Guenièvre: Allez, dépêchez-vous, vous êtes même pas habillé! (court dans tous les sens, ferme un sac de voyage)
Arthur: Bon bah ça va, je mets cinq minutes pour m’habiller. (attablé devant son petit-déjeuner)
Guenièvre: On avait dit qu’on partait avant l’aube! Bravo hein!
Arthur: Zuuut!
Tavernier: Elle a raison sire. Si vous voulez arriver au phare avant la nuit …
Arthur: Arrêtez de m'appeler sire.
Guenièvre: Alleeeez! Si on arrive de nuit on va se faire attaquer!
Arthur: Bah je les attends les mecs. Vont pas être déçus du voyage.
Tavernier: Allez sire, on sait pas ce qui traine sur cette route!
Arthur: Arrêtez de m’appeler sire.
Tavernier: On entend des tas d’histoires.
Guenièvre: Ah bon?
Arthur: Mmm.
Tavernier: Bah comme quoi qu’y aurait une équipe de tire-laines, de malandrins, qui seraient postés, au moment où c’est qu’y a des rochers en surplomb, voyez!
Guenièvre: Non…
Tavernier: Non? Ah bah comment, comment vous décrire… Bon vous voyez le bois?
Guenièvre: Heu quel bois?
Tavernier: Bah le bois pour aller aux fermes.
Guenièvre: Non, non.
Tavernier: Hé bah heu à un moment y a des rochers en surplomb. Hé bah c’est là qu’ils sont postés. … Soit-disant.
Guenièvre: Et, et ils sont dangereux?
Tavernier: Je pense bien. Il paraîtrait même, mais ça, heu, c’est des on-dit, hein, à prendre avec des circonflexes…
Arthur s’effondre par terre et se relève, sonné. La reine et le tavernier se tournent vers lui.
***
Venec est fièrement perché sur un rocher situé en hauteur, tandis que ses hommes, installés sur l'herbe en contrebas, l'écoutent attentivement.
Venec: Savoir identifier ses erreurs, je pense que c’est notre grande force. N’est-ce pas ce que nous sommes en train de prouver aujourd’hui? En analysant efficacement nos résultats, et en proposant une reprise en main de nos ambitions ferme et volontaire? Alors, un petit récapitulatif. Les résolutions, quelles sont-elles? Ne pas s’effrayer en cas de réaction d’une victime. On l’a dit, dans la majeure partie des cas, la fermeté et la conviction dans l’attaque suffisent à pétrifier la cible. Il peut arriver, une fois de temps en temps, de tomber sur une victime qui ne perd pas son sang-froid. Ca n’est pas une raison pour se barrer à toutes jambes, j’espère que c’est bien clair pour tout le monde! Une question? (un des hommes lève la main) Oui, tout à fait?
***
Le couple royal et le tavernier marchent dans les champs.
Guenièvre: Vous avez entendu? (s’arrête de marcher)
Arthur: Quoi encore?
Tavernier: Moi j’ai rien entendu.
Guenièvre: Pourtant je suis sûre…
Tavernier: C’était peut-être la chèvre.
Guenièvre: Non mais, j’ai, j’ai l’impression que ça venait de là-bas, dans les arbres!
Arthur: Ah bah heu oui, c’est-à-dire c’est une forêt quoi, y a des bestioles, des machins, on va peut-être pas s'arrêter à chaque fois qu’on entend une branche qui craque, si?
Guenièvre: Mais si c’est des bandits?
Tavernier: Ah non, dites pas ça vous allez nous coller la poisse! (le roi est ulcéré)
Arthur: Bon dieu mais quand on se fera attaquer par des bandits on sera les premiers au courant, c’est pas la peine d’écouter si y a du bruit dans les arbres! Alors grouillez-vous maintenant!
ll part en avant sans attendre personne. La reine et le tavernier se fixent un instant avant de le suivre d’un air apeuré. Guenièvre marche tout en jettant de fréquents coups d'oeil derrière elle.
***
Dans la tour de guet.
Bohort (l’air abattu): Oh mon dieu!
Lionel: Que se passe-il?
Bohort: Des gens sur le sentier!
Lionel: Qu’est ce qu’on fait? On tire?
Bohort: Mais assez bon sang! Il ne vous a pas suffit de l’autre fois!
Lionel: L’autre fois j’exécutais les ordres.
Bohort: Hé bien arrêtez d'exécuter les ordres vous êtes ridicule!
Lionel: Et s’il s’agit d’envahisseurs?
Bohort: Les envahisseurs sont censés voyager de l’extérieur vers l’intérieur, pas l’inverse.
Lionel: Les envahisseurs ne s’attardent pas à ce genre de détails.
Bohort: Mais réfléchissez nom de nom, c’est complètement crétin! Ces gens-là voyagent avec une chèvre!
Lionel: Et après? Vous pensez que le seigneur Léodagan a demandé de tirer sur tous ceux qui empruntent ce sentier, sauf sur ceux qui ont une chèvre?
Bohort: Les envahisseurs ne voyagent pas de Kaamelott vers la côte avec des chèvres!
Lionel: Vous m’expliquerez, quand vous aurez le temps, ce que nous fabriquons dans cette tour de garde si nous nous obstinons à ne vouloir tirer sur personne.
Bohort: On prend l’air! Considérez que nous sommes en villégiature à la campagne!
Lionel: Bon. Et alors je fais quoi? Je tire ou je tire pas?
Bohort: ... Vous prenez votre arc, et vous le bouffez, espèce de dégénéré sanguinaire! Et si je vous vois tenter quoique ce soit contre ces pauvres malheureux, c’est moi qui vous tire dessus!
Il menace son frère de son arc. Ce dernier lève les mains, effrayé par la réaction de Bohort.
***
Lancelot est allongé dans l’herbe, inconscient. Venec le palpe avec une fougère pour voir s’il représente ou non un danger. Ses hommes se tiennent éloignés, prudents.
Venec (à ses hommes): C’est bon. Vous pouvez venir. C’est pas dangereux. Bon. Alors là, deux choses: premièrement je le connais personnellement. Bon bah aujourd’hui je vais faire abstraction, hein, parce qu’il faut quand même bien qu’on bouffe, mais normalement, on attaque pas les gens avec lesquels on a traité par le passé. Deuxièmement. Bon là, il est à moitié crevé, donc on risque rien, mais ça veut pas dire qu’ils seront tous à moitié crevés! Hein! C’est quand même déjà exceptionnel de tomber sur un gars qu’est déjà à moitié…
Il se retourne et se retrouve nez à nez avec un Lancelot furieux. Ce dernier a repris conscience et a réussi à se mettre sur les genoux. L’ancien chevalier frappe Venec dans le ventre, à l’aide d’un bâton en bois. Le bandit hurle de douleur.
Venec: Ah! Héhéhéhé, attendez-moi! Oh attendez-moi bon dieu ou je vous préviens je vous vire tous!
Il court vers ses hommes, tandis que Lancelot se rallonge, très affaibli.
***
Dans les champs. Le couple royal et le tavernier se sont arrêtés de marcher en entendant les cris de Venec.
Guenièvre: Là vous allez pas dire que vous avez rien entendu?!
Tavernier: Ah si là y a quelqu’un qu’a crié…
Arthur: Non. Ouais ça… Ça venait de là-bas je crois. (pointe du doigt la forêt)
Guenièvre: Bon qu’est ce qu’on fait on fait demi-tour?
Arthur: Demi-tour?! Ah non mais ça va je vais aller voir ce que c’est, vous vous restez ici, je reviens vous chercher.
Tavernier: Et, et si ils vous tombent dessus et que vous revenez pas?
Arthur: Bon bah on verra…
Guenièvre: Mais on verra quoi si vous revenez pas?!!!! (terrifiée)
Arthur: ... Faites ce que je vous dis et foutez-moi la paix, là!
Il part, furibond. Guenièvre est au bord des larmes et s’accroche au bras du tavernier qui est lui aussi inquiet.
***
Lionel (s’apprêtait à décrocher une flèche du mur): Vous avez entendu? Le cri!
Bohort (tient son arc contre lui, apeuré): Oh mon dieu… Il se trame quelque sombre affaire dans cette forêt maudite.
Lionel: Qu’est ce qu’on fait?On tire? (observe les environs par la fenêtre)
Bohort: On tire?Mais sur quoi voulez-vous donc tirer encore?Si ça vous démange à ce point-là, vous n’avez qu’à tirer sur moi, après tout, vous avez déjà abattu notre propre cousin…
Lionel: Mais, nous sommes de garde et il y a des cris!Il me semble tout à fait curieux de ne pas intervenir!
Bohort: Mais pour intervenir il faudrait partir en direction des cris. Hors je vous rappelle que nous sommes consigné dans cette tour!
Lionel: Alors on va laisser les gens s’entretuer sans rien faire. (il fixe son frère avec colère)
Bohort: Exactement. Considérez que ça ne nous regarde pas!
Lionel: Ah bon! Vraiment! La chose militaire me restera mystérieuse jusqu’au bout. (se place face à son frère, son arc en main)
Bohort: Vous n’aviez qu’à faire vos classes. (Il joue des sourcils. Lionel baisse les yeux, blême.)
***
Arthur marche dans les champs. Il tombe sur le morceau de bois avec lequel Lancelot a frappé Venec, ce dernier est empreint de sang. Perplexe, le roi lance l’objet dans l’herbe et poursuit son chemin. Il trouve alors du sang frais par terre, qui lui salit les doigts. Malgré son observation des alentours, il ne voit pas Lancelot, mourant et allongé de l’autre côté du champ. Bredouille, le roi part chercher sa femme et le tavernier.
***
Guenièvre: Alors?
Arthur (geste d’impuissance): Non. Rien. Peut-être des bestioles qui se sont battues.
Guenièvre: Des bestioles?!
Tavernier: Non mais sire vous allez pas nous dire que c’était des bestioles quand même!
Arthur: M’appelez pas sire.
Guenièvre: Vous êtes allé là-bas et vous n’avez rien remarqué?
Arthur: Si, fin, non, non un peu de sang par terre… Voilà, en tout cas là y a plus rien, on peut y aller.
Guenièvre: Oh bah oui, y a du sang par terre, ça crie, mais on y va quand même, hein, pas de problème! (se tourne vers le tavernier)
Tavernier: Ah bon dieu que j’ai craint ça!
Guenièvre: En même temps si c’est des bestioles y a peut-être plus de chance qu’elles s’en prennent à la chèvre qu’à nous. Ouais. (lève les mains en l’air)
Arthur: Hé. Je vous dis qu’on peut y aller. (Il s'éloigne. Après un moment d’hésitation et un haussement d’épaules de la reine, les deux autres le suivent.) Allez!
***
Les deux frères sont assis par terre et adossés contre un mur. Ils semblent épuisés.
Lionel: Les envahisseurs n’emportent-ils jamais avec eux leur propre nourriture?
Bohort: Qu’est ce que vous voulez dire?
Lionel: Si je devais envahir un pays je pense que j’emporterais avec moi la nourriture nécessaire. Ce qui expliquerait la présence de la chèvre.
Bohort: Mais vous êtes encore là-dessus? C’est de l'obsession hein!
Lionel: Une chèvre vivante ne s’avarie pas, et y'a pas besoin de la porter, puisqu’elle marche. C’est drôlement futé hein quand on y réfléchit! (il rit, son frère est à bout de patience)
Bohort: Ces gens n’étaient pas des envahisseurs.
Lionel: A la limite ce que nous pouvons faire, vous vous restez ici, comme ça il ne sera pas dit que nous avons déserté notre poste, et moi je pars à la poursuite de ces malfrats.
Bohort: Il est absolument hors de question que je reste seul dans cette maudite tour! Quant à vous si vous ne pouvez vous passer de tuer quelqu’un, passez donc vos nerfs à tirer sur un oiseau! Ca aura au moins le mérite de constituer notre pitance de ce soir. (Il regarde fixement devant lui. Son frère ferme les yeux, frustré.)
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb