Arthur, Guenièvre et le tavernier se rendent chez Guethenoc. Le tavernier frappe à la porte de la maison.
Tavernier: Voici voilà!
Guethenoc: Oh bah celle-là alors elle est pas mal!
Tavernier: Hé en plus du bestiau je vous ramène du rupin! (le roi et la reine entrent, mal à l’aise)
Guethenoc: Oh bah ça pour une surprise! Hé dites regardez qui c’est qu’est là!
Femme: C’est celui-là votre copain jausse?
Guethenoc: De quoi, mais non! Mon copain jausse, bon dieu qu’elle est con, excusez sire hein…
Tavernier: Non alors là attention parce que vous allez vous faire appeler Geoffrey.
Guethenoc: Non je sais, je sais bien sire nous autres aussi on a bien su là. Le coup de l’épée et tout… D'ailleurs je sais pas ce qui faut que je vous appelle maintenant, heu sire ou pas sire?
Arthur: Pas sire.
Femme: Mais qui c’est qui l’appelle sire celui-là?
Guethenoc: Mais nom de nom de nom c’est le roi Arthur ça enfin! Enfin anciennement le roi Arthur quoi! Allez pas nous faire passer pour des bourrins! (sourit au roi, ravi de le voir)
Femme: Anciennement le roi Arthur non mais vous auriez pas un peu forcé sur les champignons?
Guethenoc: Ecoutez enfin, tâchez moyen de faire un effort hein parce que si je dois passer pour un trou de balle à chaque fois que vous parlez, bon.
Femme: Et qui c’est celle-là? Cléopâtre?
Guethenoc: Mais non! Ca, c’est, c’est anciennement, encore pareil, la reine Guenièvre.
Guenièvre: Ah bah non moi c’est pas anciennement!
Guethenoc: En tout cas ça fait bien plaisir! Hein, moi, je, j’attendais personne moi alors ça tombe bien! Ca tombe bien…
Roparz: Nom de dieu! Qu’est ce qui se passe dans la boutique c’est la fête du boudin? (entre dans la pièce)
Femme: Ah regardez qui c’est qui se radine à l’heure de la bouffe.
Roparz: Moi ce sire! En chair et en personne.
Guethenoc: Dites vous avez pas des tâches agricoles vous non?
Roparz: J’ai fini! Je venais pour vous emmerder mais là ça m’a coupé le sifflet.
Guethenoc: Bon bah on parle on parle va peut-être falloir penser à s’humecter les boyaux hein!
Tavernier: Hé bah c’est vrai que c’est l’heure de la boisson! (se dirige vers la table du salon)
Roparz: Pour l’occasion j’espère que vous allez faire péter du haut de gamme!
Guethenoc: En hommage aux visiteurs de prestige. (désigne le couple royal)
Roparz: Qu’est ce qui, qu’est ce qui nous sert…
Guethenoc: Hé bah là y a un peu de tout, y a un peu de tout… (présente à ses visiteurs les bouteilles posées sur la table)
Tavernier: Aaaaaah… (regarde les bouteilles)
Guethenoc: Là quatre vingt dix, là quatre vingt… Et de la sangille soixante-dix… (inaudible)
Arthur: Non mais on, on va pas rester longtemps… (à sa femme)
Guenièvre: Ah voilà. Oui c’est ce que j’allais vous demander. (bruits de fonds inaudibles)
Guethenoc: Là-bas on va le redescendre.
Tavernier: Et alors ça c’est? (désigne une bouteille)
Guethenoc: Ah! (inaudible)
***
Lancelot est toujours couché dans le champ. Sa main gauche est posée sur sa blessure. Il ouvre les yeux en entendant quelqu’un l’interpeller.
Viviane: Hé! Hééé! Je suis pas une spécialiste mais à mon avis là vous allez mourir hein.
Lancelot: La dame du lac…
Viviane: Votre copain en noir où il est?Il vient pas vous aider?C’est curieux non?Vous trouvez pas?
Lancelot: Foutez-moi la paix.
Viviane: Et pourquoi vous n’utilisez pas la routine magique?
Lancelot: La routine magique?
Viviane: Evidemment vous l’avez oubliée! Pourquoi, parce que quand vous étiez petit vous n’étiez jamais à ce que vous faisiez! C’était toujours la croix et la bannière pour vous maintenir une minute concentré!
Lancelot: La routine de guérison des plaies…
Viviane: Voilà! Seulement je vous préviens, moi je m’en souviens plus. Alors si ça vous revient pas, je peux pas vous aider.
Lancelot: Non je, je suis incapable de me rappeler des mouvements.
Viviane: Faut mettre l’autre main sur la plaie, déjà.
Lancelot (s'exécute): Il, il faut que je me souvienne, ça commençait sur quelle phalange?
Viviane: Ah non mais ne me demandez pas ça, si je vous dis que je n’en sais rien, c’est que, je n’en sais rien.
Lancelot: C’est impossible, ça fait trop longtemps!
Viviane: Je suis désolée si je vous ai donné de faux espoirs… Seulement vous vouliez toujours en faire qu’à votre tête! Hé bah vous voilà bien rattrapé maintenant. (Lancelot referme les yeux)
***
A table. Guethenoc remplit les verres de ses invités.
Guethenoc: Hé ah mais oh! C’est la marée basse ou faut vous forcer le foie là? Allez allez allez allez oh bah allez allez allez! (remplit les coupes de Roparz, du tavernier et de sa femme)
Tavernier & Femme: Hé hopopopopopop! (protestent devant la quantité versée)
Guethenoc: Allez oh… (s’assoit à côté de sa femme)
Arthur: Ah non non mais non, moi je peux pas picoler comme ça…
Guethenoc: Mais ça peut rien vous faire, y'a que du fruit!
Roparz (au roi): Quand j’étais jeune, je pouvais faire rentrer un pigeon directement dans la bouteille sans la casser! (Guethenoc et sa femme soupirent, affligés) C’est pas compliqué vous prenez un pigeon, vous y faites sécher jusqu’à ce que ce soit presque friable. Après vous y mettez sur le, sur la branche de prunier, autour de la fleur, comme ça la poire elle pousse directement à l’intérieur du pigeon séché et avec le liquide, ça g..., ça gonfle hein, ça fait reprendre une, heu, ça fait reprendre une forme de pigeon! (s’effondre sur la table)
Femme: Il va encore falloir le ramener en brouette celui-là! (son mari secoue la tête et boit le contenu de sa coupe)
Guenièvre: J’ai mal derrière les yeux c’est normal? (à Arthur)
Tavernier: Ouais j’en ai de celui-là là dans mon établissement personnel. Mais j’en vends uniquement à ceux qui sont déjà mourants.
Guethenoc: Mais heu, dites-moi sire, vous ne, vous ne, vous ne m’avez pas encore dit pourquoi, qu’est ce que vous faisiez dans, dans la région.
Arthur: Oui je, j’ai déjà pas tellement eu l’occasion d’en placer une. (sourire crispé)
Guenièvre: On est en voyage.
Femme: Ah, ah en voyage de quoi?
Guenièvre: En voyage de… Bah, je sais pas si on peut bien dire heu… (se tourne vers son mari)
Arthur: Je cherche votre fille.
Guethenoc: Ma fille? Laquelle de fille?
Guenièvre: Madenn!
Guethenoc: Madenn elle est pas là! (sec)
Femme: Elle, elle, Madenn elle est auprès heu, auprès les bêtes.
Arthur: Vous vous souvenez de la fois où vous êtes venu à Kaamelott pour m’engueuler, comme quoi soit-disant c’est moi qui l’avait mise enceinte?
Guethenoc: Si je me souviens?
Femme: Oui, comment que ça s’est soldé cette histoire-là?
Guethenoc: Ça s’est, ça s’est soldé qu’on m’a, qu’on m’a prié d’aller me faire fiche. (Arthur le dévisage)
Tavernier: C’est pour ça, moi j’ai jamais été rien réclamer à Kaamelott. Et puis déjà j’aime pas bien aller pleurnicher, je bricole mes combines dans mon coin, je préfère aller escroquer plutôt qu’aller embêter autrui. Voyez!
Guenièvre: Bah en fait c’était vrai elle était enceinte de lui!
Guethenoc: Ah!
Femme: Ah!
Arthur: Mais non! Mais non, qu’est ce que vous racontez, qu’est, qu’est ce que c’est, on, on en sait rien.
Guenièvre: C’est, c’est vous qui m’avez dit…
Arthur: C’est vous qui m’avez dit, ça, qu’est ce, qui c’est, qu’a dit quoi, qu’est ce que j’ai dit, j’ai dit peut-être, voilà. (Guethenoc dévisage le roi d’un air mauvais) Parce que attendez sinon là ça veut dire qu’on fait partie de la même famille, et puis qu’il faut repicoler. Alors ça … (siffle)
Roparz: Bon! Il faut peut-être faire tenir un balai en équilibre sur le pif pour se faire servir ou quoique ce soit?
Femme: Madenn, des gamins, elle en a tellement eu que j’ai jamais été foutue de retenir les prénoms, moi.
Guethenoc: Moi, moi, moi, mon maître, j’en ai cinq ou six devant le nez, j’ai encore les traits bruns. On a pas le temps nous, nous autres, pour ces choses-là.
Roparz: Vous allez encore vous plaindre que nous autres paysans on travaille trop, on se lève tôt, alors que vous en foutez pas une rame du soir au matin.
Femme: Madenn elle est trop, voyez! A, à peine un type jette un oeil dessus, pop, elle est enceinte.
Tavernier: Bah, il, il faut quand même admettre qu’elle, qu’elle, qu’elle est mignonne la petite hein. C’est vrai hein. Voyez, quand, quand, quand on la voit hé bah puis qu’on vous voit vous, on a du mal à, à faire le rapprochement voyez… (les parents de Madenn le regardent étrangement)
Guenièvre: Et donc vous savez pas lequel de vos petits-enfants est le fils d’Arthur?
Tavernier: Ou la fille.
Femme: Non mais je, je sais qu’elle en a fait avec un type, un gros, tout vilain, des fois on le croise, il a plus un chicot dans le bec. (son mari secoue négativement la tête)
Guethenoc: Mais non, mais non, mais non, on, on est même pas vraiment sûrs que, que ce soit lui.
Roparz: Moi je lui en aurais bien fait un, mais jamais eu moyen. Soi-disant je picole trop et, ça fait des gosses déformés. (Arthur a l’air dépité)
Tavernier: Bon oui, maintenant qu’on se connaît mieux, je peux quand même vous dire, que bon bah, normalement il serait possible qu’elle en ait un qui soit de moi. Il serait…(mime des guillemets)
Guethenoc: Hé bah mon cochon! (Le tavernier arbore un sourire stupide. Il est clairement saoul. Arthur semble épuisé et se prend la tête entre les mains. Sa femme presse son bras en signe de réconfort.) Mais sire, si, si vous, si vous voulez vraiment savoir, il suffit, il suffit que vous lui demandiez directement! Moi demain matin, moi je, je pars la rejoindre là aux pâturages, vous n’avez qu’à me filer le train et pis c’est tout.
Femme: Bon mais moi j’ai rien compris. Vous voudriez qu’elle en ait un de vous ou vous voudriez pas?
Arthur: … Ouais. Oui je voudrais bien. (se pointe d’abord du doigt, avant de désigner le couple) Ce que je voudrais pas c’est que ça donne un prétexte pour que vous et moi on se voit plus souvent. (Silence. La reine est gênée et approuve Arthur d’un signe de tête.) Parce que ça honnêtement heu… Non… Non.
Guenièvre: Non.
Guenièvre hoche la tête de gauche à droite. Guethenoc dévisage le couple et lève les mains en l’air, en signe de reddition.
***
Lancelot: Ne me laissez pas!
Viviane: Vous savez que c’est justement parce que vous n’étiez pas capable de retenir cette routine que les dieux m’ont confié Arthur à la place de vous?
Lancelot: Aidez-moi à me souvenir!
Viviane: Je vous avais même inventé une comptine pour vous aider à vous souvenir des gestes.
Lancelot: Quelle comptine?!
Viviane: Mais je m’en souviens plus, avec une barrière, une rivière, un genre de pense-bête quoi.
Lancelot: La barrière?!
Viviane: Le chevalier blanc heu…
Lancelot: Le chevalier blanc traversera la rivière…
Viviane: La barrière…
Lancelot: Non non y a quelque chose avant la barrière! Aidez-moi!
Viviane: Non je m’en vais. Je déteste voir mourir les gens! (part)
Lancelot: La comptine!
Viviane: Si je me la rappelais je vous la dirais!!!! (rugit)
Rédigé par Ellielove pour Kaamelott Hypnoweb