INTERIEUR, JOUR, UNE REMISE DU CHATEAU
Karadoc et Perceval, torses nus, font mine de se battre avec des légumes et des morceaux de pain.
Perceval & Karadoc : Ouf, ouf, ouf…
Arthur entre et se cogne la tête contre une étagère déplacée dans le passage. Il tombe et se relève, furieux.
ARTHUR : Mais qu'est ce que c'est que ce chantier ?
PERCEVAL : Vous inquiétez pas Sire, on rangera tout après.
ARTHUR : Après quoi ? Qu'est ce que vous foutez ?
PERCEVAL : Ben, on s'entraîne.
ARTHUR : Vous vous entraînez à mettre le merdier ?
PERCEVAL : Non, mais on est sur une nouvelle technique là.
KARADOC : Toujours à la pointe !
ARTHUR : Rhabillez-vous et foutez-moi le camp d'ici bande de tarés ! Et tachez moyen de vous occuper à autre chose que d'emmerder le monde. Et rangez moi ce bordel avant que quelqu'un se fasse mal !
Arthur ressort et retombe après s'être cogné au même endroit qu'en entrant.
***
Ouverture
***
INTERIEUR, REMISE DU CHATEAU, PLUS TARD.
Karadoc et Perceval, toujours torses nus, expliquent leurs péripéties à Arthur. Ce dernier tient un tampon de tissu contre son front.
KARADOC : Un jour on était à la taverne…
PERCEVAL : On était de surveillance dans l'établissement.
ARTHUR lève les yeux au ciel.
KARADOC : Et d'un coup y'en a un qui se lève pour me taper.
ARTHUR : Vous taper ? Pourquoi ?
PERCEVAL : Non mais il était beurré.
KARADOC : Il m'a pris pour son neveu.
PERCEVAL : Et d'après ce qu'on a compris, il aimait pas son neveu parce que soi-disant il lui avait volé de la salade ou je sais pas quoi…
KARADOC : Bon, bref, moi je vais pour dégainer mon épée…
PERCEVAL : Et l'autre, il a attrapé sa cruche et il lui a pété sur la tête.
KARADOC : Enfin il m'a pas pété sur la tête.
PERCEVAL : Ah non il vous a pété la cruche sur la tête.
KARADOC : Ah ouais voilà.
PERCEVAL : Et c'est à partir de là qu'on a décidé de développer une nouvelle technique.
KARADOC : C'était notre base de réflexion.
ARTHUR : Oewff !
PERCEVAL : Quoi ? C'est pas comme ça qu'on dit ?
ARTHUR : Si, si, si, si, c'est comme ça.
PERCEVAL : Donc on a décidé de s'entraîner à combattre en se servant des objets présents dans l'environnement.
KARADOC : Première étape : Apprendre à reconnaître les objets redondants.
ARTHUR : Les objets… ?
PERCEVAL : Les objets redondants; les objets qui blessent, quoi. C’est pas comme ça qu’on dit ?
ARTHUR : Si, ah, si, si, si, pardon, les objets redondants, pardon, j’avais pas compris. Allez-y…
PERCEVAL : Allez, un exemple au hasard.
KARADOC (Il attrape un bulbe de fenouil.) : Hop, héhéhé.
PERCEVAL : Alors, Sire, est-ce que vous pensez qu’un fenouil, c’est redondant ?
ARTHUR : Ben, c’est-à-dire que je suis pas un pro du combat au fenouil, mais enfin comme ça, instinctivement, je dirais non.
Karadoc et Perceval rient.
KARADOC : C’était un piège.
PERCEVAL : Dans ce cas-là, la réponse c’est "oui et non".
KARADOC : Le débutant, qu’est-ce qu’il fait ? Il attrape le fenouil par la tige, et essaye de donner des coups avec la partie sporadique.
ARTHUR : La "partie sporadique" ?
PERCEVAL : Ouais, sporadique, c’est quand c’est en forme de boule.
ARTHUR : Hmm.
KARADOC : Vous l’auriez attrapé par la tige, on est d’accord ?
ARTHUR : Toujours dans l’éventualité où je me retrouve à me battre avec un fenouil, hein ?
PERCEVAL : Ouais.
ARTHUR : Oui, c’est possible, oui.
KARADOC : Et ben, non, en fait, qu’est-ce qu’on constate quand on observe l’objet en détail, c’est que la partie sporadique ne présente pas de prospérité, et que donc, elle est lisse.
PERCEVAL : Il vaux mieux l'attraper par la partie boulière…
KARADOC : Ou sporadique.
PERCEVAL : … et se battre avec la tige.
KARADOC : La partie tigeuse.
PERCEVAL : Dont la pointe peut être considérée comme redondante.
KARADOC : Ça va, Sire, vous suivez ?
Sans répondre, Arthur se tamponne le front avec un linge et continue à écouter.
***
Plus tard, Perceval présente une brosse.
PERCEVAL : Une fois qu'on a analysé la brosse, on sait que la partie redondante, c'est les piquants. Du coup, on s'en sert pour griffer.
KARADOC : Tout à l'heure on vu que le chapelet de saucisse n'était pas un objet redondant… et pourtant on a pu lui trouver une utilisation périmètrique en s'en servant comme un fouet.
Karadoc fouette Perceval avec une saucisse.
PERCEVAL : Aie ça fouette ! Pareil pour la flûte. Même si on l'a analysée redondante parce qu'elle est un peu pointue il vaut mieux s'en servir à agacer.
Perceval souffle dans la flûte.
KARADOC : Aaah je suis agacé ! Puisqu'il y a agacement il y a déconcentration. Et qu'est ce qu'on fait ?
Arthur fait un signe d'ignorance. Karadoc souffle, comme excédé, et lui présente un cale de camail en toile.
KARADOC : On utilise un objet que l'on avait mis de côté car il ne présentait pas de prospérité, mais qui, dans la situation actuelle, devient utile.
Karadoc se coiffe du cale dont les brides tombent sur ses oreilles ...
KARADOC : Hop ! Et je ne suis plus agacé, mes oreilles sont protégées, on peut reprendre le combat.
PERCEVAL : Vous voulez essayer Sire ?
***
Fermeture
***
INTERIEUR, REMISE DU CHATEAU.
Arthur, armé d'un nunchaku, désarme Perceval qui l'attaque avec un poireau. Arthur souffle dans la flûte. Perceval se coiffe du cale.
KARADOC : Bien ! Bien ! Très bien ! Très - belle - passe !
PERCEVAL : Attention ! Maintenant Sire, vous lâchez tous les objets !
KARADOC : On vous attaque à deux et vous improvisez avec ce qui vous tombe sous la main derrière vous.
Arthur attrape un objet lourd derrière lui et les frappe très rapidement à la tête, l'un après l'autre, de toute volée. Ils s'écroulent à ses pieds.
***
Noir
***
PERCEVAL : …Non mais Sire c'est n'importe quoi là !
***
Rédigé par Ubik3, pour Kaamelott Hypnoseries