Arthur: Bon heu, voilà, est ce que tout est prêt là? Parce que j’ai pas tout à fait fini moi! Faut que j’y retourne je vous, hein, c’est bon? (stressé)
Léodagan: Quoi qu’est bon?
Arthur: Quoi qu’est bon?Je sais pas, heu, vous les recevez?
Léodagan: Ouais. Mais qui heu, j’ai pas…
Arthur: Non, putain, non, non là ça me soule là, vous avez pas regardé le registre?
Léodagan: Nooon de toute façon on bouffe heu avec du péteux en visite là, du gars qui vient essayer de retirer l’épée, non?Comme tous les jours depuis deux semaines, alors qu’est ce que vous voulez que je foute à, à aller regarder le, le registre?
Arthur: Ouais, d’accord. Bon en l'occurrence il s’agit donc du Duc et de la Duchesse d’Aquitaine, hein, ça vaut ce que ça vaut mais vous le saurez comme ça, vous pourrez…
Léodagan: Je pourrai quoi?
Arthur: Vous pourrez quoi? Dire leurs noms peut-être au moins?
Léodagan: Pour quoi faire dire leurs noms?
Arthur: Oh p… (Il soupire et quitte la salle à manger)
Léodagan: Bah non mais… (secoue la tête d’un air agacé)
***
Duc (regarde sa femme qui lui sourit faussement, reporte son attention sur Léodagan): Donc nous pour la petite histoire on arrive tout droit d’Aquitaine. (Léodagan a un sourire forcé, la duchesse fixe son mari d’un air agacé.)
Duc: Bah quoi? (Il ne comprend pas, la duchesse secoue la tête et fixe un point devant elle. Léodagan regarde étrangement le couple.)
Duc: Eeet? (tente de parler avec Léodagan qui se force à sourire)
Léodagan: Et?
Duc: Vous?
Léodagan: Quoi et moi?
Duc: Bah et vous je sais pas heu, d’où venez-vous?
Duchesse (les yeux fermés, a honte): Oh là là, le pécore...
Duc: Mais quoi?
Duchesse: Non rien, c’est juste le fils de Goustan de Carmélide, on est en train de passer pour des gros touristes mais sinon c’est sympa.
Duc: Ah mais Léodagan de Carmélide.
Léodagan: Ouais.
Duc: D’accooord. Ah je, suis confus hein. (A sa femme) En même temps c’est pas marqué dessus.
Duchesse: Non y a que vous au monde pour être largué à ce point là. C’est le père de la reine, juste.
Duc: Alors question? Est ce que j’ai la possibilité de me montrer courtois envers les gens même si je les ai pas reconnus ou est ce que je suis obligé d’être désagréable pour faire beau?
Duchesse: Ca fait une heure que vous admirez des bibelots en souriant comme un mongole. Vous êtes dans la salle à manger du roi pour un déjeuner protocolaire. Vous visitez pas le Parthénon!
Duc: Et c’est marqué où dans le protocole que je peux pas juste, engager poliment la conversation avec mon voisin de table?
Duchesse: Bon le repas commence dans cinq minutes. Alors on stoppe l’engueulade et on essaie de coller un peu à l’ambiance ok?
Léodagan: Alors si vous voulez coller à l’ambiance moi je vous conseillerais plutôt de vous maintenir dans un registre au moins équivalent quoi. Non non parce que même là, après une heure de repas, si vous voulez tenir la distance, non, non, non, vous serez sûrement obligés de revoir le volume à la hausse. (amusé)
Séli (entre): Je vous préviens la matinée a eu sa bonne dose de pignoufs, je suis plus que crevée. Alors je préconise un déjeuner dans le calme.
Léodagan: Souvenez vous de cette phrase, parce que dans un moment quand vous essayerez d’éviter les tirs d’assiettes vous me direz ce que vous en pensez.
Duc (montre Séli à sa femme, tente d'être gentil): Donc là c’est dame Séli.
Duchesse (sourire crispé): C’est bon je sais qui c’est.
Duc: Comment vous le savez?
Duchesse: Parce que j’ai pas été élevée chez les sangliers et que je connais quand même le nom des gens qui vous invitent.
Léodagan: Alors euh, test. Voilà. (se tourne vers sa femme) C’est quoi le bocal là?
Séli: C’est pour faire parler les glands.
Léodagan: Ah! Ah bah dis donc heuuu aujourd’hui c’est sans échauffement là! Non, non mais soyez sur le coup parce que, ça peut monter en chauffe en moins de trente secondes.
Duchesse: Mais attendez heu, le roi vient pas, là?
Séli: Pourquoi, on vous revient pas nous? On a trop la touche paysanne pour vous, duchesse?(Le duc est hilare, sa femme le regarde méchamment.)
Duchesse: Heu, ouais, un petit commentaire, quelque chose?
Duc: Un commentaire?
Duchesse: Bah si vous le sentez, je viens de me faire quicher la tête, il me semble que vous étiez là, ça vous inspire là ou y a rien qui vient?
Arthur entre dans la pièce. En le voyant, la duchesse se lève immédiatement et force son mari à faire de même. La jeune femme attend que le roi lui donne le signal pour se rasseoir et l’attente semble interminable pour le couple. Léodagan et Séli les regardent quant à eux d’un air méprisant.
Duc (mal à l’aise): Heu, peut-être qu'il fallait pas se lever là?
Léodagan: Oui, peut-être pas non.
Arthur: Bien sûr qu’il faut se lever. C’est marqué dans le protocole je vous signale. A chaque fois que je rentre dans une pièce vous êtes censé vous lever. (Léodagan lève les yeux au ciel.) Si un jour j'additionne toutes les fautes diplomatiques que ça fait, je pense que je peux demander une jolie réparation.
Léodagan: Ah ça demander, vous pouvez toujours.
Arthur: Ouais. Asseyez-vous, cher duc. Ca fait plaisir de vous voir, ça fait longtemps.
Duc: Ouais, ouais, ouais. Bah ouais ça fait combien?
Arthur: Je sais pas.
Duc: Dans leeees… Heu, combien, à peu près?
Arthur: J’en sais rien. Qu’est ce que je veux dire? Heu, voyez. (Il désigne la Duchesse du regard.)
Duchesse (à son époux): Présentez-moiii.
Duc: Oui, pardon. Alors j’ai envie de dire en toute simplicité, la Duchesse d’Aquitaine. (Il sourit et désigne sa femme d’un geste. Cette dernière sourit fièrement au roi. L’homme ne semble cependant pas savoir quoi dire d'autre et un blanc s’installe.)
Arthur (mal à l’aise): D’accord.
Duc: Y aaa…
Arthur: De quoi?
Duc: Enfin je sais pas j’ai l’impression que vous…
Arthur: Non, non, non, non pas du tout, pas du tout, heu… Si, non, parce que, depuis la dernière fois que je vous ai vu, vous avez perdu quoi? Deux-cent livres, à vu de pied. En tout cas ça vous va très bien, ça vous rajeunit, vous faites trente ans de moins. (Pendant qu'il parle, le couple se dévisage d'un air perplexe. La duchesse ne comprend pas et semble en colère.)
Duc: Ah mais non, mais d’accord, vous, vous êtes encore sur l’ancienne.
Séli: Ah mais oui mais c’est ça! C’est pas celle que je connais!
Duc: Tout à fait.
Séli: Voilà.
Duc: Excusez-moi, j’ai, j’ai pas percuté, non, non, l’autre elle est morte, heu, les articulations soutenaient plus son poids. Donc elle a commencé par se remplir d’eau par les coudes, et après c’est passé aux chevilles, et c’est remonté aux genoux, et un matin elle avait tellement gonflé que j’ai appelé la garde! Alors ils sont venus, ils lui ont mis un coup de lance, et puis elle a essayé de se, de se, de se faufiler comme ça pour se cacher. Sous le buffet elle passait pas parce que bon elle, elle avait plus conscience de sa masse, donc elle restait là comme ça. Et pis quoi six heures après, elle était crevée? (Arthur est blème) Donc, la Duchesse d’Aquitaine.
Duchesse (Léodagan et Séli la fixent, elle a les yeux fermés): Alors là je cherche, mais je me souviens pas m’être autant tapée la honte comme ça.
Arthur (très très mal à l’aise): En tout cas bienvenus. Hein, voilà. Bienvenu, cher duc. La pêche. Vous êtes venu un peu pour, essayer de retirer l’épée du rocher? (Le roi essaie de ramener une bonne ambiance et se force à sourire d'un air enjoué.)
Gênée, la duchesse approuve d’un mouvement de tête et sourit à Arthur.
Duc: Heuuu… (se tourne vers sa femme)
Duchesse: Ouais. Ouais. (regarde son mari avec un air qui se veut calme)
Duc: On était plus ou moins partis là dessus, on n’est pas hyper fixés en fait. Heuu …
Duchesse (sur le point d'exploser):Ah non mais ça y est. Je comprends. Non mais ce que vous allez faire c’est que vous allez arrêter de parler en fait, et ce sera plus simple. (s’adresse à Arthur) Oui, il vient pour ça. Carrément, sire.
Léodagan: Non parce que vous savez on n’a pas vu votre tronche depuis, depuis vingt- cinq là, vous êtes bien venu chercher quelque chose quand même.
Duchesse: Voilà.
Duc: Bah c’est plutôt la petite, enfin c’est plutôt ma femme, heu, vous savez, elle se monte le bonnet, là depuis des semaines sur cette histoire d’épée, alors je sais pas, peut-être qu’elle se voit reine de Bretagne? (tout le monde rit faussement, la duchesse est livide face aux propos de son mari)
Duchesse (a honte, rire nerveux): Ouais, ouais voilà, voilà, voilà. C’est la bonne solution, me faire passer pour une connasse ambitieuse. Non, c’est très bien.
Séli: Dites, je pensais à un truc, maintenant qu’on est partis dans la convivialité, heu, est ce que j’annulerais pas la bouffe tout de suite non? Non? (Tout le monde se tait, la duchesse enrage en silence.)
***
Duc: Alors le plus simple qu’on avait trouvé pour la transporter, c’était une barge, sauf qu’une fois les amarres ont lâché et elle se retrouve à foutre le camp vers la cascade…
Séli: Comment ça se fait que vous mangez pas vos desserts?
Arthur: Heu, non, non, ça va.
Séli: Non mais ça va très bien je vous remercie, je voudrais savoir pourquoi vous mangez pas vos desserts.
Léodagan: Bah, bah c’est à dire que pour être franc, heuuu, ça, ce que ça m’évoque, c’est, c’est des abricots.
Duchesse: Ouais, pareil. On est juste un peu en plein hiver.
Arthur: Bah oui et pis ils sont pas confits enfin… Je, je comprends pas et moi, quand je comprends pas je mange pas.
Séli: Y a pas si longtemps vous aviez un enchanteur qui s’appelait Merlin. Vous vous souvenez? A force d’être traité comme une sous-merde il a foutu le camp, et bah ça ça fait partie des trois bricoles qu’il a pas prises avec lui. C’est des abricots vieux de trois ans, conservés selon un processus qu’il a inventé et dont il a jamais pu vous parler, parce que vous aviez pas le temps!
Duc: Hé bah moi j’ai envie d’essayer.
Léodagan: Non, non, non, arrêtez vos conneries, on vous dit que c’est Merlin.
Arthur (voit le duc porter le fruit à sa bouche): Non, non, non, non mais cher duc non! La seule chose que vous risquez c’est de gerber et éventuellement de mourir.
Le duc met le fruit dans sa bouche. Tout le monde le dévisage et attend sa réaction.
Duc: Mmmm … Mmmm … (Exprime son approbation aux autres convives. Léodagan et Arthur se regardent et hésitant, le roi goûte à son tour. Léodagan le fixe avec inquiétude.)
Arthur: C’est hyper bon. (Léodagan s’y met à son tour)
Séli: Bah voilà. Finalement ce serait peut-être pas mal que ce soit le duc qui retire l’épée, il se comporterait peut-être un peu moins comme un fumier!
Arthur mange en silence tout en regardant Séli. Il est clairement touché par ses propos.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb