En pleine nuit, Arthur marche dans les couloirs. Il tombe nez à nez avec Bohort, qui pousse un hurlement strident en le voyant. Effrayé, Arthur crie également.
Arthur: Bohort c’est vous? Mais ça va pas la tête qu’est ce qui vous prend?!
Bohort: Sire c’est vous? Mais quelle frayeur!
Arthur: Mais quoi quelle frayeur je vais me coucher je peux oui?
Bohort: Vous ne faites aucun bruit et vous surgissez comme un diable au détour d’un couloir!
Arthur: Mais, je vais pas jouer des claves pour m’annoncer, si? Tout le monde roupille, je fais doucement!
Bohort: Mais pour faire doucement, faut-il pour autant se mouvoir comme un assassin?!
Arthur: Bon écoutez Bohort vous me gonflez, allez vous coucher.
Bohort: Mais me coucher après une panique pareille?
Arthur: Mais quoi, mais quoi? Qu’est ce qui y a encore?
Bohort: Je suis désolé mais il faut m’accompagner jusqu’à la porte de ma chambre, c’est bien le moins que vous puissiez faire! (Arthur inspire profondément et roule des yeux, exaspéré)
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GENERIQUE
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Duchesse d’Aquitaine: Non mais je crois que c’est plus simple que ça: vous êtes une fiotte. J’ai épousé une grosse tatie, voilà. Mais quand on formule, ça pose pas de problèmes, au fait.
Duc: Alors j’ai envie de dire, d’accord. Mais ce qui me fait un peu tiquer en fait, c’est le cheminement qui vous amène à ça. J’aimerais comprendre si c’est du ressenti…
Duchesse: Ce que vous allez faire c’est que vous allez plus trop parler vers ici.
Duc (commence à s'énerver, voix froide): Alors attendez juste qu’on soit un tout petit peu clairs sur un point, retirer Excalibur du rocher, ça ne me dérange pas. En revanche, ce qu’implique la notion de compétition par rapport à ma relation avec le pouvoir…
Duchesse: Tirez-vous. Foutez-moi le camp mais trop quoi. Mettez-vous dans un coin, faites ce que vous voulez, mais moi je peux pas dormir avec une femme. Désolée, je…
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Arthur: Mais moi aussi, j’ai les pieds froids c’est pas pour ça que je vais vous les coller sur les miches!
Guenièvre: Je vous les ai pas collés sur les miches je voulais les mettre sous votre cuisse pour les réchauffer…
Arthur: Mais enfin vous pouvez pas les garder de votre côté vos arpions le plumard est pas assez grand?
Guenièvre: Dites vous seriez pas un peu chochotte sur les bords? A peine on vous touche vous sursautez comme je ne sais quoi…
Arthur: Ca m’a surpris! Je vais vous le faire moi vous allez voir si c’est agréable, allez hop!
(Le roi colle ses pieds sous la cuisse de sa femme. Guenièvre ne ressent rien et hausse les épaules d’un air indifférent.) Oui bon parce que là ils se sont réchauffés, c’est facile aussi. Seulement hé bah quand on s’y attend pas ça fait froid! C’est tout. (lit un parchemin)
***
Duc: Oui, je suis blessé. Parce qu’en premier lieu il y a de votre part une vraie entreprise de déconsidération. (lui et l'esclave ont quitté le lit)
Duchesse: Sortez, sortez! Je peux pas vous aider moi. Faut vous trouver des mémés pour discuter de vos problèmes.
Duc (crie): D’accord, alors je dors où? Parce que je vais pas demander une chambre supplémentaire à cette heure-ci! Hein, qu’est ce qu’ils vont penser?
Duchesse: Vous êtes Duc d’Aquitaine, crétin. DUC D’AQUITAINE! Vous êtes à la tête d’une des plus grandes puissances militaires du continent. Vous pouvez en demander soixante des chambres si vous voulez!
Duc: Alors pardon de faire appel à un faisceau de valeurs extrêmement surannées mais il se trouve que le Duc d’Aquitaine, non, a le respect des différences! Voilà. Non, le Duc d’Aquitaine ne va pas demander à tout le monde une chambre supplémentaire à cette heure-ci, oui le Duc d’Aquitaine va emporter lui-même son assiette à la cuisine! (furieux)
Duchesse: BARREZ-VOUS!
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Arthur (est lui aussi sorti du lit): Ah attention, attention, vous allez pas me refoutre l’héritier sur le tapis à toutes les sauces parce que… (il se met à siffler)
Guenièvre: Le tapis à toutes les sauces?
Arthur: Le tapis oui l’héritier vous allez pas me le refoutre à toutes les sauces sur le tapis parce que… (il siffle à nouveau)
Guenièvre: Les sauces sur le tapis?
Arthur: Vous allez… L’héritier, vous allez pas me le remettre à toutes les sauces parce que voilà… (il exprime son ras le bol d’un geste de la main) J’arrive même pas à siffler.
Guenièvre: De quoi?!
Arthur: Vous allez pas me remettre toutes les sauces sur le tapis! (essaie de siffler, échoue lamentablement)
Guenièvre: De quoi?!!
Arthur: Moi aussi ça m’a, ça m'a gêné. C’est pas parce que vous avez les pieds froids que je ne vous touche pas, si toutefois c’est ça la question, c’est ça que je veux dire. (tente de rester calme)
Guenièvre (énervée): Mais j’ai pas posé de question, c’est vous qui vous emballez avec vos tapis… (Arthur ne sait pas quoi répondre. D'un air digne, il s'enveloppe dans une couverture et part de la chambre.)
***
En sortant de sa chambre, Arthur tombe nez à nez avec le Père Blaise.
Arthur: On peut savoir ce qui vous fait sourire, grand cornichon?
Père Blaise: Ah mais, mais je souris pas, je, je...Pourquoi je sourirais?
Arthur: Parce que je sors de ma chambre, et que j’ai des veines du cou qui ont triplé de volume, de là vous pouvez en déduire que je me suis pouillé la tête avec L’AUTRE PATAPOUFFE! (crie en direction de la chambre) Et ça ça vous met en joie.
Père Blaise: Ah mais pas du tout. Je, je suis désolé que vous ayez eu des mots avec la…
Arthur: En tout cas il est hors de question que je me laisse donner des leçons de vie conjugale par un petit merdaillon qu’a jamais touché une bonne femme. (Il commence à partir devant un Père Blaise sidéré. Arthur fait soudain demi-tour, donne un coup de pied dans le mur et repart. Père Blaise prend quant à lui la direction opposée. Arthur emprunte les escaliers.)
***
Duchesse: Qu’est ce que c’est?
Arthur: Qui c’est qu’est là?
Duchesse: Ah c’est vous Sire!
Arthur: Bon bah je vais pas m’en sortir quoi.
Duchesse: Je peux faire quelque chose pour vous?
Arthur: Non, non, je vous remercie, bonne nuit.
Duchesse: Vous cherchez le duc?
Arthur: Non, c’est… Je cherche une piaule de libre, parce que je me suis frité avec ma femme, ça fait une heure que je tourne, tout est pris, et je ne trouve personne à virer.
Duchesse: Non bah je vais partir, Sire.
Arthur: Non pas vous! Pas les hôtes de marque. Seulement dans toutes les piaules y a un hôte de marque, par exemple à côté vous avez les gars de chez Justinien, tout le fond du couloir est pris par ces connards d’Armorique, le chef vandale, le chef ostrogothe, non y a que du gratin.
Duchesse: Et vous pouvez pas aller rejoindre une maîtresse dans sa chambre?
Arthur: Non parce que j’ai viré mes maîtresses, justement pour faire de la place au hôtes de marque.
Duchesse: Et vous voulez dormir là sire?
Arthur: Là, là? Ah non, ah bah non, diplomatiquement je peux pas me le permettre.
Duchesse: Vous avez peur du Duc?
Arthur: Sans en avoir peur, si je m’allonge là comme ça à côté de vous vu son rang, il serait en droit de me demander réparation.
Duchesse: Alors je vous explique sire, si on lui met là, une chaise dans le coin là-bas, ou non mieux ici, on l’assoit là pendant qu’on fait les pires trucs, il demandera pas réparation. C’est un style voyez.
Arthur (mal à l'aise, n'apprécie clairement pas ses propos): Oui mais non…
Duchesse (moue suggestive): Pour voir…
Arthur (hésite): Non allez non! Ca va pas commencer, ça va comme ça. (Il sort, la Duchesse est déçue.)
***
Dans le couloir, Arthur tombe sur Calogrenant.
Arthur (voit Calogrenant fixer la porte de la chambre de la duchesse et le dévisager): Oui quoi qu’est ce qui y a?
Calogrenant: Rien.
Arthur: Comment rien? Qu’est ce que c’est que cette tronche que vous tirez?
Calogrenant: Ah mais je tire pas de tronche…
Arthur: Ouais. Bon est ce que vous savez où y a une chambre de libre?
Calogrenant: Non. Tout ce que je sais c’est que celle d’où vous sortez elle l’est pas.
Arthur: De quoi?
Calogrenant: Bah non, y a la duchesse d’Aquitaine? Pas le Duc, puisque lui il est à l’autre bout du couloir, mais…
Arthur: Oh là là, attendez, attendez, attendez… Je suis rentré là-dedans par hasard, parce que je faisais le tour des chambres, ne commençons pas, il ne s’est absolument rien passé… Hé puis zut là. Zuuut! (Il part. Calogrenant souffle fortement et secoue la tête, tout en reprenant sa marche.)
***
Arthur: Oh mais c’est pas vrai ici aussi c’est pris, qui c’est qu’est là?
Duc: Ah sire.
Arthur: Ah mais c’est vous? Bah dites donc on peut dire que vous savez occuper le terrain en Aquitaine.
Duc: Non mais Sire je suis terriblement confus en fait j’ai eu une… Ouais une petite, des mots quoi avec mon épouse, une petite chamaillerie…
Arthur: Mais qui c’est celui-là? Ah mais, mais pardon, mais j’arrive au milieu de…
Duc: Non non non non, c’est bon. C’est un bougre que j’ai recueilli.
Arthur: Oui enfin en attendant j’ai pas de piaule, quoi. (hésite) Bon, hé bah les copines, vous allez me faire une place, parce que j’en ai ma claque (il se couche dans le lit du Duc) de cavaler dans tout le château, alors je m’allonge, et je dors, merci, bonne nuit.
Duc: Et votre chambre à vous alors sire?
Arthur: Hein? Non mais parce que oui je me suis engueulé avec ma femme aussi moi alors…
Duc: Ouais. Et elle vous a congédié.
Arthur: Congédié, ma femme? Il ferait beau voir! Non non mais voilà, elle m’a gonflé, je me suis tiré.
Duc: Ouais. Et vous pouvez y retourner quand?
Arthur: Bah, j’y retourne quand je décide d’y retourner. Pourquoi?
Duc: Oui oui oui, oui oui, non non mais heu je veux dire, bon, vous devez attendre combien de temps au minimum quoi, pour être sur?
Arthur: Qu’est ce que je.. Je comprends pas en fait où vous voulez en venir. Pardon.
Duc: Non mais c’est à dire que si moi par exemple je reviens maintenant, bon je sais que ma femme me laissera pas rentrer.
Arthur: Elle vous laissera pas rentrer c’est à dire?
Duc: Bah, moi, je, je vais essayer d’exprimer mon ressenti et pis elle elle va être très, très, bon bah sur la défense, très sur l’humiliation…
Arthur: Sur l’humiliation, carrément?
Duc: Ah oui oui oui, c’est à dire que là nous sommes avec une personne qui ne va pas hésiter, si vous voulez à aller piocher dans un lexique très intuitif, donc, on va être sur du blaireau, sur du peigne-cu, sur de la tarlouze… Voilà c’est pour ça que je vous demande heu, qu’est ce que vous dites vous à votre épouse pour désamorcer, quoi, le conflit?
Arthur: Est ce que… Pardon, est ce que vous vous sentiriez capable de, d’apprendre un petit texte par coeur? (un ange passe) C’est, c’est pas ce que je lui dis, je, non, ça, je...
Duc: C’est ça, ah! D’accord…
Arthur: Je vous pose la question. Vous...
Duc: Ah! Oui. Oui, oui. Oui, parce que je me disais, c’est drôle, comme… (il sourit)
Arthur: Oui, non, ça marche pas du tout là en fait.
***
Le duc rentre dans sa chambre. Il s'assoit sur son lit et croise les mains, très mal à l’aise. Il regarde fixement devant lui.
Duchesse: Non mais je rêve là, faut me pincer là.
Duc: Si c’est ma tête qui vous revient pas, vous pouvez toujours aller roupiller dans le couloir. (un ange passe) L’horreur… (murmure) Et à partir de maintenant si j’entends un mot plus haut que l’autre je vous renvoies dans votre bled da... natal à coups de pied dans le… Dans le fion. Comme ça vous pourrez aller ratisser la bouse et torcher le cu des poules, ça vous fera prendre l’air. (Le duc est très mal à l’aise lorsqu’il s'exprime. Il est hésitant, bégaie et fait des pauses à plusieurs reprises. Il bouge ses pieds en même temps qu’il parle, et semble vouloir être ailleurs. Après avoir fini son discours, il regarde brièvement sa femme, et détourne immédiatement le regard. Cette dernière est en colère et pince les lèvres mais ne répond rien. Elle dévisage son mari avec une certaine incompréhension.)
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb