Bohort et Lionel s’installent dans une tour de garde désaffectée. Bohort contemple la fenêtre, tandis que son frère observe l’endroit avec effroi.
Lionel: Oh mon dieu… J’ose à peine marcher sur ces planches de peur de passer au travers!
Bohort: Vous ne risquez rien. Posez vos affaires.
Lionel: Allons-nous réellement habiter ici?
Bohort: Nous sommes assignés à cette tour pour y tenir garnison.
Lionel: Il faudra donc y dormir?
Bohort: Évidemment! Arrêtez de claquer des dents et défaites votre bagage.
Lionel: Mais regardez cet endroit! C’est une ruine! Un coup de pied dans sa base, et, et l’édifice s’effondre.
Bohort: C’est ce que je vous ai répété durant tout le trajet! Cette tour est désaffectée depuis des années. (fixe son frère d’un air froid, celui-ci lui tourne le dos)
Lionel: Qu’est ce que nous allons faire dans une tour désaffectée? (se tourne vers son frère) C’est absurde.
Bohort (s’avance lentement vers son frère): Le seigneur Léodagan réhabilite tous les postes de surveillance désaffectés. Souvenez-vous de sa phrase. Je rendrai ses yeux à Kaamelott. (les yeux du chevalier son glacials)
Lionel: Je rendrai ses yeux à Kaamelott. Est ce que ça voulait dire que nous allions habiter dans un gourbi?
Bohort (articule): … Défaites votre bagage.
***
Lancelot marche à travers les sentiers, en direction de Kaamelott.
***
Lionel: Est ce qu’il va falloir réellement tirer sur des gens?
Bohort: Pourquoi?Vous avez un problème avec ça? (contemple la fenêtre)
Lionel (regarde ses mains): Un problème?Oui. Je suis parfaitement incapable de le faire.
Bohort: Quand vous voyez quelqu’un sur ce sentier, vous tirez sans sommation. C’est clair?
Lionel: C’est absurde! Si c’est un marchand?
Bohort: Les marchands n’empruntent pas ce sentier.
Lionel: … Un voyageur?
Bohort: Le seigneur Léodagan estime que ce sentier est la voie privilégiée des envahisseurs, on tire sans sommation!
Lionel (a peur): C’est insensé.
Bohort (se détourne de la fenêtre, puis se dirige vers son frère): Ce n’est pas à vous d’en juger! Et à la fin, croyez-vous que je vous ai fait venir à Kaamelott pour vous y voir vous conduire comme une femme?
Lionel: Si vous m’avez fait venir à Kaamelott pour assassiner le monde, vous vous êtes trompé de bonhomme. (furieux)
Bohort: C’est vous qui vous trompez de bonhomme. Je ne vous lâcherai pas. Toutes ces années d’oisiveté à Gaunes vous ont transformé en risible pantin bourgeois! (Tout en parlant, il fait des mimiques avec ses mains. Lionel le dévisage d’un air furieux.) C’est une chose que je vais éradiquer, que cela vous plaise ou non. (empoigne son frère et le projette vers la fenêtre, ce dernier est stupéfait) Prenez votre arc.
Lionel: Mon arc? Je ne sais pas m’en servir!
Bohort (ton dérouté): Quoi?Vous n’avez pas fait vos classes?
Lionel: Heu… Non! En effet. Je ne suis dit que, venir vous rejoindre ici serait probablement l’occasion pour vous de me les faire faire. (Bohort se décompose)
Bohort: Moi?!
Lionel: Bah… Vous avez toujours été le plus doué des deux pour la chose martiale. N’est-ce pas ce que père nous disait toujours? (Tout en parlant, il s’approche de son frère, qu’il dévisage d’un air acéré. Bohort ose à peine le regarder dans les yeux, honteux.)
***
Lancelot poursuit son chemin et se rapproche de la tour de garde.
***
Bohort surveille le sentier. Lionel est quant à lui en train d’éplucher une pomme avec un petit couteau.
Bohort: Mon dieu! Quelqu’un! (se réfugie dans le fond de la tour de garde)
Lionel: Mais, pourquoi vous cachez-vous?
Bohort: Il vient quelqu’un qui s’avance sur le sentier!
Lionel: Hé bien, ne devons-nous pas tirer?
Bohort: Tirer? Je, je suppose. Évaluons posément la situation.
Lionel: Mais qu’y a t-il à évaluer? Vous disiez que les ordres étaient clairs!
Bohort: Chuuuut! Arrêtez de parler, il va nous entendre!
Lionel: Si nous restons assis, nous risquons de le perdre de vue.
Bohort: Si nous le perdons de vue, nous ne pouvons plus lui tirer dessus, ça règlerait le problème!
Lionel: S’il s’agit d’un envahisseur et que nous le laissons passer, la chose ne pourrait-elle pas nous être reprochée?
Bohort: … Jetez un oeil!
Lionel: Où ça? (ne comprend pas)
Bohort: Mais en bas! Tâchez de voir s’il a progressé, discrètement.
Lionel: Et s’il a progressé, je tire!
Bohort: Mais on ne peut pas tirer sur les gens comme ça, ça n’a aucun sens!
Lionel: Alors qu’est ce que je fais?! (énervé)
Bohort: Je, je ne sais pas. (l’air désolé)
Lionel dévisage son frère en silence durant quelques secondes, l’air stupéfait. Tout en maugréant, il se relève, et observe les environs avec discrétion. Ses yeux se posent sur l’homme qui a tenté de le tuer. Il retombe sur le plancher, sonné.
Lionel: Mon dieu c’est lui!
Bohort: Lui, mais qui ça lui?
Lionel: Lancelot du Lac, notre forbans de cousin qui a manqué m’occire!
Bohort: Lancelot?!
Lionel: Je m’en vais lui rappeler ses menaces de tantôt! (s’empare de son arc et se place à la fenêtre pour viser sa cible)
Bohort: Enfin vous êtes fou! (se rapproche de son frère et tente de le stopper)
Lionel: J’exécute les ordres! Je tire sans sommation!
Bohort: Mais non! C’est notre cousin!
Lionel: Aaaaah! (pousse son frère, qui tombe au sol) Il est sur le sentier! (tire avec son arc) Oui! (Lancelot s’effondre dans l’herbe et se traîne sur le sol) Mécréaaaaaant! (Lionel jette son arc et Lancelot continue de se trainer sur le sol, cherchant refuge quelque part)
***
Chambre de l’ancien couple royal.
Guenièvre: Je peux vous demander une chose?
Arthur: Allez-y.
Guenièvre: C’est vrai que si vous aviez un fils avec une de vos maîtresses, il serait considéré comme un bâtard?
Arthur: Oui.
Guenièvre: Mais c’est quoi au juste un bâtard?
Arthur: Bah du point de vue du trône, il serait pas légitime. Politiquement il serait pas considéré comme mon fils.
Guenièvre: Et donc, il pourrait pas vous remplacer comme roi?
Arthur: Ah bah non, certainement pas non.
Guenièvre: Mais, mais vous, vous êtes pas un, bâtard?
Arthur: Heu, si.
Guenièvre: Vous êtes fils de roi mais, illégitime.
Arthur: Ouais, mais j’ai retiré l’épée moi. Retirer l’épée, ça veut dire que c’est les dieux qui vous choisissent, heu y a pas d’histoire de bâtard ou quoi que ce soit, je suis roi, tout le monde la boucle.
Guenièvre: Et si vous aviez un fils caché qui retire l’épée? Maintenant qu’elle est replantée.
Arthur: Ouais. Non mais le truc, c’est que, je crois pas que j’ai un fils caché… A priori…
Guenièvre: Avec toutes les maîtresses que vous avez eu? Vous trouvez pas ça bizarre?
Arthur: Qu’est ce que vous voulez que je vous dise moi? Le principe du fils caché c’est qu’il est caché déjà. Donc bah, j’en sais rien.
Guenièvre: Et ça vous intrigue pas?
Arthur: … Si. (ils se dévisagent, Guenièvre hoche la tête et contemple un point devant elle)
***
Chambre des régents.
Léodagan: Paf! Premier jour, première avoine! Je colle deux types dans une tour, et hop, ils me dégringolent un gars à coup de fesses dans la tronche! C’est pas de l’efficacité ça?
Séli: Qu’est ce qu’il avait fait votre gars?
Léodagan: Bah est ce que je sais moi?Il marchait là, sur le sentier.
Séli: Il marchait sur le sentier?
Léodagan: Non mais qu’est ce que vous croyez?C’est fini maintenant de marcher où on veut là, au hasard. Si on marche quelque part c’est parce que c’est moi qui l’ai demandé! Autrement, tac! Une fesse dans l’oignon.
Nessa entre dans la chambre des régents.
Séli: Ah bah quand même! C’est pas dommage!
Nessa: De quoi?
Léodagan: Mais de quoi? Mais c’est trop long! On a demandé deux tisanes, on aimerait bien les boire avant qu’il fasse jour!
Séli: Vous allez me faire le plaisir de vous secouer les miches, je vous préviens!
Nessa: Ah c’est marrant, ceux qu’étaient là avant vous ils disaient ça aussi au début.
Léodagan: Et alors?
Nessa: Bah après, quand ils ont senti que ça donnerait rien, ils ont arrêté. (pose les tisanes sur la table de nuit de Séli)
Léodagan: Je crois que vous avez pas bien compris sur qui vous êtes tombé.
Nessa: Ah, non, je crois que c’est monsieur qu’a pas bien compris sur qui il est tombé. (Elle rit et sort. Séli est outrée et tape dans ses mains. Elle fixe son mari qui arbore une mine désabusée. Il hausse les épaules et accompagne son geste d’une mimique du visage.)
***
Chambre de l'ancien couple royal.
Arthur: C’est possible, c’est possible, que j’ai une fille. Je crois.
Guenièvre: Ah bon. Avec qui?
Arthur: Avec une paysanne.
Guenièvre: Et avec qui d’autre ce serait possible?
Arthur: Mais, en fait un peu avec toutes. Bon celles qu’habitaient là je les aurais vues enceintes, quand même.
Guenièvre: Et, il faudrait forcément que ce soit un fils?
Arthur: Pour le trône, lui.
Guenièvre: Et à part pour le trône? (timidement)
Arthur: Pour moi, vous voulez dire? (se redresse dans son lit, silencieux, quelques secondes passent) C’est ça qu’il faut que je fasse. Faut que je parte.
Guenièvre: Où ça?
Arthur: Partout. Faut que je trouve mes enfants. Ya plus que ça qui m’intéresse. Demain à l’aube, je fous le camp.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb