Yvain: Non mais père, s’il vous plaît, admirez la beauté de l’objet ci-présent.
Léodagan: Qu’est ce que vous voulez que j’en foute de votre machin, moi, vous me prenez pour un brocanteur?
Yvain: On voit quand même pas ça tous les jours.
Séli: Oh non on pourrait pas non.
Yvain: Je vous comprends pas. J’ai quand même l’impression qu’il y a un petit fourvoiement.
Guenièvre: Moi, très honnêtement, je trouve pas ça très joli, hein. C’est, c’est tout vieux, tout en métal, il y a même pas une petite perle pour égayer heu…
Jurisconsulte: Non mais là c’est une chose qui moi, me, me fait sourire parce que, vous attendez d’être dans un royaume dont la particularité du moment est quand même de ne plus avoir de roi pour vendre une couronne. Je me trompe ou vous n’êtes pas super fut-fut?
Séli: Ah non non y a de ça.
Yvain: Ok, alors ok, mais alors maintenant j’ai envie de poser la question: est ce qu’il faut vraiment être roi pour porter une couronne?
Séli & Léodagan: De quoi?!
Yvain: Est ce qu’il faut forcément être roi pour porter une couronne?Voilà. C’est tout.
Léodagan: Roi ou con. (Un ange passe. Le jurisconsulte est éberlué, Yvain hoche la tête.)
Yvain: Bah heu en tout cas moi je la porte, ça me pose aucun problème. Non mais, je vous rappelle quand même que c’est une couronne qui est destinée à Kaamelott.
Séli: Bon, rendez-là nous alors. Essayez pas de nous arnaquer au moins.
Yvain: Bah oui mais pour la récupérer au voleur j’ai dû la payer.
Léodagan: Vous êtes gentil mais on vous a rien demandé. On s’en tape de votre couronne.
Guenièvre: Et, et vous l’avez vraiment acheté aussi cher que ce que eux vous ont demandé?
Yvain: Non, ils ont demandé un peu plus cher, mais c’est, c’est parce que il y a eu le voyage et tout, voilà du coup ça fait un peu, un peu plus cher…
Jurisconsulte: L’autre particularité de Kaamelott en ce moment c’est que personne n’est habilité à, à prendre la décision de dépenser une somme pareille, même à marchander l’objet, qui, me semble-il, pardonnez moi, est totalement surévalué. Enfin ça c’est mon point de vue.
Yvain: Mais, mais alors on fait quoi?
Séli: On fait pas!
Léodagan: Non je sais, je sais. Vous rentrez dans votre bled avec votre fourbi, puis vous arrêtez de nous casser les sabots, voilà.
Guenièvre: Oui puis de toute façon elle est vraiment pas jolie.
Léodagan: En plus.
Jurisconsulte: Oui, c’est, c’est tout à fait dégueu. (Yvain semble déçu)
***
A la taverne. Perceval et Karadoc déjeunent en compagnie du tavernier et de Merlin.
Perceval: Ca me fait bizarre quand même, d’imaginer le roi sans Excalibur.
Tavernier: Oui mais, comme c’est plus le roi, hé bah ça fait moins bizarre.
Perceval: Oui c’est vrai. Mais moi je l’ai toujours vu trimballer ce machin. Là je me demande ce qu’il a sur lui.
Karadoc: Hé peut-être une arme alternative, comme on lui a appris.
Perceval: Quoi des bâtonnets comme l’autre fois, pour piquer dans les yeux et déstabiliser?
Karadoc: Peut-être.
Tavernier: Vous, vous en avez pas un machin qui dit que vous êtes chef.
Perceval: De quoi?
Karadoc: Quel machin?
Tavernier: Un machin comme Excalibur, qui montre à tout le monde c’est qui qui commande.
Karadoc: Baaaah, pas vraiment.
Perceval: Disons que nous ça se voit tout de suite qu’on est chef. Dès qu’on parle. C’est carré, tout le monde en prend pour son cu…
Tavernier: Tout à la voix!
Karadoc: Ouais voilà nous c'est plutôt le coté… Pro-gre-ssif!
Perceval: Ouais voilà. Ah non non. Progressif c’est tout ce qui est pris en tenaille par deux troupes qui attaquent sur le côté. Non?
Karadoc: Bon ce que je veux dire c’est qu’on a pas besoin d’un machin pour montrer qu’on est chefs. Ca passe tout par le côté heu… Bah si progressif.
Perceval: Ouais ouais.
Tavernier: Oui non mais avec Excalibur bon bah... (il mime le prestige immédiat) Tandis que là bon bah faut plus faire un effort pour… (Il bouge les mains pour exprimer la compréhension. Kadoc l’imite et bouge son corps, comme s’il dansait.) Ouais hein voyez… Voilà voilà. Voilà. (Kadoc attaque une énorme miche de pain, le tavernier sourit et le regarde.)
***
Jurisconsulte: Hé, pouvez venir m’aider?
Arthur: Non.
Jurisconsulte: Non mais, y a des documents coincés sous une armoire, je ne peux soulever tout seul.
Arthur: Oui oui non mais je comprends bien, mais non.
Jurisconsulte: Non mais, vous trouvez pas que vous en faites un peu beaucoup?Et qu’est ce que vous fichez là d’abord?
Arthur: Bah vous voyez bien je lis.
Jurisconsulte: Vous lisez quoi? Ca a un rapport avec la loi sur la régence?
Arthur: Non non non. Carrément pas non.
Jurisconsulte: Hein?Alors avec quoi?
Arthur: Avec vos fesses là. Je lis tout ce qui me tombe sous la main parce que je m’emmerde, ça vous convient?
Jurisconsulte: On ne lit pas avec une bougie dans une salle d’archives! Bougre d’inconscient, c’est extrêmement dangereux!
Arthur: Foutez-moi la paix.
Jurisconsulte: Bon alors un coup de main pour l’armoire c’est oui ou c’est flûte?
Arthur: Pas moyen hein!
Jurisconsulte: Trente secondes.
Arthur: Oui bah ça va! Vous voyez bien que je me lève! C’est où?
Jurisconsulte: Là.
Arthur: Là où?
Jurisconsulte: Mais vous verrez bien je vais pas vous faire un croquis!!!! (début voix off) Voilà c’est pas méchant non? (tout se passe dans le couloir, on ne voit rien)
Arthur: Mais… Non mais vous imaginez pas qu’on va soulever ça, vous avez vu la taille du truc?
Jurisconsulte: Mais arrêtez de discuter, levez moi ce machin, et tâchez de pas me le lâcher sur les arpions.
Arthur: Quoi parce que je soulève tout seul?
Jurisconsulte: Non vous soulevez un tout petit peu le temps que je retire les papiers.
Arthur: D’accord. Et pourquoi c’est pas vous qui soulevez pendant que je retire les papiers?
Jurisconsulte: Parce que c’est moi qui ait eu l’idée en premier!
Arthur: Et puis qu’est ce que c’est que ces papiers d’abord?
Jurisconsulte: Je peux pas vous le dire y a une armoire dessus, vous soulevez oui? Là, là encore un peu mais bon dieu mais arrêtez de... (inaudible)
Arthur: Zuuuuuuut!
Jurisconsulte: Ah bravo! Alors pour être désagréable alors là alors là on est le premier hein!
Arthur: Démerdez-vous!
Jurisconsulte: Comment ça y a pas de… Ne soyez pas grossier! (fin voix off)
***
A table.
Guenièvre: Vous avez vu on est toute la famille! C’est drôlement rare hein!
Léodagan: Et en même temps si on se voyait tous les jours, est ce que ce serait autant de petites fêtes… (blasé)
Yvain: Je vous ai parlé de l’endroit où j’ai fondé mon clan?
Séli: Nous on s’en fout. Enfin, moi en tout cas, je m’en fous. (à son mari)
Léodagan: Ouais ouais, moi aussi.
Guenièvre: Oh bah allez s’il veut raconter quand même… (fait les gros yeux)
Yvain: Ouais parce qu’en fait c’est un espèce de très très grand pré…
Maître d’armes: Excusez-moi de vous interrompre…
Yvain: Comme par hasard…
Maître d’armes: Oui il faut que vous descendiez aux archives.
Séli: Qui ça?
Maître d’armes: Bah vous deux je crois, heu il me semble que c’est tout. Seigneur Yvain je suis sûr que non, ça m’aurait fait tiquer, parce que pour tout vous dire je pensais que vous étiez décédé. Et dame Guenièvre, j’ai pas souvenir.
Séli: Mais c’est qui qui demande?
Maître d’armes: Ecoutez déjà que ça me gonfle de porter les messages, faisons en sorte que ça dure pas vingt ans!!!! (Séli et Léodagan le dévisagent d’un air mauvais) Vous êtes attendus aux archives!!! Vous, vous, vous je croyais que vous étiez mort, et vous, je me souviens pas! Voilà! (sort) Zut! (une ambiance de plomb est tombée sur la salle à manger)
***
Perceval: De toute façon, qu’est ce que c’est qui peut vouloir dire qu’on est chefs?Excalibur bon c’est pas pour nous…
Karadoc: Une couronne, c’est chiant à porter!Ca fait un poids sur la tête…
Tavernier: Ah ouais puis y a un petit côté heu… Voyez ça… (mime un poids sur son crâne)
Perceval: Ah mais si y a les fauteuils! Comment ça s’appelle déjà?
Karadoc: Ah ouais les trônes!
Perceval: Ah ouais voilà.
Tavernier: Aaaaah! Ah bah oui c’est bien ça! Ca donne de la prestance.
Perceval: Ouais sauf que vos fauteuils à vous heu…
Karadoc: Oh bah déjà c’est pas des fauteuils c’est des tabourets.
Perceval: Tout de suite ça fait moins…
Tavernier: Heu c’est moins… Bah oui bah oui c’est moins! En même temps c’est une taverne je peux pas faire asseoir les gens sur des trônes. (se tourne vers Kadoc et soupire, celui-ci l’imite)
Perceval: Et puis pour les faire monter sur les tables en fin de service, ça sera sans moi!
Karadoc: Nan mais c’est pour ça, ça sert à rien toute cette histoire. C’est des emmerdements à rallonge, pour rien du tout.
Perceval: Ouais je suis d’accord. On a une autorité naturelle on a qu’à en profiter. Même si on se trimballait à poil on ferait toujours chefs.
Tavernier: Hé mais oui, mais ça c’est un petit coté que je… Je vois bien, je vois bien! (les deux amis le dévisagent, pas loin d'être vexés) C’est un petit peu le coeur en l’air.
***
Jurisconsulte (perché sur une estrade): Au vu des documents récemment récupérés, je suis en mesure de répondre à votre question.
Père Blaise: Oui ça vient d’où ce truc?
Arthur: Sous le pied d’une armoire. (fatigué)
Père Blaise: Ah carrément. (le roi est blasé et fixe le Jurisconsulte)
Jurisconsulte: Alors les documents sont formels, à Kaamelott, une femme ne peut pas gouverner.
Séli: Ben voyons. A part ça, on n’est pas du tout un gros pays de ringards. (son mari lève les yeux au ciel)
Jurisconsulte: Oui alors attendez, moi je ne vais pas du tout rentrer dans ce type de discussions, dame Séli, je... Je, je suis là uniquement dans une attitude technique, d’analyse du texte. Voilà, alors en cas de mort du roi et si l’héritier n’a pas 14 ans, la reine ne peut pas exercer elle-même le pouvoir, elle doit désigner un régent mâle.
Père Blaise: Ah bon?
Séli: Qu’est ce que c’est ces conneries là? (à son mari)
Léodagan: De toute façon y en a pas d’héritier.
Jurisconsulte: Non non mais enfin c’est… Non moi ça me semble limpide! Héritier ou pas y a plus de roi! Alors la reine désigne un régent mâle qui exerce le pouvoir jusqu’à ce que quelqu’un retire l’épée du rocher. (mime le geste, les beaux-parents d’Arthur le dévisagent d’un air perçant) C’est, c’est en accord avec vos principes, et parfaitement applicable. Non il suffit juste de rédiger un, un petit avenant. (se tait)
***
Yvain: Non. Bah en fait c’est, c’est une sorte de très grand pré… (La porte de la salle à manger s’ouvre avec force. Léodagan, Séli et le Jurisconsulte viennent se placer devant la reine.)
Léodagan: Si on vous demandait de désigner quelqu’un pour un poste prestigieux et gratifiant, vous penseriez bien à votre vieux père?
Jurisconsulte: Ah non n’influencez pas!
Léodagan: Ah j’influence juste là. Après c’est fini. Je menace.
Guenièvre: Heu oui probablement. Pourquoi? (ses parents se tournent d’un air satisfait vers le Jurisconsulte, qui prend acte d’un signe de tête)
Léodagan: Elle est toujours à vendre votre couronne? (le frère et la soeur ne comprennent pas)
Rédigé par ellielove pour Kaamelott Hypnoweb