PROLOGUE
Dans la chambre du couple royal de Carmélide. Léodagan lit un parchemin, tandis que Séli dort. Soudain, on entend une voix d'homme qui crie à plusieurs reprises "FUMIER !", ce qui réveille Séli en sursaut.
SELI : Qu'est-ce que c'est que ça ?
LEODAGAN : Un prisonnier qui gueule !
SELI : Qu'est-ce qu'il veut ?
LEODAGAN : Pffff... Il dit qu'il est innocent euh...
SELI : C'est p'têtre vrai !
LEODAGAN : Ouai enfin, vrai ou pas vrai, quand on a un minimum d'éducation, on n'emmerde pas le monde à une heure du matin pour des problèmes personnels, point !
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GENERIQUE
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ACTE I
A la Table Ronde. Léodagan explique au roi et à Lancelot ses problèmes nocturnes.
ARTHUR : Comment vous dites qu'il s'appelle déjà ?
LEODAGAN : J'sais plus euh...
LANCELOT : Depuis combien de temps il est enfermé ?
LEODAGAN : Prrrr... alors là euh...
ARTHUR : Ouai, en gros vous savez rien quoi !
LANCELOT : Qu'est-ce qu'il y a marqué sur le registre ?
LEODAGAN : Bah rien euh....
LANCELOT : Comment ça "rien" ?
LEODAGAN : Mais rien, y'a... y'a rien de marqué !
ARTHUR : Mais comment ça s'fait ?
LEODAGAN : Mais parce qu'y'a jamais rien eu d'marqué sur le registre euh ! On dit "l'registre", histoire d'se... donner des airs, mais personne s'en ai jamais occupé d'ce machin !
ARTHUR : En gros, vous savez ni qui c'est, ni c'qu'il fout là !
LEODAGAN : Bah ça j'vous dirai, c'est bien pareil pour les autres.
LANCELOT : (scandalisé.) Mais c'est intolérable !
LEODAGAN : Si ils y sont, c'est qu'ils l'ont mérité d'toutes façons !
LANCELOT : Sire, il faut faire quelque chose !
LEODAGAN : Ah oui ! Parce que là toutes les nuits il nous emmerde, c'est devenu systématique !
ARTHUR : Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
LEODAGAN : Oh bah vous j'sais pas, mais moi j'abandonne hein ! J'ai tout essayé, les coups de fouet, lui couper la bouffe, la flotte euh... Pas moyen d'lui faire fermer sa gueule.
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ACTE II
Arthur et Lancelot sont descendus dans les geôles, afin de rencontrer le plaignant, qui se nomme Ferbach. Celui-ci est allongé dans une cellule, avec un vieux quignon de pain.
ARTHUR : C'est lequel ?
FERBACH : (crie.) Fumieeeeer !!!
LANCELOT : C'est celui là.
ARTHUR : (à Ferbach.) Quel est votre nom ?
FERBACH : Allez vous faire mettre !
LANCELOT : Vous êtes en présence du roi Arthur ! Surveillez votre langage !
FERBACH : Qu'est-c'que vous allez faire ? Me foutre au cachot ?
LANCELOT : Nous sommes ici pour vous écouter ! Vous devriez en profiter !
Ferbach tend son pain au prisonnier de la cellule de derrière.
FERBACH : Tiens, un brunchton, Tété... (Il se lève et s'approche de Lancelot et du roi.)
ARTHUR : Vous voulez vraiment pas nous dire votre nom ?
FERBACH : Ferbach.
LANCELOT : Et vous êtes détenu depuis combien d'temps ?
FERBACH : Vingt-deux ans.
ARTHUR : Vingt-deux ans ?!
FERBACH : Ouais bah ça fera vingt-deux ans au mois d'mai... Vous allez pas chipoter ?
LANCELOT : Et quel est l'motif de votre incarcération ?
FERBACH : Terrorisme et détention d'insectes.
LANCELOT : Détention d'insectes ?!
FERBACH : Ouais à l'époque j'avais des poux, j'ai pris trois jours de cachot.
LANCELOT : Et vingt-et-un ans pour terrorisme euh ?
FERBACH : Non, quatre ans. Ca faisait une peine de quatre ans et trois jours.
LANCELOT : Et les dix-huit de plus ?
FERBACH : Et, et... vous avez oublié d'me libérer !
ARTHUR : Vous avez jamais rien dit ?
FERBACH : Bah euh, au début non... Mais là merde euh, dix-huit ans, j'trouve qu'c'est exagéré !
LANCELOT : Bon vous inquiétez pas, on va vous faire sortir.
ARTHUR : (retient Lancelot.) Attendez! Attendez 'tendez 'tendez... Cette histoire de terrorisme là... Expliquez-nous un peu... comment ça s'est passé...
FERBACH : Vous... vous avez qu'à consulter l'registre !
LANCELOT : Nan... mais ça on peut pas, ça on...
ARTHUR : Si... si on pourrait, mais simplement c'qui nous intéresse c'est...
LANCELOT : On voudrait... confirmer votre euh... prestation, pour comparer...
ARTHUR : Oui, voilà !
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ACTE III
Toujours dans les geôles. Ferbach explique au roi et à son ministre en quoi consistait sa vie de terroriste.
FERBACH : A l'époque tout c'qu'on voulait, c'était la peau d'ce fumier d'Pendragon....
LANCELOT : (sèchement.) Pendragon était le père du roi !
FERBACH : (au roi.) Pardon... Excusez-moi...
ARTHUR : Oh non non mais pfff... J'en ai rien à carrer, j'lai jamais connu !
FERBACH : Ah bon ! Bah c'était une jolie p'tite salope, j'aime autant vous l'dire !
LANCELOT : Bon un peu d'tenue !
Ferbach fait un signe d'excuse.
ARTHUR : J'l'ai jamais connu mais d'après c'qu'on m'a dit, c'est pas totalement faux !
FERBACH : Pfff... à l'époque euh... J'vous parle de ça, l'château était même pas construit... J'ai fait quatorze ans à Tintagel avant d'être transféré ici... Ben Pendragon parlait d'pactiser avec les romains ! Vous vous rendez compte du fumier ?!
LANCELOT : Nan, mais il l'a pas fait finalement.
FERBACH : Ah non ?
LANCELOT : Nan.
ARTHUR : Nan. Moi j'l'ai fait par contre.
FERBACH : Ah ? Et et... et alors, comment ça s'est passé ?
ARTHUR : Très bien ! Maintenant on a les écoles euh, les routes euh, la mortalité infantile a diminué d'moitié, on a les aqueducs euh...
FERBACH : Ahhh... C'est c'est... c'est plutôt une bonne chose alors ?
LANCELOT : Ah oui, sans l'ombre d'un doute !
FERBACH : Ah bon... Bah moi à l'époque, j'pouvais pas les blairer les romains. J'ai fait cramer trois auberges, et deux postes-frontières.
ARTHUR : Ah ouai... quand même ! (Ferbach acquiesce.) Mais parce que là mettons euh... Qu'est-c'qui me prouve que vous allez pas recommencer ?
LANCELOT : Vu qu'on a pactisé avec les romains ?
FERBACH : Non bah moi euh... Moi j'pense que j'vais recommencer... Ah, c'est sûr !
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GENERIQUE
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EPILOGUE
Lancelot et Arthur s'apprêtent à repartir des geôles.
LANCELOT : Vous êtes sûr hein ? Pas d'regrets ?
FERBACH : J'vous dirais bien que j'vais m'tenir à carreau, mais j'me connais, j'vais tomber sur un romain, j'vais faire cramer une grange !
ARTHUR : Bon ben, on vous laisse là alors...
FERBACH : Ouai c'est aussi bien. En plus, depuis l'temps j'ai mes potes euh... Hein Tété ? (On entend un bruit de pet.) Voilà !
LANCELOT : Dites euh, on vous fait confiance ! Vous arrêtez d'réveiller tout l'monde en pleine nuit !
FERBACH : Ouais non, j'suis un peu sur les nerfs en c'moment... 'Scusez moi... (Fondu noir.) J'dors mal à cause de ma gangrène qui m'bouffe le pied !
FIN DE L'EPISODE.