Bohort: Vous êtes en train d’envoyer ces jeunes gens au casse pipe! (Il fait les cent pas). Venez me dire le contraire!
Père Blaise: Qu’est ce que vous voulez que je vous dise, il faut qu’ils voient le roi aujourd’hui sans faute.
Bohort: Mais il est pas là le roi!
Père Blaise (moqueur): Voi-là! Le roi il est pas là! Donc il faut que vos petits protégés se déplacent…
Bohort: Leur demander de traverser la moitié du pays, avec les loups affamés par l’hiver, les bandits de grand chemin, et je ne sais quels autres embûches!
Père Blaise: Non mais attendez, c’est pas des chevaliers vos petits poulets?
Bohort: Ce ne sont pas mes petits poulets! Et oui ce sont des chevaliers et vous êtes censé leur témoigner le respect dû à leur rang!
Père Blaise: Oui, sauf que d’habitude les chevaliers n’hésitent pas à sortir l’hiver, sous prétexte qu’ils vont se faire attaquer par les loups… Enfin si, y a vous qui sortez pas l’hiver…
Bohort: Oui, mais moi, c’est pas tant à cause des attaques que du froid! (Père Blaise tape sur la table et roule des yeux d’un air dépité).
***
Gauvain: Mon dieu, mais c’est une catastrophe!
Yvain: On va carrément mourir quoi!
Bohort: Ce bougre de prêtre n’a rien voulu entendre…
Yvain: Mais c’est pas possible,mais, vous lui avez fait le coup des loups?
Bohort: Le, coup des loups?
Yvain: On avait dit qu’on essaierait de lui faire croire qu’il y avait des loups sur le chemin pour qu’il nous force pas à partir!
Bohort: Mais je lui ai parlé des loups mais…
Gauvain: Il a reniflé la combine! Ce prêtre n’est pas le dernier des futés!
Bohort: Attendez, les loups, c’est pas une combine, il y a effectivement une meute à proximité de la route que vous allez emprunter…
Yvain: Oooh, mais c’est quoi là?
Gauvain: Vous appelez ça un voyage?!Moi j’appelle ça un assassinat!
Bohort: Si il n’y avait que les loups, moi ce sont les bandits qui m’inquiètent le plus…
Yvain: Parce que les bandits c’est pas du flanc non plus?!
Gauvain: Mais, mais c’est pas possible!
Yvain: Mais c’est une pantalonnade là ou quoi?
Gauvain: On, on veut nous éliminer?!
Yvain: Une élimination stricte sangsue quoi!
Bohort: Je, je suis désolé.
Yvain et Gauvain le fixent tout en secouant la tête de gauche à droite.
Yvain: Ouais, vachement, ouais.
Bohort a l’air malheureux, de rage, Gauvain jette son bonnet par terre.
***
Yvain et Gauvain marchent dans la neige et contemplent avec crainte les environs car ils ont peur d’être attaqués. Gauvain entend un bruit et sursaute, il se tourne brutalement vers Yvain qui prend peur à son tour.
Gauvain: Vous avez entendu?!
Yvain: Non!
Gauvain: Alors pourquoi sursautez vous?
Yvain: Mais c’est vous, vous avez sursauté, ça m’a trop fait sursauter quoi.
Gauvain: De ce côté, je jurerais avoir entendu un grognement.
Yvain: Un grognement, non mais ça va pas de dire ça?
Gauvain: Mais c’est vrai!
Yvain: Un grognement de loup? Un grognement de bandit?
Gauvain: Ca fait comment un grognement de bandit?
Yvain: Ouais on s’en fout. On rentre. On pèle le chemin à rebrousse poil, et on expliquera que…
Gauvain: Non, non, non, on va pas refaire tout le chemin dans l’autre sens, maintenant faut continuer jusqu’au camp! C’est plus proche.
Yvain: Ouais mais la route qu’on a déjà faite, on sait que y a pas d’embuscades, devant c’est pas dit!
Venec (débarque avec une troupe de bandits): Comme quoi ça tient à peu de choses. Là on est devant vous mais vous faisiez trente pas de plus on était derrière! Vous passiez ce matin par exemple, on était aux commissions, vous passiez là tranquille…
Gauvain: Venec, mais c’est vous?!
Yvain: Comment vous nous avez trop foutu les jetons quoi...
Gauvain: Mais qu’est ce que vous faites ici?
Venec: Bah je suis en affaires dans le coin et vous? Vous êtes tous seuls?
Gauvain: Vous allez rire, mais quand on vous voit comme ça avec vos amis, on jurerait une troupe de bandits de grands chemins!
Yvain: Ah ouais maintenant que vous le dites, ouais.
Gauvain: Alors peut-être que vous allez nous attaquer…
Yvain: Ou nous battre avec des bâtons? (ils rient).
Venec: Alors non, non, non… (Il rit) Je peux pas, je travaille souvent pour le papa et pour le tonton, alors non, non, ce serait pas bon pour les affaires… Non, en revanche, bon, comme je peux quand même pas vous laisser partir comme ça, vous avez du pognon sur vous là?
Gauvain: Ah oui beaucoup, oui.
Yvain: Ah bah carrément. On a pris tout le fric qu’on a pu, au cas où on se fasse enlever, pour payer la rançon!
Venec (écarquille les yeux): Ah ouais! (d‘un air conspirateur) On va peut-être pouvoir s’arranger!
Les deux compères sont soulagés. Venec les fixe avec vénalité, il est en train de les arnaquer et en est très content.
***
Gauvain: Quelle chance nous avons eu de tomber sur notre ami.
Yvain: Mais grave! Et puis hé! On a trop fait une affaire en fait.
Gauvain: Héhé! On la regarde encore?
Yvain (se retient avant d'acquiescer): Allez ouais! Allez! (Ils s’emparent d’un coffre recouvert de peau de bête, qu’ils retirent afin d'ouvrir l'objet). Hé, même, même le coffre il est mortel! (Gauvain approuve. Il s’empare d’une couronne en fer qu’il présente à Yvain).
Gauvain: N’est-elle pas magnifique?
Yvain: Comment elle pête!
Gauvain: Il nous en a coûté tout notre or mais je ne le regrette pas.
Yvain: Et puis vous avez vu ce qu’il a dit, normalement ça coûte le double!
Gauvain: Maintenant que nous allons fonder notre propre clan, nous avons une couronne à porter comme signe distinctif!
Yvain: Et qui c’est qui va la porter? Chacun son tour? En bi alternance?
Gauvain (au comble de la joie): Je sais pas!
Yvain: Ah … Vous la voulez pour vous tout seul c’est ça?
Gauvain (choqué): Mais non…
Yvain: Non mais super, non, portez la tout seul hein, le truc de gamin, j’y crois même pas quoi.
***
Léodagan: Qu’est ce qu’ils foutent, mais qu’est ce qu’ils foutent…
Arthur: Ils ont dû partir tard, vous savez bien qu’ils ont pas la notion des distances.
Léodagan: Mais, ils ont la notion de rien. Même la notion de la menace que représente mon pied au cu, ils l’ont pas. C’est désespérant.
Arthur: Vous avez peur qu’il leur soit arrivé quelque chose?
Léodagan: Ah non mais, je sais bien que c’est vous qui avez raison, il faut bien les lâcher tôt ou tard sur un sentier la nuit.
Arthur (le dévisage): Ah, non mais dites, moi je suis pas responsable de ça, qu’on soit bien d’accord.
Léodagan (stupéfait): C’est pas vous qui leur avez demandé de venir ici?!
Arthur: Si mais de jour. Si ils arrivent de nuit c’est qu’ils ont dû merder quelque part, c’est pas parce que je leur ai demandé.
Léodagan (dépité): Oh non, non mais alors, ça devrait être interdit de faire des enfants! Ils vous emmerdent quand ils sont là, quand ils sont pas là… Bah vous qu’en avez pas, vous pouvez pas savoir à quoi vous avez échappé! (Arthur a soudain l’air profondément triste).
Yvain: Père!
Gauvain: Mon oncle!
Léodagan: Bon dieu, mais qu’est ce que vous avez foutu! Vous avez juré de nous faire tourner zinzin ou quoi?!
Yvain: Vous pouvez pas savoir comment on est trop joisse d’être là!
Gauvain: Mon oncle, saurons nous vous narrer notre palpitante épopée, avec le brillant qu’elle mérite!
Arthur: Ben heu, c’est à dire vous avez fait le voyage de Kaamelott jusqu’ici quoi c’est pas ça?
Yvain: Sisisisi, c’est carrément ça. Si.
Gauvain: Mais nous étions loin de nous douter, en partant ce matin, que le sort nous réservait nombre de ses plus vilaines embûches!
Yvain: Pour démarrer, on s’est fait attaquer par des bandits.
Silence. Arthur et Léodagan se fixent, effarés.
Léodagan (inquiet): Et qu’est ce qu’ils vous ont pris?!
Yvain: Mais rien!
Gauvain: Au contraire, c’est nous qui leur avons racheté une pièce de leur butin pour seulement la moitié de sa valeur.
Yvain: On a fait une affaire.
Léodagan: De quoi?! (ne comprend rien).
Arthur: Ouais alors attendez, parce que bon vous êtes arrivés jusqu’ici sains et saufs, c’est déjà ça de pris, seulement il faut qu’on s’occupe de nos petites affaires maintenant, parce que Léodagan et moi, on se lève au aurores.
Léodagan: Avec vos conneries, on va être frais demain. (agacé).
Gauvain: Est-ce que nous devons nous lever aussi mon oncle?
Arthur (regarde Léodagan qui ouvre grand les mains et le dévisage d'un air interrogateur): Bah heu, justement non!
Léodagan (parle lentement): Non, nous on est ici pour une mission militaire bien précise.
Arthur: Si ce soir on confirme la fondation de votre clan autonome, de fait vous n’avez plus à suivre mes ordres. Enfin plus ceux-là en tout cas.
Yvain: Attendez je comprends pas là.
Gauvain: Est-ce que vous insinuez que si nous fondons un clan autonome, nous ne faisons plus partie de Kaamelott?
Yvain: Qu’on est plus censés y habiter non plus!
Gauvain: Ouais! On va peut-être se retrouver dehors, à courir les chemins comme des mendiaants… (Ils rient bêtement).
Arthur: Baah c’est à dire, moi je vous laisse vos chambres un petit moment le temps de vous retourner mais à terme, vous foutez le camp, bien sûr.
Léodagan: Vous êtes autonomes, quoi.
Arthur: Voilà.
Gauvain ouvre grand la bouche. Il a l’air horrifié.
***
Mevanwi se déplace dans l’atelier de Merlin et Elias. Elle pose un flacon sur une table, et sursaute lorsqu’elle aperçoit Merlin.
Mevanwi: Bah, vous êtes encore debout, vous? Qu’est ce que c’est que ces fringues pourries?Vous êtes déguisé en quoi?
Merlin: Si c’est ma robe merdique qui vous manque, je l’ai foutue en l’air avec le reste, vous pouvez la récupérer dans le tas de merde devant la porte!
Mevanwi: C’est quoi tous ces trucs? Vous partez en voyage?
Merlin: Qu’est ce que ça peut vous faire, vous voulez préparer un casse croûte?
Mevanwi: Vous voulez pas me dire?
Merlin: Qu’est ce qu’il y a?Mossieur Elias de Kellewich est en retard pour donner sa leçon à madame, alors il faut faire la conversation à madame pour pas qu’elle s’ennuie?! Si vous voulez du potin, en voilà: Merlin fout le camp!
Mevanwi: Merlin fout le camp?Mais, mais où il fout le camp?
Merlin: N’importe où, pourvu qu’il entende plus jamais parler des pennes zizis de Kaamelott! Il se tire, et son pseudo costard de magicien blanc à la con, il le largue, retour aux sources! Et maintenant barrez-vous! Allez décarrez, je veux voir personne, allez hop!
Mevanwi part rapidement, mal à l’aise.
***
Léodagan: Hé bah vous en tirez des tronches! Qu’est ce qu’il y a qui va pas?
Arthur: Ca y est, votre clan est fondé tout ce qu’il y a de plus officiel, y a plus qu’à ratifier par écrit.
Yvain: Non, non, c’est super. Et donc Kaamelott…
Léodagan: Vous avez plus rien à y foutre.
Arthur: Sauf pour les réunions de la Table Ronde, si vous voulez continuer à y participer. Enfin je suppose que non, parce que c’est le matin et vous aimez pas vous lever tôt.
Yvain: Tout de même une chose me turlupine, où allons nous vivre?
Léodagan: Ah bah on est censés vous céder un petit bout de terre, normalement, comme pour tous les clans.
Arthur: On va essayer de trouver quelque chose de pas trop toc.
Yvain: Je vais peut-être dire une grosse connerie, mais si vous nous cédez un bout de terre, pourquoi vous nous cédez pas une chambre à Kaamelott?
Arthur est atterré. Léodagan fixe un point imaginaire devant lui.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb
