Le lendemain matin, à table.
Guenièvre: Oh non mais faites un effort quoi! On attend plus que vous!
Arthur: Zut. Zut. Zut zut. Re-zut et re-zut derrière!
Guethenoc: On est pas à Kaamelott là sire. A la campagne on se lève pas à midi.
Femme: Sans cela c’est pas la peine de tenir une ferme.
Arthur: Bah je tiens pas une ferme ça tombe bien… Entre parenthèses j’ai passé quinze ans de ma vie dans un camp militaire, je me levais tous les matins à quatre plombes. Maintenant excusez-moi, je trouve légèrement bourrant de me retrouver complètement décarré devant mes trois quignons de pain alors que le jour est même pas levé!
Guenièvre: Oh non mais vous vous rendez compte si j’en faisais un plat pareil moi?!
Arthur: Bah on se lèverait plus tard et je vois pas où est le problème.
Guethenoc: C’est une tradition sire! Quand on voyage on se lève tôt!
Femme: Pour pas voyager de nuit.
Arthur: Alors avec la cargaison de rouquins que vous êtes en train d’embarquer dans votre sac vous serez beurrés comme des tartines avant midi. Alors dans l’état où vous serez vous risquez pas de voyager de nuit, soyez tranquilles.
Guenièvre: Oh non mais vous êtes gonflé! Moi je bois pas!
Femme: Moi si mais je viens pas avec vous alors. (moqueuse)
***
Arthur, Guenièvre et Guethenoc se rendent aux pâturages. Le paysan marche à gauche, le roi au centre et sa femme à droite. Elle lui tient le bras.
Guethenoc: A une époque moi je me suis dit tiens, tu devrais arrêter le mouton, qui est une activité très très très fastidieuse et qui finalement rapporte pas autant qu’on croit.
Arthur: Non c’est, non, vous pouvez arrêter? Vous pouvez arrêter?
Guethenoc: Mais qu’est ce qui y a?
Arthur: Mais enfin ça fait quinze lieues que vous nous pétez les noyaux avec vos bestioles. Les moutons les chèvres les poules vous croyez que ça nous intéresse ça?
Guethenoc: Bon bah si faut pas parler je parle pas.
Guenièvre: Si on pourrait peut-être parler d’autre chose.
Arthur: Ah là là mais c’est pas vrai, les poules heu c’est plus ce que c’était, les chèvres c’est pas rentable, maintenant les moutons c’est fastidieux, vous savez même pas ce que ça veut dire fastidieux!
Guethenoc: Quoi, fastidieux! Et pourquoi je saurais pas ce que ça veut dire fastidieux, parce que je suis un gros con de paysan c’est ça?
Arthur: Alors d’accord alors d’accord qu’est ce que ça veut dire?!
Guenièvre: Oh mais moi non plus je sais pas ce que ça veut dire fastidieux!
Arthur: Oui mais non mais vous ça va c’est bon…
Guethenoc: Ah bon alors elle c’est bon parce que c’est une bourgeoise, elle, elle c’est bon. Hein. Voilà.
Guenièvre: Moi je dirais que fastidieux ça veut dire qui est responsable de. (sons désapprobateurs des deux hommes) Ah c’est pas ça?
Guethenoc: Oh non non non non non. Non non non. Fastidieux, moi quand je dis fastidieux, pour les moutons, pour les moutons hein, heu, heu, ça veut dire qu’on se les caille à se lever aux aurores pour, pour s’en occuper, que ça pue et qui c’est qui ratisse la merde de la bergerie c’est bibi. Voilà, voilà, voilà, voilà ce que ça veut dire. Hein, alors, alors, si vous voulez, je dis, je dis, fastueux, voilà comme ça.
Guenièvre: Fastueux ou fastidieux?
Guethenoc: Pourquoi qu’est ce que j’ai dit? Ah non fastueux. Non, bah non fastidieux. Pardon.
Arthur: Fastidieux.
Guenièvre: Oui parce que fastueux, c’est plus en rapport avec les animaux marins non?
Arthur: Ah là là! Ah là là! Ah non! Là c’est pas possible! Là c’est pas possible! Si je vous file un bon gros paquet de fric, vous la bouclez ou pas?!
Guenièvre: Ah non mais dites on peut parler oui?!!!
Guethenoc: Vous du fric vous en avez plus alors… (rire moqueur)
Guenièvre: Si vous pouvez supporter personne, il fallait voyager tout seul!
Arthur: Hé bah c’était ce qui était prévu figurez-vous!
Guethenoc: Ah bah tiens on a plus, on va pas tarder à arriver, je crois qu’on arrive, j’entends déjà les moutons. Tiens, rien que les bêlements, rien que les bêlements… Dites, mais je peux plus supporter, je peux plus supporter ça, mais ça c’est ça, c’est ça, c’est ça qu’on appelle la la la, la fas…, la fastidiosité du quotidien. C’est quand on arrive à un point tel où quoique ce soit, où quoique ce…
Arthur: Ca va pas recommencer, hein, ça va pas recommencer parce que vous allez prendre ma main maintenant! (saisit Guethenoc au col)
Guethenoc: Quoi merde on peut rien dire oh!
Dépassée, la reine tente d’intervenir. Au moment où elle s’apprête à poser sa main sur l’épaule d’Arthur, ce dernier lâche le paysan et part en furie.
Arthur: Oh! (part)
Guethenoc: Mais quoi merde on peut rien dire alors! Alors c’est fastidieux! (lui et la reine suivent le roi)
Guenièvre (au bord des larmes): Arrêtez de crier! (inaudible)
***
Couché dans l’herbe, Lancelot se souvient de la comptine de guérison. Grâce à la magie blanche, il commence à guérir sa blessure.
***
Guethenoc: Comment ça il manque une brebis?
Bergère: On a recompté trois fois chaque bête il en manque une. Non, on a pas recompté trois fois chaque bête. On a recompté les bêtes trois fois chacune. Non attendez. On a chaque…
Arthur: Voilà. Alors. Bon. Ok. Où est Madenn?
Bergère: Bah elle est partie chercher celle qui manque.
Guethenoc: Mais où? Hein vous m’avez dit que vous saviez pas par où elle était partie.
Bergère: Bah non on a pas vu mais il faut bien chercher quelque part de toute façon.
Guethenoc: Bon bah du coup du coup elle, elle est partie où?
Bergère: La brebis?
Guethenoc: Madenn! La brebis vous me dites que vous savez pas!
Bergère: Bah oui c’est pour ça je comprenais pas la question.
Guethenoc: Alors?
Bergère: Alors quoi?
Guethenoc: Mais Madenn nom de bi! Elle est partie par où? Ça commence à bien faire maintenant là!
Bergère: Hé bah par là! (pointe une direction du doigt)
Guethenoc: Bon hé bah allez… Allez!
Arthur: Allez quoi? On y va nous aussi?
Guenièvre: Où ça? Chercher la brebis? (se tourne vers Arthur)
Guethenoc: Ah bah oui! Seulement nous, nous on part dans l’autre sens.
Arthur: Dans l’autre sens, pour quoi faire?
Guethenoc: Mais comment ça pour quoi faire? Pour trouver la brebis! Madenn elle est partie la chercher par là. Nous on va la chercher par là. A moins, à moins que vous vouliez qu’on se sépare, pour couvrir encore plus de terrain.
Arthur: On s’est pas compris. Moi c’est votre fille que je suis venu voir. J’en ai rien à foutre de vos bestiaux moi.
Guethenoc: Mais moi non plus j’en ai rien à foutre moi. Hein hein comme ça au milieu y me vient qu’une envie c’est de les buter tous les un après les autres, bon. Seulement bon faut être raisonnable, une bête, ça coûte de l’argent! Hein bon ça vaut cher, hein alors comme y en a une perdue dans la nature, bon, on va pas rester les bras croisés comme ça en attendant qu’elle se fasse bouffer par un loup.
Guenièvre: Mais et moi qu’est ce que je vais faire si vous partez chercher la brebis?
Arthur: Mais je ne pars pas chercher de brebis, je ne suis pas là pour ça.
Bergère: Mais pourquoi vous voulez la voir Madenn?
Arthur: Pourquoi je veux… Oui. C’est pas, c’est compliqué.
Guenièvre: Mais je comprends pas, c’est pas des moutons, ça.
Guethenoc: Mais comment ça c’est pas des moutons? Qu’est ce que vous voulez que ce soit?
Guenièvre: Bah ils sont tous, tous bizarres.
Bergère: Ils sont tondus.
Guenièvre: Tondus? Mon dieu mais quelle horreur mais pourquoi vous avez fait ça?
Guethenoc: … Bon dites hein, allez.
D’un geste du bras, il désigne la forêt sur sa gauche, et s’y dirige. Mal à l’aise, la bergère part dans la direction opposée. Arthur suit quant à lui le paysan. La reine est au bord des larmes, émue.
***
Lancelot: Le chevalier blanc...Traversera la rivière, la barrière, la barrière, la poussière, la frontière, la rivière, la rivière, la rivière, la frontière. Le chevalier blanc traversera la rivière, la coursière, la frontière, la poussière, la frontière, la rivière, la rivière, la rivière, la frontière. (Lancelot s’évanouit, gros plan sur sa main serrant un couteau en sang)
***
Dans la forêt.
Guethenoc: Vous voyez quelque chose?
Arthur: Zut!
Guethenoc: Oh bah quoi?
Arthur: Non mais si je vois quelque chose je vous le dirai non?
Guethenoc: Bah moi en tout cas je vois rien.
Arthur: Non mais c’est n’importe quoi on cherche là si ça se trouve elle est là-bas de l’autre côté de la vallée, on en sait rien!
Guethenoc: De l’autre côté de la vallée on y ira après.
Arthur: Quoi?! Mais vous vous foutez de moi, vous croyez que j’ai que ça à foutre de courir après vos bestioles, moi c’est votre fille que je veux voir!
Guethenoc: Elle est pas là, nom de dieu, nom de dieu qu’est ce que vous voulez que j’y fasse bon? Du coup vous avez rien à glander de particulier, vous pouvez bien me donner un, coup de main non?
Arthur: Qu’est ce que je fais d’autre?
Guethenoc (l’air fatigué): Hé bah faites le sans râler. Voilà. De toute façon qu’est ce que, qu’est ce que vous avez tant à lui dire hein? Bonjour, est ce que vous avez un enfant de moi, elle va dire, oui, non, qu’est ce que ça va changer?
Arthur: Qu’est ce que ça change?!
Guethenoc: Hé, qu’elle ait un enfant de vous ou pas, vous la voyez jamais. (Arthur baisse les yeux) Et pis, et pis de toute façon les deux, les deux, les deux jumelles là, y en a pas, y en a pas une qu’était enceinte, qu’était enceinte, c’est pas de vous ça, c’est de vous?
Arthur: Quoi?
Guethenoc: De quoi, les, les deux jumelles là, y a deux, bon, y en a une qu’était enceinte, c’est de vous?
Arthur: Qu’est ce que vous êtes en train de me chanter vous? (vient se placer face au paysan)
Guethenoc: Bah ça se dit, ça se dit, ça, les jumelles, c’est les jumelles de l’autre, elles disent les jumelles de l’autre, bon heu …
Arthur: C’est de moi l’autre?
Guethenoc: Bah attends c’est pas c’est pas c’est pas heu…
Arthur: Déjà qu’est ce que vous en savez que moi je sors avec des jumelles?
Guethenoc: Mais attendez ça se sait, ou quoique ce soit là ça se sait, les gens ils disent bon c’est les jumelles y en a bien une…
Arthur: Y a une jumelle de mes jumelles à moi qui est enceinte?
Guethenoc: Bah attendez c’est bien ce qui m’a, ce qui m’a, il m’a, il m’a semblé ça …
Arthur: Depuis combien de temps ça fait ça?
Guethenoc: Bah j’en sais rien, je sais pas, je sais plus depuis combien de temps ça…
Arthur: A peu près?
Guethenoc: Mais j’en sais rien, à peu près, y a quelques temps, voilà y a quelques temps …
Arthur: Y a quelques temps? Attendez moi ça fait longtemps que je les ai pas vues, alors je voudrais savoir. Ca fait longtemps ou pas longtemps?
Guethenoc: Mais ça fait rien, vous pouvez très bien les avoir vu après, ça prend après, ça prend du temps ça c’est… Y en a une, y a en a une des deux…
Arthur: Comment vous savez que c’est les miennes déjà?
Guethenoc: Mais parce que, elles sont pas, elles sont pas, c’est pas des jumelles pour....
Arthur: Les miennes elles sont brunes.
Guethenoc: Oui bah celles-là elles sont pas, elles sont pas blondes, elles sont blondes foncées.
Arthur: Non. Pas blondes foncées. Brunes. Noires. Le cheveu noir comme ça. (désigne une plante sur l'arbre juste à côté de lui)
Guethenoc: Voilà. Bah elles étaient à peu près comme ça, pas comme ça mais…
Arthur: Noir. Le cheveu noir, raide.
Guethenoc: Ah bah non, bah oui, elles étaient pas…
Arthur: Jolies filles.
Guethenoc: Elle est blonde, blonde foncé, pas frisée, voilà et pis c’est tout. On va pas…
Arthur: Voilà. Jolies filles? Jeunes?
Guethenoc: Ouais à peu près. Ouais j’ai pas, j’ai pas, c’est pas mon…
Arthur: Et y en a une qu’est enceinte?
Guethenoc: Y en a une qu’était enceinte ou les deux, oui ça se sait ça, ça se sait ça, elles sont fines, fines, y en a une des deux qu’est assez fine, y en a une qu’est moins fine que l’autre, donc je me suis dit du coup ça se voit qu’elle est plus grosse quoi du coup heu… Je, (Arthur part) mais attendez, on peut pas discuter avec vous, mais c’est pas possible, c’est fastidieux à la fin vous savez je vous le dis franchement moi! (suit le roi)
***
Lancelot parvient à se mettre à l'abri dans sa grotte. Affaibli, il est forcé de ramper par terre. Le chevalier blanc ouvre un sac et dispose frénétiquement du petit bois sur le sol. Il tente de faire du feu avec mais ses forces le quittent. Il s’effondre.
Rédigé par ellielove pour Kaamelott Hypnoweb