Arthur contemple un point devant lui et ne parvient pas à dormir, ce qui réveille sa femme.
Guenièvre: Mais qu’est-ce qui se passe? Quelle heure il est?
Arthur: Je sais pas. Tôt.
Guenièvre: Tôt? Il fait même pas jour! Comment ça se fait que vous êtes réveillé?
Arthur: Je vais replanter Excalibur dans le rocher.
Guenièvre: Mais à cette heure-ci?
Arthur: Quoi à cette heure-ci?
Guenièvre: Il fait nuit noire!
Arthur: Non mais bon dieu, je suis en train de vous expliquer que je vais remettre ma souveraineté en jeu, la seule chose qui vous inquiète, c’est l’heure qu’il est?
Guenièvre: Ah oui alors moi j’ai jamais compris ça…
Arthur: QUOI?
Guenièvre: Pourquoi, quand on a quelque chose d’important à faire, il faut toujours se lever aux aurores! Partir en guerre, en mission, c’est toujours avant que le jour se lève.
Arthur: Bah oui, pourquoi, pourquoi, est-ce que je sais moi?
Guenièvre: Là, c’est un événement capital, vous replantez l’épée. (Arthur acquiesce) Est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi vous pouvez pas partir à midi?Ou ce soir?
Arthur (cherche une réponse): Non.
La reine ferme les yeux. Arthur est en pleine réflexion.
Guenièvre (rouvre les yeux): Je rêve ou je vous ai cloué le bec?
Arthur la fixe d’un air mauvais.
***
Bohort: Sire, vous n’êtes absolument pas obligé de faire ça.
Arthur: Moi, ce qui me gonfle le plus en fait, c’est d’aller jusqu’au rocher. C’est loin, il caille… Je pense que ça aurait quand même pu attendre le printemps.
Léodagan: Ouais, vous faites le mariol parce que vous partez du principe que personne va réussir à part vous. Seulement imaginez que ce coup-ci, y ait un accro.
Calogrenant: Si c’est un dingo qui retire l’épée? Le roi de Burgonde, ou un, dégénéré dans le même genre?On serait pas dans la purée après.
Arthur: Ah ouais mais là les gars, il faut être un peu plus pieux que ça. Si les dieux désignent le roi Burgonde pour diriger le royaume de Logres et la quête du Graal, bah, c’est que les dieux ont décidé que c’est comme ça que ça devait rouler.
Léodagan: Remarquez avec vous ça avance pas tellement, la quête du Graal. Si les dieux ont deux doigts de jugeote, ce serait assez logique qu’Excalibur change de main.
Bohort: C’est honteux! Sire, vous n’allez pas vous laisser dire une chose pareille!
Arthur: Si. Même, je suis assez d’accord.
Léodagan et Calogrenant se dévisagent, stupéfaits.
***
Arthur se rend au rocher. Sur son chemin, il croise Venec et ses complices.
Venec: Donc là, pour le voyageur isolé, y a deux solutions. Soit il dépose ses armes, ses objets, sa bouffe et ses fringues par terre et il s’en va d’où il est venu à poil dans la neige, soit il décide de se battre, à un contre dix.
Arthur dégaine Excalibur, les complices de Venec s’enfuient.
Venec (stupéfait et ravi): Hééé, mais c’est vous Sire!
Arthur: Bah oui c’est moi, pourquoi?
Venec: Bah vous pourriez prévenir, pourquoi vous me laissez faire mon discours là?
Arthur: Bah chais pas, vous proposez une alternative, moi je choisis, je fais ce que vous me dites, hein.
Venec: Enfin, vous pensez bien que je vais pas vous attaquer, Sire!
Arthur: D’autant que là si vous m’attaquez, vous m’attaquez tout seul.
Venec: Ah ouais ouais, ouais ouais, je sais… Nan mais ils me gonflent, tout ça parce que je leur ai dit que quand on menaçait correctement quelqu’un, il faisait ce qu’on lui disait, sans jouer les héros! Du coup maintenant, les rares fois où y en a un qui fait un peu de pet, hé bah, ils foutent le camp. Oh, quand vous voulez vous revenez là! Sinon, qu’est-ce? Qu’est-ce qu’il fabrique dans le coin là?Il se promène?
Arthur: Je vais replanter Excalibur dans le rocher.
Venec se décompose.
***
Léodagan: Je vous le dis, cette histoire, ça pue. Si c’est un margoulin qui retire l’épée, il nous restera plus que la Carmélide pour pleurer. A condition qu’on nous la laisse, parce que c’est pas fait ça.
Guenièvre: Vous pourriez peut-être faire confiance à Excalibur pour rester fidèle à son propriétaire.
Séli: On a pas tellement le choix. Seulement, quand on prend conscience que tout tient au bon vouloir d’un bout de ferraille, on s'inquiète un peu, c’est naturel.
Léodagan: Imaginez qu’il soit détraqué le machin. Ah bah c’est vrai on sait pas ça, le froid, l’humidité…
Guenièvre: Ah bravo! C’est là tout le crédit que vous donnez à un objet conféré par les dieux!
Léodagan: Oh les dieux, les dieux, bon...
Séli: Si les dieux avaient dû être de notre côté ils nous auraient pas refilé des enfants comme vous déjà. (Guenièvre et Yvain se dévisagent)
Léodagan: Ah ça je confirme. Moi ça va faire trente ans que je me demande quelle connerie j’ai fait pour mériter ça. (regarde ses enfants)
Yvain: Heu, mais moi si je la retire ça arrange pas le coup?
Léodagan et Séli se dévisagent d’un air ébahi. Parfaitement synchronisés, ils tournent la tête vers Yvain.
Séli (glaciale): Si vous retirez quoi, Excalibur?(Yvain acquiesce)
Guenièvre: Vous croyez pas que vous avez assez de boulot à retirer vos crottes de nez déjà?!
Yvain: Oh mais quoi?De toute façon si je la retire je vous prends trop pas comme reine quoi. Vas-y dans ton cu. (Il ricane méchamment. Guenièvre regarde son frère comme l'imbécile qu'il est, tandis que ses parents le fixent froidement.)
***
Venec: Non mais attendez-moi au moins.
Arthur: Non je suis désolé je peux pas vous attendre, je dois arriver avant la nuit.
Venec: Non mais vous allez pas replanter votre épée dans le rocher, il faut arrêter là!
Arthur: Mais de quoi je me mêle?!
Venec: Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire bon dieu? Je m’absente deux semaines et y a tout qui fout le camp!
Arthur: Je m’excuse mais je me demande bien ce que ça peut vous foutre!
Venec: Ce que ça peut me foutre, c’est qu’après, c’est plus vous le roi.
Arthur: Et alors, vous avez peur que le prochain soit moins souple?
Venec: Bah, pour être franc, ouais, un peu.
Arthur: Remarquez, c’est vrai que, si c’est un sévère qui retire l’épée, mettons imaginez que ce soit mon beau-père, hé bah vous ferez peut-être plus de cachot que maintenant!
Venec: Non, sans déconner, ça va pas être votre beau-père!
Arthur: Sur un lot, rassurez-vous, sur l’ensemble, vous y gagnez.
Venec: J’y gagne quoi?
Arthur: Moi par exemple, j’ai interdit l’esclavage. Mon beau-père, en hôte dans le genre, le rétablira sûrement. Ca, ou la torture. Moi quand on y réfléchit, je pense que, les affaires reprennent pour vous. Esclaves, instruments de torture, et allez!
Venec: De toute façon, depuis votre loi, j’avais toujours réussi à vendre deux trois esclaves dans le feutré…
Arthur: Hé bah maintenant ce sera au grand jour.
Venec: Ben peut-être… N’empêche que moi, je préfère quand même quand c’est vous le roi. (profondément triste)
***
Arthur atteint le rocher. Il s’apprête à replanter l’épée quand un cri se fait entendre.
La dame du Lac: Stooooop! Ah non mais vous allez quand même pas faire ça!
Arthur: Bon dieu mais où vous étiez? J’avais plus de nouvelles!
Dame du Lac: Hé ben je traîne! Je vagabonde! Je mange des épluchures et je rogne des vieux os. Et c’est toujours mieux que de moisir à Kaamelott, planquée dans un cagibi en attendant que vous ayez un sursaut de bon sens!
Arthur: Vous allez pas recommencer… Qu’est-ce que vous vouliez que je fasse?!
Dame du Lac: Reprendre les choses en main, récupérer votre vraie femme…
Arthur: Hé bah c’est fait ça!
Dame du Lac: Mais vous avez même pas tué Lancelot! Et là… Là, vous vous apprêtez à replanter l’épée que les dieux vous ont donné?! VOUS ÊTES UN MOINS QUE RIEN!
Arthur: Hé bah justement les moins que rien ils restent pas rois de Bretagne.
Dame du Lac: Mais vous croyez quoi hein? Qu’il y en a un autre qui va réussir à la sortir?Vous avez toujours pas compris qu’y a qu’avec vous que ça marche?!
Arthur: Si y a qu’avec moi que ça marche qu’est-ce que je risque à la replanter?Je la laisse une semaine, je laisse les autres faire leur essai, et pis je reviens la récupérer, pour bien montrer à tout le monde qui c’est le patron.
Dame du Lac: Gar-dez votre épée et servez vous en pour trouver le Graal!
Arthur replante l’épée dans le rocher. La Dame du Lac est stupéfaite.
Arthur: Je suis roi de Bretagne. J’ai pas de conseils à recevoir d’une clodo.
Outrée et blessée, la Dame du Lac s’effondre en pleurs.
***
Arthur entre dans sa chambre, où Guenièvre l’attend de pied ferme. Elle le fixe tandis qu’il se couche. Il sent son regard et lève les yeux.
Arthur (mal à l’aise): Ouiii?
Guenièvre (sèche): Comment ça s’est passé?
Arthur: Le plantage de l’épée, vous voulez dire?
Guenièvre: C’est cela oui, tout à fait, le plantage de l’épée, c’est ça que je veux dire!
Arthur (prudent): Bah j’ai planté l’épée.
Guenièvre: Elle est plantée?
Arthur: Tout à fait.
Guenièvre: Bon hé bah mon petit vieux, vous allez prendre vos clics et vos clacs, vos petites affaires, et vous allez trouver une chambre à l’étage des visiteurs. Moi, je suis reine, je dors avec le roi, pas avec un petit bonhomme qui n’a même plus son épée!
Arthur: Mais attendez…
Guenièvre (ne l'écoute pas): Je vous signale que je connais parfaitement les rois bretonnes, et que si pour une raison ou une autre, le roi n’est plus roi, c’est la reine qui doit désigner celui qui assumera le pouvoir en son absence. Alors je sais pas encore qui je vais choisir, mais certainement pas vous!
Arthur: Mais je suis toujours roi.
Guenièvre (sans comprendre) : Comment?
Arthur: Je suis toujours roi. Tant que personne arrive à retirer l’épée, ou à moins que j’échoue moi-même à la récupérer, je suis toujours roi. Alors il va falloir attendre un petit peu. (tapote la main gauche de sa femme d’un air faussement désolé)
Guenièvre: Bon. Bah vous pouvez rester! Mais méfiez-vous hein.
GENERIQUE
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb