effet c'est notre bon roi Arthur.
BOHORT : Non ! Vous devez d'abord vous déplacer !
KARADOC : De quoi ?
MEVANWI : C'est pas possible ça !
ARTHUR : Je vous préviens, je me tire là !
BOHORT : Non, non, non, mais, attendez une seconde ! Perceval, vous devez vous déplacer à coté de Karadoc avant de dire votre réplique, sinon vous ne pouvez pas voir que c'est le roi qui arrive !
PERCEVAL : Ah ouais, ouais !
KARADOC : Et moi, je dis "chut j'entends quelqu'un qui approche".
PERCEVAL : Et moi, je me déplace vers lui, et après je dis le texte.
BOHORT : Voilà ! C'est parce que vous vous déplacez ver lui que vous voyez qu'il s'agit du roi. Allez on reprend !
ARTHUR : C'est la dernière fois, hein, je vous préviens j'en ai plein le dos !
BOHORT : Allez, en place, au début !
KARADOC : Chut, j'entends quelqu'un qui approche.
PERCEVAL : En effet ! C'est le bon roi Arthur !
BOHORT : Mais retournez vous !
ARTHUR : Mais c'est bon là, c'est bon ! Moi je me tire, je suis saoulé !
PERCEVAL : Mais c'est pas ça le texte, si ?
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Fermeture
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INTERIEUR, SALLE DE THEATRE, PLUS TARD.
MEVANWI : Ne sommes-nous pas allés un peu vite en besogne ?
ARTHUR : Peut-être devrions-nous renoncer à cette folle aventure ?
MEVANWI : Il nous faut faire montre de raison, ainsi…
ARTHUR : (à Mevanwi) Non ça va… deux secondes. (à Bohort) Là, vous étes en train de vous foutre de nous là, non ?
BOHORT : Que se passe t'il, Sire ?
ARTHUR : C'est de nous que vous parlez là !
MEVANWI : Ah, carrément oui !
BOHORT : Ah mais non, je vous ai dit, ce sont des héros grecs.
MEVANWI : Ah oui lesquels ?
BOHORT : Ah ben peu importe, on verra ça plus tard…
ARTHUR : Oui, bien sûr, alors Karadoc et Perceval ils jouent leurs propres rôles, et nous au milieu on fait des héros grecs. C'est complètement con !
MEVANWI : En plus, Perceval a dit "notre bon roi Arthur"…
BOHORT : Bon ben je me suis trompé. En fait, c'est "notre bon roi Mélénas".
Karadoc et Perceval entrent sur scéne en courant, "armés" de leurs accessoires.
KARADOC : Ah ! Arrière vilain sorcier !
PERCEVAL : Ah ! Toi et ta magie maléfique !
BOHORT : Mais non !
PERCEVAL : Mais quoi ?
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Noir
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BOHORT : Mais vous avez sauté dix-huit pages !
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Rédigé par Ubik3 pour Kaamelott Hypnoséries