EXT. – GRANDE PORTE, JOUR.
Le Maître d’Armes et Grüdü se disputent, quelques pieds devant la porte.
Grüdü : Mais pourquoi j’irais à la porte arrière, moi ?!
Maître d’Armes : Parce qu’il faut bien que quelqu’un y aille !
Grüdü : Mais de toute façon si y a un attentat on est pas assez pour repousser, autant rester groupés !
Maître d’Armes : Mais la porte arrière est pas gardée, y’a juste à lever le loquet !
Derrière eux, un homme masqué se dirige subrepticement vers la porte. Il s’accroupit et fait signe à ses acolytes. Une demie-douzaine d’entre eux entre silencieusement dans la citée pendant que le premier fait le guet.
Grüdü : Eh ben, on lève le loquet, on entend le loquet, on y va et on les bousille !
Maître d’Armes : Mais le temps qu’on y aille ils auront déjà buté tout le monde !
Grüdü : Non mais on s’grouille.
Le Maître d’Armes bafouille de rage. Le garde du corps réplique en poussant un cri. Derrière eux, le dernier envahisseur a franchi les murs.
***
OUVERTURE
***
INT. – SALLE DE LA TABLE RONDE, JOUR.
L’Assemblée des Rois se poursuit.
Ketchatar : Mais je dis pas que je me fous de l’éducation, je dis qu’c’est pas une priorité.
Hoël : Ben évidemment, y’a que des vieux chez vous!
Ketchatar (à Hoël) : Mais j’vous emmerde mon p’tit pote! Au bout d’un moment qu’est-ce qu’on en a à foutre que les mômes ils soient illettrés?
Le roi Loth lève un doigt impérieux.
Loth : Tempora mori, tempora mundis recorda. Voilà! Eh ben ça par exemple, ça veut absolument rien dire mais l’effet reste le même. Et j’ai jamais foutu les pieds dans une salle de classe, attention.
Léodagan : Eh ben vous avez d’la chance. Parce que moi j’ai appris à lire, eh ben j’souhaite ça à personne.
Le roi Calogrenant arbore une expression compatissante.
Arthur : Attendez, je comprends pas. La dernière Assemblée des Rois y a quatre ans, on avait dit qu’il fallait oser une politique progressiste.
Les rois acquiescent vaguement. Arthur ferme les yeux, accablé.
Arthur : Qui avait compris la phrase?
Seul Loth lève un doigt.
Arthur (découragé) : Ah non mais vous vous foutez de moi…
Loth laisse tomber son doigt.
Loth : Non en plus c’est pas vrai, j’avais pas compris…
Léodagan : Mais vous faites des phrases! C’est sûr, nous on dit « oui, oui » pour pas casser l’ambiance.
Ketchatar : De là à balancer tout l’pognon dans les écoles, faut p’t’être pas pousser.
Loth : Les mômes maintenant y lisent, y lisent, y lisent et résultat : ils sont encore puceaux à dix ans!
Hoël : Ah mais n’empêche que pendant qu’y sont à l’école y sont pas dans les tavernes!
Ketchatar : Vous trouvez qu’y’a de quoi flamber?
Calogrenant : La taverne c’est un lieu de fraternité, tandis que la lecture c’est solitaire.
Loth : Si ils font tout en solitaire…
Ketchatar : …Ben oui il va y avoir une chute de… truc là… euh (il frappe la table de frustration) quand y a pu personne, là!
Arthur (maussade) : Démographique.
Ketchatar : Non, démographique, c’est tout ce qui se passe à la campagne, non?
Arthur secoue la tête.
Arthur : Agricole…
Ketchatar : Oui, voilà. (Aux autres) Agricole.
***
EXT. – GRANDE PORTE, JOUR.
Grüdü : Il me semble avoir entendu comme un bruit…
Maître d’Armes : Un bruit de quoi ?
Grüdü : Comme un grincement.
Maître d’Armes : Mais un grincement comment ?!
D’une voix nasillarde, le garde du corps imite le son.
Maître : Oui, une porte qui grince, oui !
Grüdü : Non mais là, dans le contexte…
Maître d’Armes : Eh ben ?
Grüdü : Si, remarquez, une porte qui grince.
Maître d’Armes (agacé) : Par exemple, oui.
Grüdü se met en garde.
Grüdü : J’irais bien voir mais j’peux pas laisser l’entrée sans surveillance.
Maître d’Armes : Mais moi je reste !
Grüdü (sèchement) : J’abandonne jamais mon poste.
Maître d’Armes (énervé) : Bon ben j’y vais, moi !
Grüdü : Si vous abandonnez votre poste, j’vous défonce.
Les deux hommes se foudroient mutuellement du regard. Le Maître d’Armes pose sa main sur le pommeau de son épée.
Maître d’Armes : Sans blague…
***
INT. – SALLE DE LA TABLE RONDE, AU MÊME MOMENT.
Le roi Hoël semble gravement insulté. Arthur est écœuré.
Hoël : VOUS ÊTES LA PIRE BANDE DE BONS À RIEN DU MONDE CELTE!
Il frappe la table du poing.
Loth (psalmodiant) : Je ne reviendrai plus jamais, cette fois je le dis, je le fais, je reste chez moi, merde, ça suffit.
Léodagan (en désignant Arthur) : On en a déjà un qui gouverne comme une femme, on va pas en faire collection, si?!
Arthur (énervé) : J’vais vous envoyer quinze jours aux travaux forcés, vous m’direz si vous trouvez qu’ça fait femme!
Léodagan ne semble pas impressionné.
Ketchatar (ironique) : Quand les Saxons vont débarouler dans l’jardin, on s’ra bien content que les gars sachent lire! Ils pourront réciter du grec! (Il éclate de rire)
Calogrenant : Non mais attendez, là, ça d’vient n’importe quoi…
Arthur : Argh et puis merde à la fin j’vous demande pas votre avis! J’vous dit d’faire comme ça, vous faites comme ça et puis c’est tout!
Hoël : Ah ben voilà! C’est la crise d’autorité…
Loth : Bah, c’est bien la peine de faire des réunions de trois plombes pour en arriver là.
Arthur : Au bout d’un moment c’est qui l’patron?!
Ketchatar : Ça va, ça va, on sait, on sait!
Loth : Moi j’ai pas eu le temps d’essayer de retirer l’épée du rocher. J’serais arrivé une demie-heure plus tôt, à l’heure qu’il est c’est peut-être moi qui aurais mon cul sur le trône.
Arthur : Eh ben en attendant vous êtes arrivé une demi-heure plus tard et du coup c’est bibi qui commande!
Léodagan (à Loth) : C’est marrant, ça vous a pas tellement appris la ponctualité…
Loth : De quoi?
Hoël : AH MAIS VOUS ALLEZ PAS COMMENCER?!
Ketchatar : Alors là, y a que la tarte de la gueule, j’vois que ça!
Léodagan (enjoué) : Ah oui? Et qui s’est qui va me la mettre?
Loth : Ave Caesar, rosae rosam et spiritus rex. Ah non, parce que là j’en ai marre.
***
EXT. – GRANDE PORTE, JOUR.
Les deux hommes se dévisagent à quelques centimètres l’un de l’autre.
Maître d’Armes : Quand on est idiot on plante des carottes, on ne s’occupe pas de sécurité!
Grüdü : J’vais vous en foutre moi d’la sécurité!
Ils se battent, épée contre hache. Le garde du corps assène des moulinets avec sa hache mais le Maître d’Armes se baisse toujours à temps. Celui-ci frappe Grüdü du revers de son épée.
Maître d’Armes : Regardez-moi ça s’il y a du style! D’une seule main j’vous botte le cul!
Le garde du corps abat le manche de son arme contre le pied du Maître d’Armes. Il hurle de douleur.
Maître d’Armes : MAIS VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT CON!
Il s’éloigne en boitant.
***
INT. – SALLE DE LA TABLE RONDE, AU MÊME MOMENT.
Soudain, les hommes masqués surgissent dans la salle. Chacun s’attaque à un monarque mais ceux-ci ne se laissent pas faire. Loth foudroie son agresseur d’un arc électrique via son index. Léodagan fouette son assaillant avec les lanières de sa bourse et Calogrenant et un autre assassin s’empoignent. Arthur utilise sa Bague de Contrôle des Lames pour diriger les deux dagues avec lesquelles un assassin le menace. Puis il le frappe de manière stratégique jusqu’à ce que l’homme tombe au sol. Pendant ce temps, Ketchatar fracasse à répétition la tête de son agresseur contre le bord de la Table Ronde et Hoël frappe aussi à cœur joie son agresseur avec son petit marteau. Tout cela alors que Loth, Ketchatar et lui restent assis. Sous peu, tous les assassins sont tombés.
***
GÉNÉRIQUE
***
INT. – SALLE DE LA TABLE RONDE, PLUS TARD.
Les Seigneurs sont extasiés et lèvent leurs poings dans les airs.
Les rois : OOUUAAIIIIIIIS !
Ketchatar : ILS SONT ROUILLÉS LES ROIS DE BRETAGNE ?! (Ils frappent en chœur la Table Ronde) OU ILS SONT PAS ROUILLÉS ?!
Le roi d’Irlande pousse allègrement sur le sol son agresseur maintenant inanimé qui s’était écroulé sur la Table Ronde. Les souverains rient et arborent de grands sourires.
Léodagan : Par contre on a tout buté. On peut même pas savoir qui c’est.
Un des assassins agonisants se manifeste d’une voix faible.
Homme (voix off) : Orcanie... indépendante !
Loth : Oh le con ! Il est de chez moi !
Le roi Hoël décide alors de se lever et de sauter à pieds joints sur le pauvre assassin. Loth veut lui prêter main forte en lançant une de ses décharges électriques mais elle touche le roi d’Armorique à la place. Hoël se relève, le corps secoué de spasmes. Les autres rois grimacent.
Loth : Oh pardon, oui oui c’est - (il rigole) c’est parce que ça (désignant la chevelure hirsute de son comparse), ça conduit.
***
NOIR
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Loth (voix off) : Bon ben autant pour moi.
FIN
Rédigé par Merlinelo pour Kaamelott Hypnoseries