Arthur, Léodagan, Yvain et Séli dinent ensemble, dans un grand silence.
Arthur : Bon, c'est... heu... c'est chiant ce repas, là. Moi j'y vais, j'ai du boulot.
Léodagan : Comment ça, c'est chiant ?
Arthur : Ouais, c'est chiant. Vous êtes chiants, vous avez pas décroché un mot de tout le repas: chiant !
Séli : On n'est pas dans notre assiette.
Arthur : Ben voila, du coup vous êtes chiants! Y a jamais de demi-mesure avec vous: soit vous arrêtez pas de gueuler, soit vous passez une heure et demi à pas mouffter.
Léodagan : Bon ben qu'est-ce que vous causez là, il parait que vous avez du boulot.
Séli : Ben le boulot attendra. Y a du dessert.
Yvain : Ah ben voilà.
Arthur : Voilà quoi ?
Yvain : L'ambiance n'est pas au beau fixe, mais un bon dessert maison peut très bien ramener l'ambiance au beau fixe.
Une servante arrive et présente une tarte qu'elle a en main. Les trois hommes regardent Séli, à la fois inquiets et surpris.
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Générique
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Arthur : Bon, on va le regarder pendant combien de temps ce machin là ?
Séli : Ce machin, c'est moi qui l'ai fait ! Et c'est une tarte aux fraises.
Arthur : Oui, mais on peut en manger ou faut rester le nez dessus pendant une plombe et demie encore ?
Séli : Mais on va en manger, rassurez-vous.
Arthur : Ben, si c'est vous qui l'avez faite y'a vraiment pas de quoi être rassuré !
Léodagan et Yvain, en choeur : moi non plus.
Séli : Avant de l'entamer, je tiens à ce que tout le monde sache que je l'avais préparée pour Guenièvre, parce qu'elle aime les fraises.
Yvain : Moi aussi, j'aime les fraises.
Séli : Guenièvre est partie et on se retrouve avec la tarte sur les bras ; je trouve ça triste ! C'est pour ça que je ne me jette pas dessus comme la misère sur le pauvre monde, parce que ma fille est partie et que ça me fait mal et à son père aussi.
Léodagan : Non non, moi ça va.
Séli : Ne dites pas n'importe quoi : vous avez la mine basse et l'œil humide, vous êtes triste !
Léodagan : Non, je suis pas triste, j'ai la mine basse parce que je comprends pas pourquoi tout le monde a les yeux rivés sur une tarte aux fraises et puis j'ai l'oeil humide parce que je lutte pour pas roupiller.
Séli : Bon ben sa mère et son frère sont tristes.
Yvain : C'est à dire que moi je vous entends dire que Guenièvre est partie mais j'étais pas du tout au courant en fait.
Séli : Oh, mais c'est pas vrai ça !
Yvain : En revanche je suis triste pour un autre truc, mais ça m'embête d'en parler. J'estime que chacun a droit à son jardin secret.
Séli : Bon, allez, vous me gonflez tous, c'est si difficile que ça d'avoir une pensée pour quelqu'un qu'on aime et qui est parti ? Il faut forcément se jeter sur la bouffe comme des malheureux ?
Léodagan : Avoir une pensée c'est une chose, la mettre en relation avec une tarte aux fraises ...
Séli : Bon, ben allez, puisqu'il y a pas moyen d'être solennel, envoyez vos auges.
Yvain en avançant son assiette : Allez, par gourmandise.
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Ils mangent la tarte, Yvain se lèche les doigts.
Léodagan : Bon si vous l'avez faite pour Guenièvre moi je dis on arrête de la manger, on lui fait un petit colis et on lui envoie.
Séli : Bon, qu'est-ce qu'il y a, c'est pas bon ?
Arthur : C'est au-delà de ça, je crois. L'autre jour je revenais de la plage, je suis tombé sur un coin à fraises, je m'en suis fait un plein ventre, parce que les fraises, quand on leur fout la paix, en fait, elles sont consommables. Là, c'est aussi des fraises, probablement les mêmes d'ailleurs, mais par un procédé miraculeux que j'arrive pas à m'imaginer, on dirait des gadins.
Séli : C'est la cuisson, bande d'andouilles !
Léodagan : C'est marrant, parce que d'habitude, dans les tartes, moi je mange les fruits et puis je laisse la pâte.
Arthur : Et là, vous faites l'inverse...
Léodagan : Ah non, non, là je laisse tout, là.
Yvain secoue la main, il a l'air de souffrir.
Séli : Hé bien, qu'est-ce qu'il y a ?
Yvain : Je crois que je me suis coupé la gencive avec un grumeau cuit.
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Générique
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Séli : Mais on s'en fout, que ce soit bon ou pas, je vous dis que c'est un hommage.
Léodagan : Un hommage ?
Séli : Un hommage, pas un hommage, non mais un genre... En souvenir de la petite, quoi !
Léodagan : En souvenir de la petite. Tout de suite, des jérémiades, alors, elle aimait les fraises et je l'avais faite pour elle et puis je suis triste, ça va hé ! Elle est partie elle va pas crever! Nous en revanche, c'est pas dit hein ?
Arthur : En tout cas j'espère que vous allez pas faire un dessert à chaque fois qu'il y en a un qui se barre du château, parce que je vais pas tenir le choc, je vous préviens.
Yvain : Moi, la prochaine fois qu'il y a une tarte, je m'en fous, je m'en vais.
Léodagan : Ah ben non, partez pas il y en aurait une autre !
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Rédigé par Mamynicky pour Kaamelott Hypnoseries