Chambre des régents.
Séli: Bon, vous l’éteignez votre bougie ou quoi?
Léodagan: Hé oh, ça va oui?
Séli: Je me lève aux aurores pour aller secouer les miches des servantes alors éteignez-moi ça.
Léodagan: Mais pourquoi faire les servantes, on a pas d’invités.
Séli: Et votre jurisconsulte à la noix?
Léodagan: C’est pas un invité lui, on le paie.
Séli: Et alors?! Parce qu’on le paie, faut pas qu’il bouffe?
Léodagan: De toute façon, les lois sont fixées, maintenant.
Séli: De quoi?!
Léodagan: Les lois sont fixées, je suis roi, merci bien, au suivant. Heu, le jurisconsulte, heu… (il soupire)
Séli: Et alors, qu’est ce qu’il fait encore là?!
Léodagan: Mais j’en sais rien moi.
Séli: Mais vous en savez rien et vous continuez de le casquer!
Léodagan: Mais si il est là c’est qu’il doit encore avoir deux trois papelards à gribouiller non?!
Séli: Oui! Ou pas! Il a peut-être trouvé le filon pour se faire couler des bains et bouffer à l’oeil!
Léodagan: Oh mais vous voyez le mal partout… (lève les yeux au ciel)
Séli: C’est ça oui. Bon bah je vous laisse à votre sérénité, et moi je m’en vais dire à ce monsieur qu’il peut foutre le camp chez lui parce qu’on en a marre de son pif! (elle quitte la chambre, son mari la dévisaged'un air agacé)
***
Séli fait intrusion dans la chambre du Jurisconsulte, en compagnie de deux gardes armés de marteaux.
Jurisconsulte: Non mais dites donc vous pourriez frapper!
Séli: Vous aimez quand ça frappe? Ca tombe bien.
Jurisconsulte: C’est, c’est qui ceux là?
Séli: Des gardes! Je les ai emmenés avec moi pour m’aider à faire vos bagages et vous balancer par la fenêtre!
Jurisconsulte: C’est, c’est les gardes ça?
Séli: Oui. Oui non mais si, ils étaient pas de garde, ils ont pas eu le temps de s’habiller, mais enfin, vous inquiétez pas, ils ont encore assez de tonus pour vous filer des tartes!
Jurisconsulte: Et qu’est ce qui me vaut l’honneur?Vous vous êtes dit ce matin, j’ai, j’ai rien à faire, on va foutre un type dehors?
Séli: Non mais faites pas le mariole. Vous avez cinq secondes pour m’expliquer ce que vous faites encore là!
Jurisconsulte: Bah, vous m’avez engagé…
Séli: Mais je vous ai engagé pour une tâche qu’est terminée depuis plusieurs jours!
Jurisconsulte: Mais qu’est ce que vous en savez, vous êtes juriste?
Séli: Qu’est ce qui vous reste encore? Pas de bobard, parce que ça va saigner!
Jurisconsulte: Je peaufine ma loi hein, j’envisage toutes les solutions hein. Si, si on devait nommer un nouveau régent, par exemple, et que la reine meurt!
Séli: Mais pourquoi voulez-vous que la reine meurt, elle fout rien de la journée!
Jurisconsulte: Non, c’est une hypothèse! Bah personne ne pourrait nommer un nouveau régent. (rit)
Séli: Et alors?
Jurisconsulte: Et bah alors j’en sais rien! Et alors je ne sais pas, je cherche toutes les solutions! Il me semblerait d’ailleurs judicieux de nommer un premier ministre, par exemple.
Séli: On a un premier ministre, il s’appelle Lancelot du Lac. Vous voulez qu’on le rappelle? Ca sera chouette!
Jurisconsulte: Lancelot, premier ministre? (Séli hoche la tête) Ah c’est intéressant ça. Je, je vous signale que c’est, c’est précisé nul part, ça! Du coup, vous, vous voulez rester merdiques jusqu’au bout ou, ou alors on rédige un petit quelque chose pour expliquer qu’il ne l’est plus?
Séli: Et vous pensez que ça va vous prendre encore combien de millions d’années pour balayer tous les cas de figure?
