Lancelot rêve d'Arthur.
On voit tout d'abord ce dernier courir et hurler comme un damné, Excalibur à la main. Arthur tente par la suite de retirer l'épée du rocher, alors que du sang coule de sa bouche.
L'ancien bras droit du roi se réveille brutalement, le feu brûlant devant lui.
Méléagant: Oui, c’est vrai. Ca va se produire. Arthur va replanter Excalibur dans le rocher.
Lancelot: Mais quand?
Méléagant: Dans quelques jours.
Lancelot: Il remet le trône de Bretagne en jeu… Ca veut dire qu’il a perdu le peuple! Qu’est ce que je dois faire?
Méléagant: Rien. Absolument rien.
Les loups hurlent au loin.
***
Arthur, Guenièvre et Yvain entendent aussi les loups crier. Si le frère et la soeur sont terrifiés, ce n'est pas le cas d'Arthur, qui mange tranquillement.
Guenièvre: Mais qu’est ce qui se passe avec les loups? C’est normal ça?
Yvain: Ca vous fout les jetons à vous aussi? C’est marrant hein moi, d’entendre les cris toute la nuit, j’ai fait une crise de spasmes, j’ai bavé sur tout le couvre-lit.
Arthur: Mais qu’est ce que vous voulez qu’il nous arrive?
Guenièvre: Non mais c’est plus le côté…
Yvain: Ouais, pareil, c’est plus le côté…
Arthur: Plus le côté quoi?
Guenièvre: Malédiction.
Yvain: Ouais, voilà. Là où je vois que je suis vraiment à cran, c’est que quand vous avez dit malédiction, j’ai fait une série de tous petits pets comme ça… (il mime les sons)
Arthur: Vous allez arrêter oui. Vous croyez pas que vous avez passé l’âge d’avoir peur des loups?
Guenièvre: Ah parce qu’il y a un âge où on a plus peur des loups?
Yvain: Ouais genre à deux cent ans par exemple.
Guenièvre: Et vous n’êtes pas sensible à ces cris lugubres?
Arthur: Si, je suis sensible. Mais ça me fait pas peur.
Yvain: Et ça vous fait quoi alors?
Arthur: Ca me fait pas peur, voilà. Ca me fait réfléchir heu, je prends ça comme, un avertissement.
Yvain: Ah, à avertissement j’ai un petit peu pété.
Guenièvre: Mais ils vous avertissent de quoi, à votre avis?
Arthur: Ils me signalent que, voilà, que le royaume n’a jamais été aussi mal, et puis vous qui êtes partie avec Lancelot, moi qui ai changé d’épouse, et puis on efface tout, on revient comme avant, voilà, c’est, c’est le chaos quoi. C’est le début de la fin. Un voile noir est en train de s’abattre sur nous.
Un bruit sale se fait entendre. Arthur dévisage Yvain d'un air blanc. Guenièvre, quant à elle, regarde son frère avec des yeux ronds.
Yvain: Ah bah ouais mais là, euh, le voile noir, le chaos, j’ai passé un cap hein.
Les deux époux se dévisagent, exaspérés. La reine cligne des yeux d'un air écoeuré. Elle jette un nouveau coup d’oeil à son mari. Arthur palpe ses doigts et fronce du nez. Il fixe son épouse avant de lever les yeux vers Yvain.
Arthur: Ah bah non c’est lui… (Geste de la main agacé, regarde son assiette d’un air vide)
***
Léodagan: Vous et vos conseils vous pouviez rester chez vous, pardon!
Cryda: Ah bah vous croyez peut-être qu’on a besoin de vos permissions, pour venir visiter le fils de Pendragon?
Ygerne: Hé puis faut bien quelqu’un pour les lui prodiguer les conseils, parce que si on comptait sur vous!
Séli: C’est un héritier qu’il faut pour remonter le roi dans l’estime du peuple! Replanter l’épée… Ah c’est bien des idées à vous ça!
Léodagan: Les projets pourris on est assez grands pour les trouver tous seuls sans les faire venir de Tintagel!
Ygerne: L’héritier… C’est vrai que c’est une bonne idée ça!
Cryda: Et comme ça après il ne reste plus qu’à zigouiller Arthur, et vous voilà les grands-parents du dauphin!
Ygerne: Y a pas longtemps que vous naviguez en politique, mais, vous avez très vite compris le système.
Séli: Mais c’est qu’elles nous accuseraient de conspiration, les siamoises.
Léodagan: Et d’une on a pas besoin de buter Arthur pour devenir les grands-parents du dauphin, et de deux, qu’est ce que vous voulez qu’on foute à ça à nos âges? Arthur, c’est triste à dire hein, mais j’ai fini par m’y faire.
Ygerne: C’est ça. En somme vous êtes un affectif?
Léodagan: Bah peut-être.
Cryda: A point tel que quand l’épée sera replantée dans le rocher, vous ne ferez sûrement pas partie de la cordée de pignoufs qui essaiera de la retirer?
Léodagan: Bah peut-être pas!
Séli: Non mais c’est à coups de pompes dans le cu qu’il va y aller, je m’en charge, vous inquiétez pas pour ça.
Léodagan: Parce que vous croyez peut-être que ça m’intéresse de récupérer le royaume dans cet état? Y a plus rien qui tient debout. La Table Ronde, les chevaliers, et même Kaamelott, y a des lézardes au plafond. La baraque menace de nous tomber sur la tronche. Et puis les loups arrêtent pas de gueuler, c’est mauvais signe. C’est pas le moment de prendre le pouvoir.
Ygerne: Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, vous ne risquez pas de retirer quoique ce soit du rocher. Il n’y a qu’un seul élu.
Cryda: Et c’est justement ce qu’il faut bien rappeler à tout le monde!
Léodagan hoche la tête d’un air fatigué. Séli fixe les deux femmes devant elle d’un air renfrogné.
***
Galessin: Vous êtes sûr de ce que vous dites?
Dagonet: Sûr, sûr… C’est une rumeur quoi.
Loth: Non mais c’est possible. Ce serait pas la première fois qu’il replante Excalibur pour faire oublier à tout le monde qu’il a scrupuleusement foiré tout ce qu’il a entrepris.
Galessin: Depuis la première fois où il a retiré, heu, je sais plus quel âge il avait…
Loth: Quatre ans.
Galessin: Il l’a au moins replanté une fois.
Loth: Deux. Et les deux fois mon père avait pas voulu aller me laisser tenter ma chance. Il me disait si tu deviens roi de Bretagne, y a plus de Bretagne.
Dagonet: Tiens ça me fait penser je vous ai pas adressé mes condoléances pour votre père.
Loth: Gardez-les.
Dagonet: Paraît qu’il a pas souffert, que ça s’est passé assez vite.
Loth: C’est allé relativement vite mais, il a quand même fallu que je m’y reprenne à deux fois. Je l’avais pourtant étranglé pendant cinq bonnes minutes, le fumier, il était bleu outre-mer, avec une jolie langue gonflée comme une escalope de dinde, et pourtant croyez-moi si vous voulez, il respirait encore, la vieille carme. Et, je sais pas si c’est cette respiration paniquée et sifflotante, ou alors si c’est le fait qu’il me fixait avec de grands yeux rouges, parce que tous les vaisseaux avaient pété, mais je me suis senti un peu déstabilisé. Alors je lui ai bourré la bouche avec un linge trempé dans de l’huile de lampe et je lui ai foutu le feu. Ah ça répond à votre question du coup, oui c’est allé assez vite.
Galessin: En tout cas pour moi c’est pas un très bon souvenir. (très mal à l’aise face au discours du roi Loth)
Loth (le fixe sans comprendre): Ah mais c’est vrai que vous teniez les pieds vous.
Dagonet: Mais alors du coup, puisque votre père est plus là, si jamais Arthur replante Excalibur, peut-être que vous allez essayer…
Loth: Oui, oui, oui… Et pourtant croyez-moi j’ai pas la moindre chance, mais que voulez-vous, none sed non nova, la manière est nouvelle, mais non la matière. Citation que j’ai jamais pu replacer correctement dans une conversation. (Tout le monde se tait)
***
Lancelot: Allons, soyons sérieux. Il faut absolument que je sois le premier à tenter de retirer Excalibur du rocher. Même s’il faut couper quelques têtes pour faire place nette.
Méléagant: Vous tenez absolument à vous rendre ridicule…
Lancelot: Parce que vous pensez que j’arriverai pas à la retirer, c’est ça?
Méléagant: Je n’ai rien à penser. Vous ne la retirerez pas car vous n’êtes pas l’Elu.
Lancelot: Qu’est-ce que vous en savez? (enrage)
Méléagant: Cette épée grotesque est le plus pitoyable tour de passe-passe que les dieux aient jamais bricolé pour arriver à leurs fins. Cette mise en scène ne vous concerne pas.
Lancelot: Mais pourtant… (perdu)
Méléagant (se penche vers lui): Taisez-vous. Vous êtes l'Élu, mais pas de ces dieux-là. Vous êtes l'Élu, des dieux qui récompensent la foi, la détermination. Vous êtes l'Élu des seuls dieux qui remboursent, le prix du sang versé. (se rassoit tranquillement) Laissez les imbéciles s’épuiser au rocher, concentrez-vous, car votre tâche est considérable.
Lancelot est subjugué.
***
Loth: Ah, quand on arrivera au rocher, vous ferez attention à ce que personne me barre la route. Il est très possible que des connards se mettent à huer, ou à crier au traître, vous en zigouillez deux d’un coup pour donner le ton.
Dagonet: Et qu’est-ce qu’on fait s'il a pas encore planté l’épée?
Galessin: Mais vous avez dit que vous étiez sûr.
Dagonet: Sûr de?
Galessin: Le message que vous avez reçu au château, il confirmait pas qu’Arthur a planté l’épée?
Dagonet: Non. Non. Il confirme qu’il en parle!
Galessin: Mais c’est pas vrai!
Loth: Mais pourquoi vous nous laissez atteler la carriole, alors, bougre de taré! Et il monte dedans, il s’en va, tout va bien!
Dagonet: Bah évidemment que tout va bien, je sais même pas où on va!
Loth: Hé machin! On rentre finalement.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb