Léodagan et Karadoc sont dans les cuisines, la nuit.
Léodagan : Qu’est-ce que c’est que ce merdier, que vous bouffez, là ?
Karadoc (tenant une énorme tartine): Ca, c’est mon spécial pleine lune ! Quatre rondelles de sauce à chaque coin sur une tartine à la graisse de rôti !
Léodagan : Quel rapport avec la pleine lune ?
Karadoc : Ben, c’est nostalgique !
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Générique
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Sur les remparts, Arthur et Guethenoc sont en grande conversation.
Guethenoc : Non mais vous comprenez, moi si je fais ça, c’est pour la grandeur du pays !
Arthur : Oh la, oh la, oh la ! Tout doux ma belle ! Emballez pas la jument !
Guethenoc : Attendez, vous savez combien de touristes je reçois par an, dans mon relais gastronomique ?
Arthur : Euh… Votre relais gastronomique ? Celui qui se trouve sur la route côtière, là ?
Guethenoc : Celui-là même !
Arthur : Ah oui ! Votre gourbi à clodos, vous voulez dire !
Guethenoc : Oh, c’est un etablissement exemplaire, Sire ! Non, là, c’est pas fair-play !
Arthur : Parce que parler de relais gastronomique pour une maison de passes à pêcheurs, vous trouvez ça fair-play, vous ?
Guethenoc : Bref ! Les touristes, y me demandent sans arrêt de leur servir le plat national !
Arthur : Le plat national ?
Guethenoc : Voilà ! Alors j’ai l’air de quoi, moi ?
Arthur : Ah ben ça j’en sais rien, moi ! C’est quoi le plat national ?
Guethenoc : Justement, y’en a pas !
Arthur : Y’en a pas ! Mais comment ça, y’en a pas ?
Guethenoc : Ben non ! Vous en avez décrété un ?
Arthur : Pas que je sache, non !
Guethenoc : Y’en a pas, on passe pour des cons ! C’est pour ça que je mets des bonnes femmes dans mon relais, pour rattraper le coup !
***
Au château, dans une salle. Autour d’une table, se trouvent Guethenoc et Roparzh, qui font face à Arthur. Ils ont tout un assortiment d’aliments devant eux : du fromage, du pain, des pommes…
Arthur : Alors ! Il est où votre plat national !
Guethenoc : Le plat national, on l’a pas !
Roparzh : On vient déjà, là, pour le… le concept !
Arthur : Le concept du plat national ?
Guethenoc : Oui, pour avoir une vue d’ensemble, d’abord, et après, on peut rentrer dans le détail !
Arthur : Et c’est quoi tout ce merdier que vous avez apporté ?
Guethenoc : Commencez pas à être irrespectueux avec les produits régionaux, Sire, hein !
Roparzh : Tout ce que vous avez sous les yeux, c’est rien que de l’artisanal !
Arthur : Ah ben voilà ! C’est pour ça que ça pue !
Guethenoc : C’est toute la paysannerie bretonne que vous insultez !
Roparzh : Dans la vie Monsieur Sire, y a des fois où y faut faire attention où vous mettez les pieds de pas aller trop loin !
Arthur : Quand vous la verrez, vous rappellerez à la paysannerie bretonne, que c’est elle qui détient le record du plus mauvais vin, du plus mauvais fromage, de la plus mauvaise viande !
Guethenoc : Ça va, on connait le couplet !
Roparzh : Vous avez des goûts de bourgeois !
Arthur : Vous devriez aller à Rome, une fois ! Rien que pour la curiosité ! Tout a du goût !
Roparzh : Sauf que nous, on n’a pas de soleil ! Par rapport à tout ce qui est photosynthèse ! On fait ce qu’on peut !
Guethenoc : Avec ce qu’on a, hein ! J’vous rappelle tout de même qu’on fait les meilleures pommes du monde !
Arthur : Et ben voilà, tiens ! Vous l’avez votre plat national : la compote.
Guethenoc (outré) : Quoi ?! Vous continuez à vous payer notre gueule ?
Roparzh : Ça fait trois semaines qu’on se creuse la bouilloire à trouver un concept, avec le jambon, le pain, le fromage !
Arthur : Et alors ? Qu’est-ce que ça donne ?
Guethenoc : Ben… on tourne vite en rond !
Arthur : Vous avez les tartines de jambon, les tartines de fromage… Vous avez quelque chose d’autre ?
Guethenoc : Ben non…
Roparzh : Si, si ! Y’a ben le pain tout seul !
***
Karadoc est appelé en renfort, pour aider à trouver une idée de plat national.
Arthur : On bute, Karadoc !
Karadoc : Comment ça, on bute Karadoc ?
Arthur : On bute… Karadoc !
Guethenoc : On est sur un projet de plat national !
Roparzh : On n’a toujours pas le conceptif !
Arthur : J’suis sûr que vous pouvez réussir à faire quelque chose.
Le chevalier, très solennellement, prend alors une tranche de pain, à laquelle il ajoute du jambon. Il recouvre le tout de pain. Au-dessus, il met un morceau de fromage. Il tend le sandwich à Arthur.
Karadoc : Dix minutes au four à pain.
Arthur (observant le sandwich) : C’est génial !
Guethenoc : On devrait l’appeler le Karadoc !
Karadoc : Nan, c’est trop long ! Ma famille m’appelle "Croque".
Arthur (présentant le sandwich) : Le croque, messieurs !
Les deux paysans sont estomaqués tellement ils trouvent l’idée superbe. Karadoc est fier de lui.
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Générique
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Dans les cuisines, la nuit. Karadoc fait goûter à Léodagan un énorme pain bagnat créé par ses soins.
Léodagan : Nan mais y a trop de trucs ! J’arrive pas à reconnaitre ce que je bouffe !
Karadoc : C’est pas normal ! (voix off) Un case-dalle à seize ingrédients, vous devez pouvoir discerner !
Rédigé par Aelis pour Kaamelott Hypnoseries