Jurisconsulte: Laissez-moi finir mon travail!
Séli: Alors finissez-le vite parce que vous me tapez sur les nerfs. Alors accélérez le mouvement ou vous allez avoir affaire à moi! (Elle quitte la chambre du juriste, qui est ulcéré. Les gardes referment la porte derrière eux.)
***
Arthur sort de sa chambre, ensommeillé, et tombe sur sa femme en tenue de voyage.
Arthur: Qu’est ce que vous foutez?
Guenièvre: Je pars avec vous!
Arthur: De quoi?
Guenièvre: Oui! J’ai, j’ai préparé mon petit baluchon! Alors j’ai pris une gourde, des tartines, des fruits.
Arthur: Attendez, attendez, attendez heu, qu’est ce que c’est que ce cirque?
Guenièvre: Vous n’imaginez pas tous les services que je peux rendre en voyage, parce que du temps où je… (un ange passe) Enfin du temps où, où j’étais avec Lancelot dans la forêt, j’ai appris à faire du feu, piéger les oiseaux… Enfin ça j’aime, j’aime pas beaucoup parce que c’est les oiseaux mais bon. Heu, pécher, fabriquer un abri pour la nuit, heu… (Arthur est exaspéré)
Arthur: Non mais heu vous allez pas partir avec moi?
Guenièvre: Mais si!
Arthur: Mais pourquoi faire?
Guenièvre: Vous allez tenter de savoir si vous avez des enfants cachés, ça m’intéresse! Et puis, heu, ça me concerne quelque part heu… (Arthur fait la moue)
Arthur: Non. Ca vous concerne pas tant que ça, non.
Guenièvre: Bah, un peu quand même, heu, si j’avais été fichue de vous les faire, vous seriez pas obligé d’aller les chercher ailleurs… (son mari est géné)
Arthur: Non, mais…
La porte de la chambre du régent s’ouvre.
Léodagan: Dites, vous savez qu’à solliciter trop souvent la patience des gens, on finit par agacer. (tient dans ses mains son oreiller)
Arthur (dévisage sa femme d’un air ahuri): Bah quoi, on gueule pas!
Léodagan: Non, non, non moi non plus je gueule pas, personne gueule pour le moment. Seulement, à discutailler à voix haute devant ma piaule, la piaule, du roi, je vous rappelle (Arthur est blasé), alors que le jour est pas levé, ça va finir par gueuler. Hein, ça heu, faut vous y attendre quoi. (sourire hypocrite)
Arthur: Ecoutez, foutez-nous la paix! Voilà.
Léodagan: Pourquoi elle est déguisée en marchand de chevaux celle-là?
Guenièvre: Mais, c’est ma tenue de marche!
Léodagan: Ah parce qu’il faut une tenue maintenant pour marcher dans le couloir?
Guenièvre (regarde son mari): Mais non. C’est, c’est pour marcher dehors.
Arthur: Dites donc, sire, vous êtes sûr que vous avez pas sommeil?
Léodagan: D’accord… Faites attention. Hein. Parce que si je picole ce sera pas jojo. Bon voilà, voilà, c’est pas… (rentre dans sa chambre, Guenièvre regarde son mari et lève les yeux au ciel)
Arthur: Allez, enlevez-moi ça et allez vous recoucher.
Guenièvre: Ah non! Cette fois-ci je vous écouterai pas! Vous aurez beau taper du pied ça changera rien je pars avec vous! Que ça vous plaise ou non! (Arthur est surpris) Il est hors de question que je reste ici avec mon père et ma mère sur le trône! (mouvement de tête en direction de la chambre de ses parents, chuchote)
Arthur (semble débattre intérieurement avant de lâcher prise): Bon d’accord.
Guenièvre: Ah bon?
Arthur (plisse les yeux): Quoi ah bon?
Guenièvre: Non, je, je croyais que vous rediriez non.
Arthur: Vous avez dit que ça changerait rien!
Guenièvre: Bah heu, si vous vous étiez bien mis en rogne, je sais pas si…
Arthur (écarquille les yeux): Ah bon?!
