INT. – SALLE DU TRÔNE, JOUR.
Arthur, accompagné de Léodagan, reçoit les doléances d’un de ses sujets… qui n’est nulle autre que sa mère, Dame Ygerne.
Arthur (énervé) : Pour la centième fois, mère, vous n’avez rien à foutre ici!
Léodagan : Mais évidemment! (À Ygerne) C’est une demande officielle?
Ygerne (d’un ton sec) : Exactement! Vous me prenez pour qui?
Léodagan : Bon ben allez-y, euh… Mais si ça deviens personnel je vous fous dehors, hein! (À Arthur) Non non mais excusez-moi, mais au bout d’un moment euh…
Arthur : Ah non mais si c’est pas vous c’est moi alors…
Ygerne (tonitruante) : Je viens vous annoncer la visite officielle d’une importante personnalité de Tintagel!
Arthur ne semble pas impressionné. Léodagan lève un doigt.
Léodagan : Une visite diplomatique?
Ygerne : Exactement. Il s’agit de Dame Cryda qui va…
Arthur est choqué et pointe sa mère du doigt.
Arthur : AH! AH-HA! C’est ma tante!
Léodagan : Celle que vous pouvez pas blairer?
Arthur : Celle-là même! Alors là je vous préviens, il est hors de question qu’elle foute les pieds ici, hein!
Léodagan : Ah, c’est diplomatique!
Arthur fait signe qu’il s’en balance.
Ygerne : C’EST COMME ÇA QU’ON ACCEUILLE SA TATIE?!
Arthur avorte un mouvement spontané et frappe l’accoudoir de son fauteuil.
***
OUVERTURE
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INT. – SALLE À MANGER, JOUR.
Guenièvre, ses parents, Yvain, Arthur et sa mère sont à table en compagnie de Cryda.
Cryda (à Ygerne) : Pourtant on m’avait prévenu que c’était moche Kaamelott, mais là vraiment je m’attendais pas à ça !
Léodagan est impressionné. Arthur mange calmement.
Léodagan (à Arthur) : Ah ouais, quand même…
Arthur : Non non mais là, attendez. Elle est encore un peu timide. Laissez-lui le temps de se mettre à l’aise.
Ygerne : Les pierres sont trop claires ! Je le dis depuis le début.
Cryda : Oh ben c’est pas compliqué : on dirait un tas de fumier posé sur la colline.
Guenièvre : En tout cas, je suis ravie de vous rencontrer tante Cryda !
Cryda : Qui s’est qu’elle appelle tante Cryda, celle-là ?
Séli : Bah si ! En somme, vous êtes sa tante par alliance.
Cryda : Aaah c’est vrai, le mariage !... Ah ben dis donc c’est magique hein, le mariage. En trente secondes on passe de fille de fermier à reine de Bretagne.
Léodagan : Aah, attention. Là on va pas être copain, hein.
Arthur : Non non non. Mais laissez. (Il rigole) Vous n’avez aucune chance.
Léodagan : Je vais pas me laisser traiter de pécore, si ?!
Yvain : On avait quand même une activité agricole soutenue, père.
Léodagan : La ferme !
Yvain : À la ferme, oui, mais…
Séli : Non mais la barbe ! Hein. Quand on aura besoin de vos avis on vous écrira.
Cryda (faussement affable) : Attention. J’ai rien contre les bouseux. D’habitude je mange pas avec, c’est tout.
Léodagan (à Arthur) : Ils sont tous comme ça, à Tintagel ?
Ygerne : Je vous rappelle qu’il s’agit de la belle-sœur d’Uther elle a l’habitude d’autres prestiges pour les repas.
Cryda : Ça c’était autre chose, la table du roi…
Léodagan (en pointant Arthur) : Eh ben et ça ? C’est Jo le clodo, peut-être ?
Cryda considère Arthur avec mépris.
Cryda : Mm ! Bâtard. Quand j’y pense, je pense que j’aimerais mieux être la tante d’un cochon pesteux.
Guenièvre (à Arthur) : Mais vous dites rien, vous ?
Arthur (la bouche pleine) : Non moi je reste calme. Non mais c’est bon. Profitez, allez-y.
Yvain (à Cryda) : Mais au fait, pourquoi vous êtes venue madame ?
Cryda : Pour faire parler les débiles.
Séli (À Yvain) : Ah ! On vous l’a pas volé, celle-là.
Guenièvre (À Arthur) : Je comprends pas, là…
Arthur : Non mais attendez, parce que le plus drôle c’est qu’elle peut continuer comme ça jusqu’à ce soir sans jamais se fatiguer.
Ygerne (les dents serrées) : Ne commencez pas à vous en prendre à votre tante !
Cryda : Quand je pense à tout ce qu'on a fait pour lui.
Arthur : Question de point de vue. Ah bah oui… j’estime que de six à vingt ans en camp militaire romain, j’ai pas dû vous coûter bien cher en pâte à crêpes.
Ygerne (ironique) : C’est magnifique la gratitude filiale…
Cryda : Et les clans ? Vous croyez p’t’être que vous auriez rallier tous les chefs de clans si on avait pas travaillé comme des forcenées ? (Arthur hausse les sourcils) Aah ça ! Je peux vous dire qu’y’en a eu des tartes aux prunes et des compotes de figues avant que ces gros imbéciles ne vous considèrent comme roi…
Arthur : Ils ont rien à considérer : je suis roi parce que les Romains m’ont collé roi, c’est tout. Et je vous parle pas d’Excalibur.
Ygerne : Et pourquoi ils vous ont nommé roi ?
Arthur : Bah parce qu’ils m’ont élevé.
Cryda : Et grâce à qui ?
Arthur est exaspéré. Il se penche et enlève sa botte. Une fois cela fait, il met son pied sur la table.
Léodagan : Mais qu’est-ce que qui vous prend?
Arthur désigne les lettres d’un rouge pâle marquées sur la plante de son pied.
Arthur (nonchalant) : Vous voyez les signes, là? S.P.Q.R. Senatus populus que romanus. « Le Sénat et le peuple romain ». Petit bizutage au fer rouge pour fêter mon arrivé au camp d’entraînement. (Les convives sont subjugués) C’est peut-être pas très lisible hein, j’sais pas je vois pas d’ici. Enfin…c’est que le pied a grandi depuis, hein, j’avais six ans et demi…
Ygerne et Cryda prennent un air contrit.
Cryda : On pouvait pas garder un bâtard à la maison.
Ygerne : C’est pour vous protéger qu’on vous a envoyé à Rome.
Cryda : Sinon c’est peut-être Uther lui-même qui vous aurait tué.
Ygerne acquiesce. Arthur accepte les ‘’excuses’’ d'un signe de tête. Yvain, complètement inconscient du silence empreint de malaise, tend son assiette.
Yvain : Je peux avoir du raisin de table?
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GÉNÉRIQUE
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INT. – SALLE À MANGER, PLUS TARD.
Le repas se poursuit. Les visiteuses de Tintagel prennent sur elles d’expliquer de façon diplomatique, et avec le sourire, leur antipathie pour Arthur…
Ygerne : Ce que vous explique votre tante c’est que vous êtes un mauvais fils.
Cryda : Et un mauvais neveu. Mais c’est tout hein, on va pas en faire une maladie.
Séli : Oui en gros vous êtes un zéro, quoi. C’est bien toujours ce qu’on a dit!
Yvain (content) : C’est marrant parce que moi aussi je suis un mauvais fils.
Léodagan : La ferme!
Yvain : Ouais ouais, non mais c’est classe quand même.
Arthur reste tranquille et tripote son couteau.
Guenièvre (à Arthur) : Je suis époustouflée par votre calme.
Arthur : Oh mais je l’ai bossé, hein. Ça vient pas tout seul.
Séli : En tout cas, Dame Cryda, permettez-moi de vous dire que je vous trouve extrêmement sympathique.
Cryda : Mais moi aussi, ma p’tite. Ça, on m’avait fait de vous un portrait parlé : j’ai tout de suite su qu’on s’entendrait.
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NOIR
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Elles trinquent.
Rédigé par Merlinelo pour Kaamelott Hypnoseries