INT. – TABLE RONDE, JOUR.
Bohort et Léodagan sont en réunion avec Arthur.
Bohort (exaspéré) : Lorsque des étrangers viennent visiter notre pays, il est normal que nous leur en montrions les plus charmants côtés !
Léodagan (sèchement) : Question de point de vue. Moi je pense que quand les étrangers viennent visiter le pays, y a une chance sur deux que ce soit des envahisseurs et que, dans le doute, il faut leur mettre des flèches dans la tête…
Arthur lève les yeux au ciel.
Bohort (à Arthur, outré) : Sire ! Enfin, c’est ridicule ! Tout l’argent va encore passer dans un appareillage insensé dont la seule fonction est de couper les gens en morceaux !
Arthur commence à se morfondre mais reste silencieux.
Léodagan : Oh mais j’ai pas envie d’expliquer le pourquoi du comment. Je pense que si on balance le blé dans les bals-
Bohort (le coupant) : Mais je ne parle pas de bals ! Il s’agit de mettre en place une troupe permanente d’artistes danseurs, qui puisse faire démonstration des danses traditionnelles…
Arthur baisse la tête, accablé.
***
OUVERTURE
***
INT. – TABLE RONDE, PLUS TARD.
Arthur est choqué.
Arthur : Sept tourelles ?! Non mais vous êtes complètement dingue ! À chaque fois il vous en faut un peu plus !
Léodagan : Bah oui, on est sur une île et je mets des tourelles sur les côtes alors tant que j’aurai pas fait le tour, il va m’en falloir encore.
Bohort : Je ne parlerai pas de l’aspect esthétique de la chose…
Léodagan : Sécurité, sécurité.
Bohort : Oh mais la sécurité se porte bien ! Même un crabe n’aurait aucune chance de franchir les lignes.
Léodagan : Ça prouve que je fais mon boulot !
Arthur : Non mais je vais vous dire… Franchement, je suis d’accord avec vous : on est jamais trop prudent.
Bohort : Quoi ? Oh non, sire !
Arthur : Non mais laissez-moi finir ! Simplement voilà, euh… pour cette fois, on va être obligé de remettre la construction à plus tard.
Léodagan (énervé) : Ah dites, vous escomptez pas me faire le coup du budget, j’espère ?! Parce que je vous rappelle qu’en cas de nécessité militaire vous êtes tenu d’emprunter le blé aux pays voisins alors euh…
Arthur (le coupant) : Non mais le problème c’est pas le blé. C’est le bois.
Léodagan : Quoi, le bois ?
Arthur : Bah le bois, y en a plus. Mais oui, entre les incendies de cet été et le reste, les pécores nous ramènent presque moitié moins de bois qu’avant ! Et puis il faut bien qu’on se chauffe.
Léodagan : Y a qu’à emprunter le bois alors, à la place du blé.
Arthur : Ah non, mais je crois bien que la pénurie s’étend aussi aux pays voisins.
Léodagan : Vous vous FOUTEZ D’MOI ?!
Arthur : Écoutez, on va demander un rapport aux paysans ; on avisera.
Bohort (en souriant) : Et pour les danseurs, sire ?
Arthur : Alors euh… (Il tripote ses papiers) Alors oui, on va être obligé de- (il soupire) on va être obligé de repousser aussi.
Bohort : Mais pourquoi ?
Arthur : Oui, on… parce que… comment ?... Parce que je peux pas blairer la danse.
Bohort et Léodagan sont déçus.
***
INT. – CHEZ GUETHENOC, JOUR.
Arthur boit un verre chez le paysan. Il semble trouver sa rasade plutôt raide.
Arthur : Donc on est d’accord ? Vous venez en séance de doléance et vous expliquez le coup du bois.
Guethenoc : Je suis pas bien chaud, Sire, hein. (Arthur fait les gros yeux) Non mais ça fait pas très sérieux : du bois, on en a tout le tour du ventre.
Arthur : Parce que vous croyez que mon beau-père est au courant des stocks ? Hein ? Enfin, je vous demande pas d’entrer dans le détail ! Vous racontez qu’on n’a plus de bois et que c’est pareil dans les pays voisins. Ça prend cinq minutes. Et surtout, discret, hein. Qu’il n’apprenne pas que je suis venu là.
Guethenoc : Et s’il me demande pourquoi il y en a plus, de bois ?
Arthur : Eh ben ? Vous inventez une bricole. Vous vous démerdez ! Vous dites qu’il y a plus de bois et surtout que je ne peux pas l’acheter ailleurs… Parce qu’attention, si je peux l’acheter, il peut m’obliger à le faire.
Guethenoc (surpris) : Vous obliger ? Mais c’est pas vous le taulier ? On peut vous obliger à faire des trucs ?
Arthur : Non mais… qu’est-ce que vous voulez ? Le problème c’est que j’ai délégué la défense à mon beau-père, voilà. J’venais de me marier… Je voulais faire un geste. Enfin, quand je vois ce que ça me coûte, j’aurais mieux fait de lui acheter une chèvre.
Ils boivent dans leurs coupes.
***
INT. – SALLE DU TRÔNE, JOUR.
Guethenoc est en audience avec le roi et le seigneur Léodagan.
Léodagan (énervé) : Mais enfin, mais c’est dingue cette histoire !
Arthur : Ben oui, c’est la vacherie, quoi…
Guethenoc (manquant de naturel) : Plus un seul bout de bois. Puis c’est pas la peine d’aller chercher chez les… chez les…
Arthur souffle les mots. Léodagan tourne la tête vers son beau-fils, qui s’empresse de changer d’expression.
Guethenoc : …chez les voisins, c’est pareil !
Léodagan : Enfin, qu’est-ce qui s’est passé, bon dieu ?! C’est la première année que ça fait ça !
Arthur : Non, je crois que les facteurs sont multiples, hein…
Guethenoc : Oui c’est- c’est une question de… de conjoncture. Remarquez, je vous dis ça, mais ce mot là ça fait peu de temps que je le connais ; je suis même pas sûr qu’il faille le mettre là…
Arthur (le coupant) : OK ! (Il se racle la gorge) Merci Guethenoc de nous éclairer de vos lumières.
Guethenoc : …Par contre, j’ai un petit stock personnel que j’ai amassé petit à petit ces dernières années en cas de coups durs. (Arthur est alarmé) Bon, si c’est pour la défense du pays, j’vous l’cède. Enfin, « j’vous l’cède », je vous le vends. Plus cher, évidemment.
Léodagan adresse un sourire triomphant à Arthur. Le roi est outré.
Arthur : Quoi ?!
Guethenoc : Bah c’est la pénurie : les prix flambent ! C’est pas parce qu’on est pécore qu’on sait pas compter.
Sous le regard de son beau-père, Arthur ne peux pas exprimer sa colère. Il tente de garder le sang-froid.
***
GÉNÉRIQUE
***
INT. – SALLE DU TRÔNE, PLUS TARD.
Guethenoc est sur le point de partir.
Guethenoc : Allez, je m’sauve…
Arthur : Attendez. Vous êtes chez vous, tout à l’heure ?
Guethenoc (appréhensif) : Euh… ça dépend.
Arthur : Parce que je vais passer avec quelques hommes pour démonter votre baraque. C’est mieux si vous êtes là.
Le paysan est atterré.
Guethenoc : Démonter ma baraque ?
Arthur : Ah bah oui, ça, en cas de pénurie, c’est une prérogative militaire, hein. Ça fait plus de bois.
Léodagan : Tiens, j’avais oublié c’te loi…
Arthur : Oui, c’est surtout que je vous l’avais jamais dites. J’avais peur que vous rasiez toutes les cabanes du pays.
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NOIR
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Léodagan (voix off) : Ah bah ouais… Peur justifiée !
FIN
Rédigé par Merlinelo pour Kaamelott Hypnoseries