INT. – CUISINES, KAAMELOTT, NUIT.
Arthur mange un morceau, en tenue de nuit. Guenièvre entre dans la pièce, elle aussi en chemise de nuit.
Guenièvre : Ah, c’est vous ?
Arthur (atone) : Ouais.
Elle va vers lui.
Guenièvre : Je me demandais où vous étiez.
Arthur : J’étais là.
Guenièvre : Je me suis réveillée, j’ai vu que vous étiez pas à côté de moi, je me suis dit : « Tiens, où il est ? »…
Arthur : J’étais là.
Guenièvre : Du coup, j’ai regardé par le carreau du couloir pour voir si vous étiez pas en train de marcher le long du rempart sud, comme je sais que vous faites des fois. Mais vous y étiez pas.
Arthur : Non, j’étais là.
Guenièvre : La prochaine fois, dites-moi où vous aller, ça m’évite de vadrouiller partout.
Arthur : La prochaine fois, je reste couché.
***
OUVERTURE
***
INT. – CUISINES, KAAMELOTT, PLUS TARD.
Guenièvre s’est mise à grignoter elle aussi, au grand dam de son mari.
Guenièvre : C’est pas désagréable, ces p’tits frichtis improvisés. Vous faites ça souvent ?
Arthur : Quand j’ai les crocs.
Guenièvre : Et vous êtes toujours tout seul ou des fois il y a des gens ?
Arthur : L’intérêt du casse-dalle de deux heures du matin, c’est avant tout d’être pénard.
Guenièvre : Vous avez raison. On est encore bien mieux tout seul !
Arthur (sarcastique) : Non encore, c’est rien : vous êtes là. Mais tout seul-tout seul, pff ! Vous pouvez pas savoir.
Guenièvre : Mais, vous qui êtes là souvent…
Arthur : Oui, pour être tranquille, oui, tout à fait.
Guenièvre : Vous avez sûrement dû remarquer…
Arthur : Quoi donc ?
Guenièvre : Bon, après, c’est p’têtre des on-dit, hein…
Arthur : Mais quoi ?!
Guenièvre : Eh ben - je sais pas si c’est vrai - mais on raconte que c’est ici que les couples viennent se retrouver la nuit.
Arthur : Les couples ? Quels couples ?
Guenièvre : Ben, les couples, quoi ! Les chevaliers avec leur amantes (Arthur hausse les sourcils), peut-être même les serviteurs, allez savoir.
Arthur : Les couples, ils viennent ici la nuit ?
Guenièvre (en hochant la tête) : Il paraît.
Arthur (indifférent) : Ah bon.
Guenièvre : Il paraît même qu’ils font des choses (en désignant le comptoir) là-dessus.
Arthur fige. Il regarde le meuble avec dégoût puis lâche son morceau de nourriture.
Guenièvre (intriguée) : Mais, vous aviez jamais entendu parler de ça ?
Arthur : Non.
Guenièvre : C’est curieux, quand même, que ça vous sois jamais venu aux oreilles.
Arthur : Bah j’m’en fous, aussi. Ça, ça doit jouer.
Guenièvre : Mais à votre avis, c’est vrai ou pas ?
Arthur : C’est possible, oui. De toute façon, ils font ce qu’ils veulent.
Guenièvre : Mais ça vous intrigue pas ?
Arthur : Ah non.
Guenièvre : Moi, j’avoue que j’aimerais bien savoir…
Arthur : Bah, rien ne vous empêche de faire le pet. Moi en attendant, je vais me coucher.
Guenièvre (plaintive) : Oh non, restez avec moi !
Arthur : Où ça ?
Guenièvre : Mais ici ! On se cache et on attend pour voir s’il y a quelqu’un qui arrive.
Arthur : Non mais vous rigolez !
Guenièvre : Oh, pour me faire plaisir !
Elle se colle à lui, enthousiaste comme une enfant. Arthur râle.
Arthur : Oh non non non, écoutez, non. Ça fait une heure que j’attends qu’une chose : c’est de retourner au plumard.
Guenièvre : Mais vous y étiez au plumard, c’est vous qui êtes descenduuuu…
Arthur : Je suis pas descendu pour reluquer les serviteurs en train de se tripoter au milieu des jambons !
Guenièvre : Allez…
Arthur : Non.
Guenièvre (en sautillant) : Allez… Allez, allez, allez, allez, allez, allez…
Arthur (en même temps) : Non, non, non, non, non, non…
***
INT. – CUISINES, PLUS TARD.
Arthur et Guenièvre sont accroupis, caché derrière des tonneaux et des aliments accrochés. Arthur est à moitié endormi.
Guenièvre (à voix basse) : Hé, mais vous endormez pas !
Le roi ouvre les yeux en sursaut.
Arthur : Hein ?
Guenièvre : Mais ouvrez les yeux bon sang, vous allez tout louper.
Arthur soupire, agacé.
Arthur : Non mais y a vraiment de l’abus…
Guenièvre : En plus, s’il y a un couple qui rentre et qu’il vous entend ronfler, il va repartir aussi sec !
Arthur : Mais si y a personne qui rentre ? On va quand même pas tenir la planque jusqu’à demain matin ?!
Guenièvre (en levant les yeux au ciel) : Nooon… Encore une petite heure et on retourne se coucher.
Arthur (outré) : « Une petite heure » ?!
Guenièvre : Oui-
Elle est interrompue quand la porte de la cuisine s’ouvre. Karadoc entre en entraînant sa femme Mevanwi à sa suite.
Karadoc : Vous allez voir, vous allez pas être déçue !
Mevanwi : Franchement, j’aurais préféré faire ça demain. Il est un peu tard quand même.
Karadoc : Il n’est jamais trop tard pour prendre du bon temps.
Mevanwi : Oui, enfin, il est presque trois heures, hein. Il y a un temps pour tout, vous savez.
Karadoc : Un temps pour tout sauf pour ça. (En souriant) Rien que d’y penser… j’me sens des ailes !
Arthur a soudain les yeux exorbités, horrifié.
Arthur (à Guenièvre) : Qu’est-ce que vous faites ?
Guenièvre : Ben… je sais pas…
Arthur : Oui, moi je sais et vous allez arrêter tout de suite !
La reine retire sa main baladeuse. Karadoc enlève triomphalement un tissu recouvrant un énorme plat. Mevanwi fait une grimace de dégoût.
Karadoc : Terrine de lièvre aux morilles, avec morceaux de châtaigne et foies confits.
Mevanwi (répugnée) : Ah mais quand même, avant de dormir!
Karadoc : Avant, après, pendant ! Il faut toujours abuser des bonnes choses !
Guenièvre échange un regard avec Arthur, déçue.
Arthur : Ah bah moi je vous garantis que je préfère voir ça qu’autre chose !
Ils retournent à leur observation, Guenièvre pose sa tête sur l’épaule de son mari.
***
GÉNÉRIQUE
***
INT. – CUISINES, PLUS TARD.
Mevanwi et Karadoc mangent leur encas. Arthur a les yeux clos.
Karadoc : Quand on voit ça, on se dit que c’est pas normal qu’il y ait des guerres dans le monde.
Mevanwi : Bon, on peut pas aller se coucher ?
Karadoc : Ça vient. En attendant, qu’on vienne pas me parler de disette ! Parce que c’est pas le tout de bouffer ! Point de vue santé publique, il vaut mieux manger ça une fois par mois que de la merde tous les jours.
Mevanwi : Chut !
Karadoc : Quoi ?
Mevanwi : Vous avez pas entendu quelqu’un ronfler ?
Arthur se réveille et Guenièvre s’agite. Elle frappe Arthur et semble lui reprocher le ronflement. Arthur nie en secouant frénétiquement la tête.
Karadoc : Ronfler ? …Mais non. Allez, tapez dans le pâté, ça ira mieux. Vous voulez que j’vous dise ?…
***
NOIR
***
Karadoc (voix off) : À ce niveau-là, c’est plus de la gastronomie, c’est de l’érotisme !
FIN
Rédigé par Merlinelo pour Kaamelott Hypnoseries