INT. – COULOIR, KAAMELOTT, JOUR.
Arthur est sur le point d’entrer dans sa chambre quand le marchand Venec passe sa tête dans le couloir.
Venec (chuchote) : Sire !
Arthur : Venec ? Qu’est-ce que vous foutez là ?
Venec (lentement) : Ren–dez–vous-ce-soir. À-la-ta-ver-ne.
Arthur : Non mais j’en ai rien à foutre. (Perd patience) Qu’est-ce que vous faites ici ?!
Venec (normalement) : Ben de toute façon j’étais là, j’étais de passage.
Arthur : Non, attendez… Quelqu’un sait que vous êtes ici ? Qu’est-ce que vous faites à l’étage des chambres ?
Venec : Ben non moi j’suis rentré comme ça, j’ai vu une piaule libre… j’ai posé mon bardas et puis voilà.
Arthur : Non… non mais sans déconner vous vous croyez où, là ? (S’énerve) Dans un relais-voyageur ?! Et vous bouffez ici aussi je suppose ?! Et depuis quand ?!
Venec fige momentanément, impassible.
Venec (chuchote) : Ren–dez–vous-ce-soir. À-dix-heures.
Arthur ferme les yeux, accablé. Puis il en a marre et entre dans sa chambre.
Venec : Et in-co-gni-to !
***
OUVERTURE
***
INT. – TAVERNE, NUIT.
La taverne est bondée. Venec et un autre homme sont en conciliabule, assis à une table, quand Venec lève la main.
Venec : Sire ! On est là.
Arthur, encapuchonné, s’assied face aux hommes.
Arthur : Je vois bien que vous êtes là, j’suis pas bigleux ! (En parlant de l’inconnu) Qui c’est celui-là ?
Venec : Celui-là c’est p’têtre la solution à votre problème.
Arthur hausse les sourcils.
Arthur : Tiens donc ! Et à quel problème en particulier, j’vous prie ?
Urgan : Sire, sachez déjà que je ne suis pas homme à me méprendre sur le gaillard d’en face, mon p’tit doigt me dit que vous êtes pas la moitié d’un.
Venec (à Arthur) : Bon après on pige pas toujours c’qu’y dit… Mais attention : il est légendaire.
Arthur : Légendaire. Où ça ?
Urgan : Je suis Urgan, dit l’homme-goujon. Chevalier des mers au service de sa seigneurie.
Arthur : Chevalier des mers ? C’est-à-dire ? Vous faites partie de la flotte ?
Urgan : Ah non ! Hou là là…
Arthur : Vous êtes à mon service de quoi alors ? J’comprends pas.
Urgan : Non mais j’suis pirate.
Arthur : Pirate ?! Mais vous êtes au service de vot’ cul alors, qu’est-ce que vous v’nez me chanter avec votre « chevalier des mers » ?
Venec : Non non mais attendez ; quand il dit « au service de votre seigneurie », c’est maintenant. Ça veut dire qu’il est prêt à vous rendre service.
Urgan : Oui enfin, attention, au même titre que le bar est fermé, sauf si c’est un poisson, tout travail mérite salaire.
Venec et Urgan regarde le roi dans l’expectative. Un silence s’installe.
Arthur : Vous… commencer sérieusement à me bourrer, tous les deux. Qu’est-ce que vous voulez ?
Le pirate fais signe à ses interlocuteurs de se pencher.
Urgan : Attention sire, prêtez l’oreille sans ristournes.
Venec (chuchote) : Des fois y’a des coups, on hésite. « Est-ce que je vais faire une connerie ? ». C’est normal !
Urgan (en levant l’index) : « Tête bien-pensante est par deux fois force de décision »…
Arthur est de plus en plus énervé.
Venec : Des fois il suffit de rencontrer la bonne personne ! Urgan, tel que vous le voyez, au-delà de ses activités de pirate -
Urgan (le coupant) : Attention, je ne renie pas mon métier pour autant.
Venec : Ah non mais c’est pas ça que j’dis.
Urgan : Ah bon… parce que attention : je ne renie pas mon métier.
Venec : Non non mais je sais, je l’ai constaté par moi-même.
Urgan : Que la chose soit dite et bien dite.
Venec : Et puis, c’est fait consciencieusement.
Urgan : « Homme sans métier n’est plus apte à exercer une activité professionnelle -
Arthur est excédé et frappe la table de son poing. Les criminels se redressent.
Arthur : Vous allez me dire tout de suite ce que vous m’voulez ou je vous débaroule tous les deux au cachot !
Venec : Urgan… il fait aussi (chuchote) l’assassin.
Urgan (à voix basse) : Ça m’arrive.
Venec : Mais attention hein, l’assassin haut de gamme, vous voyez ?
Arthur : Haut de gamme ? C’est-à-dire ? Il butte que les bourges ?
Venec : Voilà, c’est ça, il butte que des bourges. Bon… c’est un peu chaud de dire les noms (il sourit)…
Urgan : Oh ben disons que j’ai pas mal travaillé en Norgalles y’a… une dizaine d’années.
La référence semble résonner chez Arthur. Il hoche la tête.
Arthur : Ah ! Ouais, d’accord.
Venec (goguenard) : Vous voyez l’genre, quoi ?
Urgan (pompeux) : « Renommé, renommé, qui es-tu renommée ?! ».
Arthur : Qu’est-ce que vous voulez que ça m’foute ?
Venec : En fait, officiellement il fait plus… l’assassinat.
Urgan : Mais bon, éventuellement, bonne proposition fait force de respect.
Venec : Tout travail mérite salaire.
Urgan : Ah ça oui !
Venec : C’est important.
Urgan : Je pourrais peut-être exercer mon apostolat de tantôt…
Arthur (étonné) : …Pour moi ?
Urgan : Pour vous.
Venec : Ah ben d’toute façon vu les tarots, y’a qu’du souverain qui peut s’payer ça, hein.
Arthur : Non mais c’est bien gentil mais… qui est-ce que vous comptez buter ?
Venec : Eh ben ? La reine !
Le roi écarquille les yeux.
Arthur : La reine ?!
Les bandits échangent un regard.
Urgan : Ben quoi, c’est pas ça qu’vous voulez ?
***
GÉNÉRIQUE
***
INT. – TAVERNE, PLUS TARD.
Les hommes ont commandé un repas et mangent.
Venec : Non mais j’suis vraiment désolé.
Urgan : Comme le bruit court, enfin vous savez, « bruit qui court n’est point de-
Arthur (l’interrompant) : Oui non, oui ça va, je connais. Simplement, le bruit court que je veux faire buter ma femme ?
Urgan : Ah ça, partout. Et je jure par voir du monde et du pays.
Venec : Moi j’voulais vous rendre service.
Arthur (la bouche pleine) : Comme si j’étais pas assez grand pour zigouiller ma femme tout seul, pff !
Urgan : Oui non mais des fois, quand on connaît trop, on hésite. Et c’est un prompt renfort.
***
NOIR
***
Arthur (off) : Mais… à titre purement informatif, vous prendriez combien ?
FIN
Rédigé par Merlinelo pour Kaamelott Hypnoseries