INTERIEUR, JOUR, CHEZ CAIUS.
Arthur et Léodagan rentrent dans une pièce qui ressemble plus à une grange qu'à une maison. Un aquila, emblème vénéré de la légion romaine, traîne au milieu de la paille et des charrettes.
LÉODAGAN : Et voilà, il est pas là ! Qui c'est qui l'avait dit ? C'est bibi !
ARTHUR : Ouais non, ça va hein !
LÉODAGAN : Hmm, n'empêche que ça vous arrange bien…
ARTHUR : Ben, attendez, on veut voir Caius, on vient chez lui. C'est pas ma faute si il n'y est pas après.
LÉODAGAN : Ouais mais il y est jamais. Faites pas celui qui est pas au courant. Et puis ça vous arrange bien, parce que ce qu'on a à lui dire… vous osez pas lui dire en face, hmm ?
ARTHUR : N'importe quoi.
LÉODAGAN : Vous osez peut-être ?
ARTHUR : Parfaitement.
LÉODAGAN : Hé ben, je sais pas comment vous faites. Moi je pourrais pas.
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Ouverture
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INTERIEUR, CHEZ CAIUS, ENSUITE.
LÉODAGAN : Et vous allez formuler ça comment ? Que je me marre.
ARTHUR : Ben, je lui dirai, ben ce qu'on a dit quoi, qu'on envisage sérieusement de remettre en question le camp romain…
LÉODAGAN : Ah ben oui ! Comme ça ! Oui, euh oui… "qu'on envisage de remettre en question"… c'est sûr !
ARTHUR : Quoi, vous voulez que je lui balance qu'on va raser le camp, là, comme ça de but en blanc ?
LÉODAGAN : Si vous en aviez dans le slibard, c'est ce qu'il faudrait faire, oui.
ARTHUR (après réflexion) : Ok, je vais lui dire !
LÉODAGAN : Ah ben je sais pas comment vous faites. Moi je pourrais pas.
***
INTERIEUR, JOUR, CAMP ROMAIN.
Arthur entre dans une tente. Caius mange, allongé sur un lectus.
ARTHUR (à l'extérieur) : Ho, ho, c'est moi !
CAIUS : Entrez !
CAIUS : Ah, vous faites le salut romain vous maintenant ?
ARTHUR : Quoi, je l'ai fait là ?
CAIUS : Ah ben carrément !
ARTHUR : Je m'en suis pas rendu compte, c'est machinal.
Arthur s'allonge sur un lectus à côté et commence à manger avec Caius.
CAIUS : Ah, vous avez du mal à oublier vos vieilles petites habitudes, hein ?
ARTHUR : Ouais. Vous savez ce qui me manque le plus ? C'est de plus manger comme ça. Sur un trône, croyez-le, croyez-le pas, et ben, je digère pas bien.
CAIUS : Mais c'est évident. Même moi, quand je suis en seigneur breton, dans ma bicoque, ben dès que j'ai envie de casser la graine et ben, je me mets au plumard.
ARTHUR : Ah ouais.
CAIUS : D'ailleurs ça, je l'aurais bien ramené à la maison, mais vous allez encore croire que j'ai du mal à passer le cap.
ARTHUR : Attendez ! Si dans votre tête c'est bien clair que maintenant vous êtes breton, vous pouvez bien prendre tout le mobilier romain que vous voulez, j'en ai rien à secouer, moi.
CAIUS : Ah hmm, bon on verra.
ARTHUR : Et dis donc machin, tu fais péter du raisin, t'es gentil !
CAIUS : Mais qui c'est que vous appelez là ?
ARTHUR : Un grouillot…
Un soldat romain entre et apporte un plat rempli de raisin.
CAIUS : Bon ben ça va, fais pas la gueule non plus !
LE SOLDAT : J'ai rien dit.
CAIUS : Ouais mais t'allais dire.
Le soldat pose le plat et ressort.
CAIUS : Capricieux, hein ?
ARTHUR : Mais attendez, je comprend plus rien moi, je croyais qu'il restait plus que vous, que vous étiez le dernier romain sur l'île.
CAIUS : Moi aussi mais il était là lui. Je crois qu'il s'était perdu pendant une patrouille, quand il est arrivé tout le monde s'était barré du camp. Alors il est là maintenant, il est là hein… Il passe le balai une fois de temps en temps, mais bon il est un peu con, c'est pénible.
ARTHUR : Ah ouais ? (changeant de sujet) Ça fait bizarre un camp tout vide, hein ?
CAIUS : Non. Moi de mon coté, je me dis "j'ai plus à faire le troufion", sinon c'est vrai que c'est un peu triste.
ARTHUR : Vous croyez pas que… hein ?
CAIUS : Quoi ?
ARTHUR : Ben je sais pas… Est-ce que ça vaut bien coup de garder un grand machin comme ça tout vide ?
CAIUS : Bah ! Qu'est ce que vous voulez qu'on fasse ? On va pas le raser quand même ?
ARTHUR : Le raser ouais, le raser ce serait pas mal… (face à la mine attristée de Caius) : Non mais… putain, vous allez pas vous mettre à chialer, sans déconner !
De dépit, Caius lâche son morceau de pain.
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Fermeture
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INTERIEUR, TENTE DE CAIUS, PLUS TARD.
CAIUS : Bon sang, en quoi il vous gène ce camp ? Il dérange personne, il est vide !
ARTHUR : Beh, il est pas si vide que ça déjà, et moi j'ai dit a mon peuple qu'on était libéré de l'oppression romaine.
CAIUS : Oh, oh, oh ! "l'oppression romaine" ! Non mais c'est bon quoi, ça va, on a pas été salauds non plus, hein !
ARTHUR : Vous voyez, vous dites "on". Vous vous êtes pas encore mis dans la tête que vous êtes plus romain !
CAIUS : J'ai dit "on". J'ai dit "on", ouais j'ai dit "on". Tout à l'heure vous avez bien fait le salut romain, hein ! Alors la ramenez pas.
ARTHUR : Bon écoutez. C'est pas compliqué, on rase le camp. Ça vous empêchera peut-être d'y passer votre vie !
CAIUS : Mais j'y passe pas ma vie, j'y suis dans ma maison pourrie, les deux pieds dans la merde de poule ! Ça vous va ? (se radoucissant) mmm je… je veux bien qu'on rase le camp, mais pas tout de suite !
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Noir
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CAIUS : Vous me le laissez encore un tout petit peu, d'accord ?
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Rédigé par Ubik3 pour Kaamelott Hypnoséries