Jardin royal.
Léodagan vient prendre l'air sur le banc, près de l'arbre. Il inspire profondément, profitant du calme ambiant. Un oiseau se met alors à chanter sur une branche le surplombant.
Léodagan : Ah non hé, oh ! Ça va peut-être aller, non ?
L'oiseau s'arrête. Léodagan marque son approbation, avant que l'oiseau ne reprenne soudain son chant, le faisant soupirer.
***
Générique
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Même lieu.
Arthur se dirige vers son arbre pour se reposer, et découvre Léodagan assis sur le banc.
Arthur : Bah ? C'est vous, beau-père ?
Léodagan : Tiens ! Bah, qu'est-ce que vous fabriquez là à cette heure ?
Arthur : Ben, comme tous les jours à cette heure, justement : je viens coller mes miches sur mon banc, au pied de mon arbre.
Léodagan : Ah ben oui, je vois l'ambiance. « Mon banc, mon arbre... ». Trois possessifs par phrase, le ton est donné.
Arthur : Non mais, sans rire, qu'est-ce que vous glandez là ?
Léodagan : Ah bah rien de bien constructif, c'est sûr, hein ! Je prends le frais, je fais le point, je prends du recul... enfin tous les trucs de bonne femme quoi.
Arthur : Et vous pouvez pas aller faire le point dans le champ d'à côté ? Déjà, il y a le bon air tout pareil et puis en plus, j'y suis pas. Question recul, c'est plutôt tranquille !
Léodagan : Mon bon souverain, je vous dirais déjà pour commencer que cet arbre, il y a pas votre nom dessus – et d'une – que si j'ai envie de visiter les parcelles voisines, j'ai pas besoin de vos avis – et de deux - et que question recul, ça se passait pas trop mal jusqu'à ce que vous vous pointiez. Et de trois.
***
Même lieu, quelques instants plus tard.
Les deux hommes se disputent toujours le banc.
Arthur : Non, mais oui, c'est vrai, j'ai besoin d'être seul. Pour me détendre, pour penser à rien. Ça me permet de me recentrer sur les problèmes de l’État.
Léodagan : Ah, parce que pour les problèmes de l'État, vous êtes centré ? Ah bah merci de prévenir ! C'est vrai qu'il est en pleine forme l'État. C'est à se demander à quoi vous pensez quand vous pensez à rien !
Arthur : Beau-père, écoutez, on va pas se fâcher, il y a de raison...
Léodagan : D'habitude, on n'a pas tellement besoin de raisons...
Arthur : Je vous demande d'aller vous trouver un autre coin que le mien.
Léodagan : « Le mien » ! Vous voyez, vous recommencez !
Arthur : Ecoutez, beau-père, cet arbre, il a plus de mille ans, je crois qu'il a jamais entendu autant de conneries qu'aujourd'hui. Moi, j'y viens depuis des années pour être peinard, alors oui, tout le monde s'accorde à dire que c'est plus ou moins le mien.
Léodagan : Mais "Le mien, le mien..." A plus de mille ans, c'est pas vous qui l'avez planté, si ?
Arthur : Ah mais d'accord, j'ai compris : vous avez décidé de m'emmerder, c'est ça ?
Léodagan : Mais pas du tout, j'étais là, moi ! C'est vous qui venez me les râper !
Arthur : Bon, beh, alors voilà, beau-père, beh alors je suis désolé, vous m'obligez à utiliser mon autorité suprême - vous savez que j'aime pas ça – je vous donne l'ordre de lever vos fesses de là et d'aller vous trouver un autre coin. Voilà.
Léodagan (méprisant) : Ah bravo... bravo ! Non mais là, vous pouvez flamber, oui !
Arthur : Ah bah, ça me fait pas plaisir d'en arriver là, vous pouvez me croire !
Léodagan (se levant) : Bon, ben je vous le laisse, votre coin, là ! Sans regret ! D'ailleurs, s'il vous plaît tant que ça, vous devriez songer à venir y crécher définitivement ! Comme ça vous commenceriez à nous les lâcher un peu !
Arthur : Vous allez me foutre le camp, oui ?
Léodagan : Tiens, je connais un petit bosquet de muriers au poil ! (Il s'éloigne) Bonne journée !
***
Même lieu, un peu plus tard.
Arthur se repose au pied de son arbre. Léodagan arrive avec des provisions.
Arthur : Encore vous ! Ah non, mais c'est pas vrai ! C'est la taule, que vous cherchez ?
Léodagan : Hé oh ! Une seconde, non ? Laissez-moi parler !
Arthur : Ah mais qu'est-ce vous voulez ? Merde ! Je croyais que vous aviez trouvé un bosquet !
Léodagan : J'y vais, vous inquiétez pas ! Seulement je suis allé me chercher un casse-dale aux cuisines. Et comme vous êtes sur le chemin là, avec votre arbre, là, je me suis dit : « Tiens, je vais lui larguer un bout de pain au passage..."
Arthur (après une seconde): Ah bah, là, il y a le beau geste. Pardon.
Léodagan: Non, mais bon... C'est comme ça, hein...
Arthur: Mais quand même ! Je vous ai connu moins fair-play ! Enfin, je vous interdis le périmètre et vous pensez à me ramener du singe...
Léodagan: Bon beh... vous prenez ou vous prenez pas ?
Arthur: Si, si, si, ouais, je prends. Non, mais du coup, vous allez pas vous barrer maintenant. Restez là....
Léodagan: Ah non, je veux pas vous emmerder...
Arthur: Vous m'emmerdez pas. Allez, c'est bon, je me recentrerai une autre fois, c'est pas les occasions qui manquent. Asseyez-vous là.
Léodagan: Bien aimable.
***
Générique
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Même lieu, un peu plus tard.
Arthur et Léodagan mangent au pied de l'arbre. Au bout d'un moment, un oiseau proche d'eux commence à chanter. Les deux hommes regardent en l'air.
Léodagan: Tiens, c'était trop beau.
Arthur: Quoi, c'est le piaf qui vous ulcère ?
Arthur: Ah, ils me gonflent, ces trucs ! Ça me tape sur le système !
Arthur ramasse une pierre par terre.
Léodagan: Qu'est-ce que vous faites ?
Arthur: Bah, je vous le caillasse. Moi j'aime bien, mais si ça vous les brise, hein... (Il jette la pierre en l'air, faisant taire l'oiseau)
Léodagan: Ah ben, ça me gêne... (Noir) Je m'en voudrais de changer vos habitudes.
FIN
Rédigé par Choup37 pour Kaamelott Hypnoseries