Kaamelottite 12.03.2008

Kaamelottite

 

 

Son parcours…

On ne vous connaît pas encore très bien, pouvez-vous nous dire quel est votre parcours ?

J’ai fait l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) : 2 ans à Paris, puis un an à Lyon. Lors du compagnonnage des 3-8, où je représentais l’école, j’ai rencontré Nicolas Gabion et sympathisé avec lui. Mais je l’ai perdu de vue avant de le retrouver avec un immense plaisir sur Kaamelott.
J’ai ensuite voulu arrêter le théâtre en raison de l’ambiance et de la mentalité parfois trop élitiste du milieu. Mais je suis très intéressé par les disciplines de cirque : acrobates, clowns… car on peut participer à tout ce qui tourne autour du spectacle, et ne pas se cantonner à son domaine de comédien. J’ai alors envoyé un CV à la compagnie Jo bithume pour un spectacle de rue. Ils ont été surpris de ma candidature, mais j’ai tourné deux ans avec eux et le spectacle « Hello, Mr Jo ». On a fait environ une soixantaine de dates dans toute l’Europe. C’était parfois difficile mais l’ambiance était extraordinaire.
Parallèlement à la première année avec Jo bithume, Michel Dubois m’a proposé le spectacle « Encore des cadavres qui passent », avec Josée Drevon.
Puis en 2001, j’ai commencé à jouer avec « La fanfare » un spectacle musical de la compagnie Jo bithume. Là aussi, j’ai traversé toute l’Europe, la Chine, la Russie : 33 000 km entre avril et septembre ! Nous avons fêté notre 250ème cette année.
En parallèle de cette nouvelle expérience de rue, Michel Dubois a voulu donner un caractère artistique à l’administration du CDN de Besançon. Pendant 4 ans, jusqu’en 2004, j’ai joué des pièces (toujours avec Josée Drevon), j’étais en lien direct avec les relations publiques, et responsable du cycle de lecture « de verre en prose » ! Nous lisions dans un café très populaire, j’ai adoré. L’hiver, j’étais au chaud chez les bourgeois du CDN, et l’été je faisais la cigale avec « La fanfare », dixit Michel Dubois !
Avec toutes ces expériences, j’ai retrouvé le bonheur du métier.

 

 

Kaamelott et le personnage de Lionel…

Comment vous êtes retrouvé sur le tournage de Kaamelott ?
J’ai simplement été contacté par Alexandre Astier qui m’a demandé si je souhaitais participer à Kaamelott.

Vous êtes vous facilement intégré à l’équipe ?
J’en connaissais certains (Nicolas Gabion, Josée Drevon, et donc Lionnel Astier, Simon Astier…) et d’une manière générale, l’ambiance était très agréable, je suis arrivé dans une famille. Tous, les comédiens, mais aussi les techniciens, aiment ce qu’ils font.

Avez-vous des anecdotes de tournage ?
Tout va très vite. On arrive sur le plateau à 8h00, on reçoit les textes que l’on apprend pendant le maquillage, après s’être mis en costume. Alexandre fait une réunion de l’équipe pour nous expliquer comment ça va se passer. Il donne des informations techniques, mais pas tellement sur la psychologie des personnages. Nous sommes très libres sur l’interprétation et tout est une question de confiance. S’il dit ok, je sais que c’est juste par rapport à ses souhaits.
Sinon, dans la scène de la tourelle, quand je crie « mécréant ! » à Lancelot : cette réplique a été trouvé par Alexandre Astier sur le tournage, elle n’était pas prévue au départ. Quelqu’un a peut être dit ou fait quelque chose qui lui a brusquement donné cette idée.

Comment avez-vous découvert la légende arthurienne ? Vous êtes vous renseigné sur le Lionel légendaire ?
Je me suis un peu renseigné sur la légende et Lionel de Gaunes, j’ai lu Chrétien de Troyes. Mais j’avais peu d’info au départ.