Guenièvre: Ah non non mais maintenant que vous avez dit oui, c’est trop tard! Bon allez on y va heu… (Arthur lève les yeux au ciel, soupire, et la dévisage d’un air impénétrable)
***
Le couple marche dans la forêt. Arthur est devant, sa femme se tient un peu en arrière et peine à suivre son rythme. Elle ramasse des fleurs. Il se retourne pour la dévisager.
Arthur: Ouais d’accord ok. Donc en fait voilà, vous pouvez vous grouiller ou pas?
Guenièvre: Ah mais vous n’allez pas commencer… (s’énerve)
Arthur: C’est vous qui allez pas commencer. Vous imaginez pas que vous allez lambiner comme ça tout le trajet si?
Guenièvre: Je ne lambine pas je marche à mon rythme!
Arthur: Ah oui c’est ça. C’est ça c’est une erreur, il faut marcher au mien. (se désigne)
Guenièvre: Oh mais oui on vous connaît hein! Vite vite vite, toujours vite… Si c’est pour être essoufflé dans une demi-heure je ne vois pas l'intérêt!
Arthur: Si vous vous essouflez en une demi-heure c’était franchement pas la peine de venir.
Guenièvre: Et si j’ai envie de regarder un peu le paysage, je peux oui? (court, lève les bras vers le ciel)
Arthur: Parce que vous croyez que si vous marchez plus vite vous aurez pas le temps de le voir?
Guenièvre: Oh mais allez-y partez devant si vous êtes si pressé…
Arthur (stoppe sa marche): Vous voulez dire que, je peux partir devant? (pointe la forêt devant lui)
Guenièvre: Ah non non attendez-moi j’ai un petit peu peur.
Arthur: Ah oui c’est ça. Hé oui c’est… (sec) Dépêchez-vous. (repart)
Guenièvre: Mais bon pas trop vite quand même oh… (court après Arthur)
***
Les parents de Gauvain sont assis côte à côte dans une carriole, ils ne se parlent pas. Loth tente de dormir tandis qu’Anna fixe un point par la fenêtre. En face d’eux se trouvent Galessin et Dagonet, qui semblent exaspérés. Galessin fixe le couple, les bras croisés.
Dagonet: Je rêve ou y a pas une super ambiance? (personne ne lui répond, Dagonet croise les bras) C’est bien ce qui me semblait. Bon vous vous en foutez complètement mais je vais vous le dire quand même, moi le coup du, je monte dans la carriole, je descends de la carriole, on part, on revient, fais-ci, fais-mi, ça va doucement commencer à me gonfler. Non c’est vrai quoi, depuis que je trempe dans vos combines, je passe ma vie là-dedans.
Silence. Le couple le dévisage d’un air mauvais. Galessin est gêné. Quand Dagonet comprend qu’il n’aura aucune réponse, il souffle silencieusement. L’homme semble contrôler ses nerfs.
Dagonet: Les voyages, y a vraiment rien de tel pour se faire des amis…
GENERIQUE
Dagonet: Et à peine rentré, allez hop, défaites pas vos bagages, on repart courir après Arthur. Je me comprends.
Galessin: Si vous arrêtez pas de parler, vous allez vraiment avoir des soucis. (Anna frappe sur le mur adjacent à sa place, la carriole s’arrête.)
Anna: Descendez.
Dagonet: Qui ça?
Anna: Vous deux.
Galessin: Quoi? Moi aussi? (Anna confirme d’un signe de tête.)
Anna: Oui, descendez.
Dagonet: Mais non, mais y, y fait nuit noire.
Galessin: On sait même pas où on est.
Anna: Descendez quand même.
Dagonet: Mais et, et vous vous dites rien?
Loth: Non parce que, étonnamment, je ne fais pas partie des personnes désignées pour descendre. Comme ça tient à un fil, je me fais pas trop remarquer. (silence incrédule)
Anna indique la sortie aux deux acolytes, qui descendent sans un mot, furieux. Elle refrappe sur le mur adjacent à sa place afin que la carriole se remette en route, et agite la main, comme si une odeur la gênait.
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb