L'ORATEUR
Dans la salle des doléances, Arthur et Léodagan reçoivent Guethenoc.
Guethenoc : C’est pas compliqué ! Les attaques saxonnes, dans quelques temps, y’en aura une par semaine ! Vous comptez faire quelque chose, ou on attend qu’ils aient génocidé la moitié de la communauté paysanne ?
Arthur : Alors, tout ce qu’on peut vous dire, c’est qu’on maitrise la situation.
Léodagan : On maitrise, on maitrise, heu…
Arthur : Et ben quoi, qu’est-ce qui y’a ?
Léodagan : Ben, j’sais pas ! On se prend raclée sur raclée, vous dites "on maitrise", moi je cherche !
Guethenoc : En tout cas vu de chez nous, vous maitrisez que dalle !
Arthur : Nan mais enfin, j’veux dire, euh… On gère !
Léodagan : On gère, on gère, heu…
Guethenoc : Vous gérez quoi ! C’est tout cramé ! Personne fout plus le nez dehors !
Arthur : Bon, disons que ça nous préoccupe, voilà !
Léodagan : Ouais, ça, ouais !
***
Générique
***
Dans une salle du château, Arthur se retrouve face à Père Blaise et Lancelot.
Lancelot (grave) : Les paysans sont en colère, Sire. C’est pas une blague !
Père Blaise : Moi j’vous le dis, ça sent la révolte !
Lancelot : Essayez de vous mettre un peu à leur place !
Arthur : Ah non ! Non merci non, sans façon !
Lancelot : Ils ont déjà une vie pas facile, mais les attaques incessantes par-dessus le marché, ils en peuvent plus !
Arthur (levant les yeux eu ciel) : Enfin ! Est-ce qu’on est bien sûr qu’ils exagèrent pas un peu ?
Père Blaise : Ah ben les Saxons, c’est bien leur genre de s’en prendre aux paysans.
Lancelot : Avancer jusqu’à la forteresse, ils osent pas trop encore, mais les fermes, alors là c’est la fête !
Père Blaise : Ils crament les cultures, ils bousillent les vaches !
Arthur (estomaqué) : Ils bousillent les vaches ?
Lancelot : Ils bousillent tous ce qu’ils trouvent : les vaches, les brebis… Même les poules !
Père Blaise : Nan mais c’est des gros cons les Saxons, faut pas croire !
Arthur : Ah non mais si, ah mais ça je sais, c’est sûr…
Lancelot : Bon, on va essayer d’organiser une défense un peu plus efficace. Mais vous de votre côté…
Père Blaise : Ouais ! Vous échapperez pas à un petit discours.
Arthur (soupirant) : Oh non, mais ça me gonfle les discours au peuple !
Lancelot : Ouais, mais ils ont plus confiance ! Il faut qu’ils nous entendent !
Père Blaise : Ouais ! Surtout dites pas de conneries, j’les sens bien à cran en ce moment…
Lancelot : Et comme ils vont être bien cinq mille devant la tribune…
Père Blaise : Préparez bien le truc, surtout !
Arthur : Oui, ben ça va ! Vous me prenez pour un manche ?
Père Blaise : Et à la fin oubliez pas, heu… Sortez Excalibur, ça impressionne toujours bien !
***
Sur une estrade. Arthur, accompagné de Calogrenant, Lancelot, Yvain et Gauvain, fait face aux paysans.
Arthur : La situation est préoccupante ! Les attaques incessantes de ces dernières semaines… Vous savez ce que ça veut dire "préoccupante" ou pas ? Non mais y a pas de honte, dites-le !
La foule commence à être en colère.
Arthur : Préoccupante ça veut dire qu’il y a de quoi se faire des cheveux, du souci. (mémorisant son texte, tout bas) la situation est préoccupante… (plus fort) Les attaques incessantes de ces dernières semaines nous ont laissé passablement affaiblis !
Des voix s’élèvent dans la foule.
Arthur (à Lancelot) : Non mais qu’est-ce qu'y a encore !
Lancelot : Ben c’est un peu chaud, là, pour eux !
Arthur : Quoi ? "Passablement" ou "affaiblis" ?
Lancelot : Pff… ! C’est un tout !
Yvain : Moi non plus, j’ai rien pigé !
Gauvain : Non, moi ça va ! Mais j’ai de nouveau oublié pour "préoccupante" !
Arthur (aux paysans) : Nous allons contre-attaquer ! Et nous allons contre-attaquer fort ! Le mal sera coupé à la racine !
De nouveau, des voix s’élèvent dans la foule.
Gauvain : J’aurais dit à la source, moi !
Yvain : La source sera coupée à la racine ?
Gauvain : Non ! Plutôt, plus comme…
Arthur (aux deux jeunes chevaliers) : Excusez-moi ! Vous pouvez fermer vos gueules ?
Lancelot : Bon, Sire, abrégeons ! Faites un effet de manche, et puis on part !
Calogrenant : Ah ouais ! Parce que si ça s’énerve en face, on va pas se la jouer, j’vous préviens moi !
Arthur (à la foule) : Vous avez peur pour vos frères ! Vous avez peur pour vos femmes ! Pour vos enfants ! Je vous promets, à tous, que les Saxons vont apprendre qu’ils ne sont pas chez eux sur l’île de Bretagne ! Et s’ils ne l’entendent pas, je m’occuperai de leur déboucher les oreilles… (Arthur sort Excalibur)… avec ça !!!!
La foule l’acclame.
Arthur (à Lancelot) : C’est quand même pas des flèches !
Arthur fait des signes à la foule et sourit.
***
Générique
***
Dans une salle du château, Arthur est face à Père Blaise et Lancelot.
Arthur (soupirant) : J’aime pas leur raconter des conneries, j’suis pas là pour ça !
Lancelot : Ouais… Mais de l’autre côté, on agit !
Père Blaise : C’est pas comme si on les enfumait !
Arthur : Et ça me tue que ça marche encore le coup de l’épée en l’air !
Arthur mime le fait de sortir l’épée.
Père Blaise : Y sont fiers de leur souverain ! Vous allez pas leur enlever ça !
Lancelot : Le moral est une arme de guerre, Sire. Vous le savez bien.
Arthur hausse les épaules.
Lancelot : D’ailleurs il faut que vous veniez parler aux soldats pour les encourager avant qu’ils partent !
Père Blaise : Et oubliez pas de sortir Excalibur à la fin ! Ca les impressionne bien !
Arthur (voix off) : Eux non plus, c’est pas des flèches !
Rédigé par Aelis pour Kaamelott Hypnoseries
LES COMPTES
Sur une estrade, Lancelot fait face à la foule. Il est accompagné par Arthur et Calogrenant.
Lancelot (à la foule en colère) : S’il vous plait ! S’il vous plait ! Si nous en sommes… Si nous en sommes réduits aujourd’hui à exiger ce nouvel impôt, ce n’est pas par cruauté ! Kaamelott se trouve dans la nécessité de faire appel à toute la communauté paysanne de Bretagne pour un projet capital !
Lancelot allait parler mais il se retourne vers Arthur. Devant eux, on entend des huées de la foule en colère.
Lancelot (à Arthur) : C’est pour quoi déjà ?
Arthur : Pourquoi quoi ?
Lancelot : Ben pourquoi est-ce qu’on a besoin de fonds ?
Arthur : Parce qu’on est raide !
Lancelot : Nan mais y’avait pas un autre truc, euh… Vous vouliez pas construire un… j’sais pas quoi…
Arthur : Non non non, ben non, j’veux rien construire.
Lancelot : Ah bon ! ben, j’croyais !
Calogrenant (souriant) : Oubliez pas de leur dire que ceux qui payent pas seront pendus !
Lancelot : Ah ouais… (à la foule) Alors, encore une toute petite chose !
***
Générique
***
Dans une salle du château. Père Blaise tient un parchemin dans ses mains. Arthur et Lancelot sont en face de lui, avachis sur leurs sièges, visiblement épuisés.
Père Blaise : Parce qu’en fait je… Si ça vous gonfle, on peut parler d’autre chose !
Lancelot : Mais c’est pas ça ! Mais vous venez trois fois par semaine pour nous parler d’argent ! C’est devenu une manie !
Arthur : Vous êtes inquiet, toujours inquiet ! Le pognon, ça rentre, ça sort, c’est jamais bien grave !
Père Blaise : Oui, oui oui ! Sauf que le nôtre il sort ! Mais il rentre pas ! Alors du coup, j’me suis dit que ça serait peut-être une bonne idée de s’inquiéter !
Arthur : Il rentre pas ? Attendez ! Entre les impôts, les tribus, les trésors de quête, venez pas dire qu’il rentre pas !
Père Blaise : Les trésors de quête ?
Lancelot : Rien que le bracelet que j’ai rapporté de la cave du Roi Félon ! Un bracelet en or, large comme ça ! Vous allez pas me dire que ça vaut rien !
Père Blaise : Mais il est où, ce bracelet ?
Lancelot : Ben dans la salle des coffres !
Père Blaise : Dans la salle des coffres ? Mais qui l’y a mis dans la salle des coffres ?
Lancelot : Mais je ne sais plus… Le Seigneur Léodagan, il me semble ! On a fait sac commun pour les autres bijoux !
Père Blaise : Evidemment, si vous descendez des trucs sans me le dire, j’vais avoir du mal à me faire une idée !
Arthur : Attendez ! Attendez une seconde ! C’est Léodagan qu’a descendu le sac ?
Lancelot : Ben j’suis pas sûr, mais y’a pas de raison ! C’est toujours lui qui descend tout… (s’énervant) Oh et pis j’en ai marre ! J’risque ma peau pour ramener des richesses, et personne sait où elles sont ? Et qu’est-ce qui va se passer le jour où on mettra la main sur le Graal ? On va le perdre aussi ?
Arthur : Ca va oui ? J’y suis pour quelque chose, moi, à votre histoire de bracelet ? Occupez-vous de vos affaires vous-même, au lieu de les confier à Léodagan !
Lancelot : J’ai confiance !
Arthur : Pff… En Léodagan ? Hé ben vous êtes pas futé !
***
Dans la salle des coffres. Arthur et Père Blaise sont avec Léodagan.
Léodagan : Hé ben ? Y’en a bien du blé ?
Père Blaise : Attention ! Tout ce qui brille n’est pas d’or !
Léodagan (tendant des pièces) : Et ça, c’est pas de l’or, ça ?
Père Blaise : Nan, mais… C’était pour dire qu’il faut pas se fier aux apparences ! Y’a pas tant de blé que ça !
Arthur : Ouais ! Bon alors, il est où ce bracelet ?!
Léodagan : Quel bracelet ?
Arthur : Celui que Lancelot vous a confié.
Léodagan : Lancelot m’a confié un bracelet ? Ah ben, première nouvelle !
Père Blaise : En tout cas, il a pas l’air d’être là !
Léodagan : Parce que vous voyez ça d’un coup d’œil, vous ? Ah ben chapeau ! J’croyais que ça rendait bigleux d’écrire !
Père Blaise : Il est pas dans mon inventaire !
Léodagan (moqueur) : Vous allez peut-être me faire croire qu’il est à jour, votre inventaire ?
Père Blaise : A peu de choses près, oui !
Léodagan : Mais vous savez pas combien y’a, et puis c’est tout ! Vous pleurnichez du soir au matin, soi-disant qu’y a pas un rond !
Arthur : Ouais, ben ça change pas le coup du bracelet, ça !
Léodagan : Mais vous allez me gonfler jusqu’à quand, avec votre bracelet ? J’vous dit que je l’ai jamais vu !
Père Blaise : Y’a pas que le bracelet, y’a le reste aussi !
Léodagan : Quel reste ?! Ah, attention, je sais pas ce que vous m’faites ! Mais j’ai pas une tête à chapeau, j’vous préviens !
Père Blaise : On ne vous accuse pas !
Arthur : Non, mais ça pourrait venir ! Est-ce que c’est vous qui descendez les sacs aux retours de quêtes ?
Léodagan : Ca m’arrive, oui ! Et alors ?
Arthur : Et alors vous descendez tout le sac, où vous faites une pause au milieu de l’escalier pour faire le tri ?
Léodagan : Quel tri ?
Arthur : Entre les trucs que vous me laissez et ceux que vous vous mettez dans les fouilles.
Léodagan (criant) : Mais c’est pas croyable d’entendre ça !
Père Blaise : On va peut-être se calmer un petit peu…
Léodagan : Des bracelets, je peux m’en payer deux cents, si j’ai envie !
Arthur : En plus de ceux que vous me piquez, vous aurez de quoi ouvrir une boutique !
Léodagan : Oh pis j’y crois pas…
Léodagan se jette sur Arthur. Les deux chevaliers s’agrippent et se battent.
Arthur (le poing levé) : Ça va partir…
***
Générique
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Dans la forêt. Lancelot se retourne plusieurs fois, pour être certain qu’il n’est pas suivi. Il sort de sous sa cape le fameux bracelet. Il s’approche d’un arbre, et à son pied, déterre un butin enveloppé dans un tissu, où il y a déjà d’autres bijoux. Il y ajoute le bracelet, et referme son butin, puis le ré-enterre.
Calogrenant (au loin) : Seigneur Lancelot ?
Lancelot : Ouais ! J’arrive !
Lancelot s’essuie les mains pour enlever la terre.
Lancelot (voix off) : J’arrive !
Rédigé par Aelis pour Kaamelott Hypnoseries