Comment Alexandre Astier vous a décrit le personnage ?
Comme quelqu’un de couard. Mais rien de plus. Je me suis donc imaginé quelqu’un de réservé.
Quand Lionel arrive dans Kaamelott, lors de l’agression de Lancelot, on voit quelqu’un de peureux, mais qui essaye aussi de se défiler. Et au final, dans l’écriture d’Alexandre, on sent que c’est quelqu’un qui ne se laisse pas faire : j’aime bien quand il remballe le maître d’arme par exemple. On sent qu’il se permet ça car Léodagan est au pouvoir et juste à côté. Ce sont des détails très précieux qu’Alexandre donne dans ses textes sur le fonctionnement des personnages.

 

Comment décririez-vous les relations de Lionel avec son frère?
C’est une belle relation. Il y a un respect réciproque, une admiration aussi.

Mais on remarque pourtant des tensions entre Bohort et Lionel ? Est-ce que ça sera important pour la suite ?
Je pense que c’est dû à leur relation avec leur père : il semble préférer Bohort à Lionel. Il y a peut être un peu de jalousie. C’est une relation frère/frère, avec l’amour et la jalousie rassemblées. Je ne sais pas si ça sera important.

Quelles sont les différences entre Bohort et Lionel ? Lionel est-il le plus futé ? Le plus courageux ?
Bohort anticipe davantage les situations, alors que Lionel réagit de manière impulsive. Il est viscéral, soupe au lait : il monte vite, il ne se contrôle pas.
Dans la scène de la tourelle, par exemple, s’il tire sur Lancelot, ce n’est pas réfléchi. Il ne se passait rien jusqu’à présent, et là débarque quelqu’un. Alors il agit selon les ordres de Léodagan qu’il prend à la lettre : tirer sur tout ce qui bouge. Il ne vise pas Lancelot pour le tuer mais pour lui foutre la trouille, se venger de la trouille que Lancelot lui a fait subir. C’est un trait de caractère, une vengeance non calculée. En revanche, le fait que ça soit Lancelot lui a sûrement permis de franchir un cap.
Mais en-dehors de ces situations où il a du mal à se contrôler, il écoute, observe.

 

Comment pourriez-vous situer ou résumer votre personnage à quelqu’un qui n’aurait pas suivi le livre V ?
Lionel arrive à Kaamelott à la demande de son frère Bohort pour devenir chevalier. C’est quelqu’un de passif, un observateur, mais aussi soupe au lait.

Pourquoi Bohort voit-il en son frère un trouillard ?
Bohort est l’aîné, il joue un peu celui qui connaît mieux la vie, qui a plus d’expérience. Cette évolution du personnage de Bohort était entièrement voulue par Alexandre Astier.

Bohort a la phobie des lapins adultes, qu’en est-il de Lionel ?
Je ne sais pas du tout ! Ce serait une question à poser à Alexandre Astier !

Que faites-vous sur le trône du Roi au début de la deuxième partie du Livre V ?
Au début de la deuxième partie, c’est n’importe quoi à Kaamelott. Donc selon moi, il n’y a rien de réfléchi. D’ailleurs, Lionel ne sait probablement pas qu’il est assis sur le trône. Les autres, qui savent que c’est le trône du Roi, n’ont pas imaginé pouvoir s’asseoir dessus. Il restait une place, Lionel s’est donc mis là, naturellement, sans se poser plus de question.

Vous inspirez-vous du Bohort de Nicolas Gabion pour créer une sorte de cohérence made in Gaunes ? Avez-vous discuté avec lui des personnages ?
On n’en a pas parlé ouvertement. Mais je connaissais Kaamelott, et le personnage de Bohort, j’avais donc intégré le rythme. Et j’ai une complicité avec Nicolas, comme on se connaissait déjà, alors cela aide toujours à trouver naturellement une entente de jeu et de plaisir à jouer ensemble.
Et puis les costumes -la couleur verte, les boucs- et l’écriture -le « mécréant ! »- sont des éléments qui permettent de comprendre que Lionel et Bohort sont frères.

Quel autre personnage de la série vous aurait tenté ?
Aucun. J’adore certains personnages, mais parce qu’ils sont interprétés par leur interprète justement. L’écriture d’Alexandre Astier est liée au comédien, est en fonction des gens choisis.
En revanche, j’aurais beaucoup aimé jouer certaines scènes, voir Lionel dans certaines situations particulières. Mais ce n’est pas le propos : Kaamelott, c’est une histoire.

Vous reverra-t-on dans les prochains livres ?
Dans le livre VI oui. Après, je ne sais pas.

Lionel va-t-il jouer un rôle essentiel pour la suite ?
Je ne pense pas : Lionel est arrivé avec les nouveaux personnages qu’Alexandre Astier voulait intégrer dans Kaamelott. C’est un rôle important, riche par sa relation avec Bohort et Lancelot, mais je ne crois pas qu’il sera fondamental dans l’histoire. Mais c’est mon avis, je ne sais pas ce qu’Alexandre a prévu pour mon personnage!

Parlez-vous réellement avec cet accent bourgeois ?
A vous de me le dire !

 

Alors d’où vous vient cette façon de jouer comme dans les films d’Ivanhoé des années 50 ? C’est naturel, vous vous forcez ou AA vous l’a demandé ?
Lionel est un seigneur, un bourgeois. Je me suis donc amusé à faire des choses plus pointues. Et puis le rythme de l’écriture donne ce résultat : c’est un tout, un mélange. Mais je n’ai pas pensé à Ivanhoé !

 

Off prime…

Comment êtes vous arrivé sur le tournage d’Off prime ? C’est Kaamelott qui vous y a amené, ou le contraire ?
J’ai d’abord tourné Off prime. Mais j’avais été contacté avant par Alexandre pour Kaamelott. C’est Simon Astier qui a demandé que je soie casté pour le rôle du directeur de l’association « demain une eau pour ».

Comment s’est passé le tournage ? Avez-vous quelques anecdotes ?
Le tournage était difficile, c’était moins évident que sur Kaamelott. J’ai débarqué dans un contexte particulier, sans savoir réellement qui dirigeait. Je n’étais pas forcément très à l’aise, je n’ai pas vraiment osé faire de propositions. Je ne connaissais pas la série, et donc le type d’humour. Par exemple, je n’imaginais pas que le personnage se serait endormi de cette façon, à la fin de l’épisode.
En revanche, j’ai été agréablement surpris du résultat, notamment grâce au montage rythmé de Simon Astier.

 

 

Et pour finir…

Que préférez-vous faire : théâtre, télé?
Ce n’est pas le même métier. J’aime le théâtre, j’adore ce que je fais avec « La fanfare », c’est un spectacle qui a du sens. Mais le théâtre est parfois trop réfléchi. J’ai appris la relation avec la caméra, avec les gens du plateau : j’aime cette relation intime et je prends de plus en plus de plaisir. Mais il n’y a pas de relation avec le public. Je prends autant de plaisir avec l’un et l’autre. Tout ce que je veux, c’est faire des rencontres, travailler avec des gens qui veulent raconter une histoire avec moi.

Quels sont votre actualité et vos projets?
En dehors de Kaamelott, je continue de tourner avec « La fanfare ». On a un projet fou : partir au Brésil, faire quelques dates officielles, afin d’avoir le financement nécessaire pour jouer pour les enfants des favelas. Ensuite, on voudrait remonter l’Amazone, pour finir dans le théâtre de Manaos, au milieu de la jungle !
Du 9 mai au 8 juin prochain, je joue le Roi Créon dans « Médée » de Sénèque, mis en scène par Zackariya Gouram.
Puis fin novembre 2008, je participe à un spectacle, coproduit par le centre national de danse contemporaine d’Angers.

Quelle question ne vous a-t-on jamais posé et que vous aimeriez qu’on vous pose ?
Voudriez-vous retravailler avec Alexandre Astier ? Réponse : Oui, absolument ! Aussi bien pour son contact et sa gentillesse que pour l’intelligence de son travail.

12 mars 2008

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