La bergère est assise dans l’herbe et voit le roi se diriger vers elle.
Bergère: Alors?
Arthur: Non. Rien. On a fait tout ce coin là là, pas de brebis. (manque de tomber, se rattrape) L’autre il y est encore, mais moi (siffle), je laisse tomber, j’en ai ma claque.
Bergère: Déjà? Bah vous auriez pas pu être berger vous!
Arthur: Non. Je confirme. De façon j’ai jamais pu blairer ça comme métier.
Bergère: Parce que, c’est quoi votre métier?
Arthur: Bah je suis, heu, militaire. Et en ce moment, je fais pas grand-chose.
Bergère: Vagabond?
Arthur: Vagabond ouais c’est ça. Où est ma femme?
Bergère: Partie faire un tour. Dites, pourquoi vous la cherchez Madenn?
Arthur: Non mais dites excusez-moi mais qu’est ce que ça peut vous foutre?
Bergère: Boh je dis comme ça parce que je la connais bien Madenn, alors si vous me dites…
Arthur: Ouais non mais c’est bon. Ca va. Non je ça va, c’est personnel. Mon dieu mais, mais qu’est-ce qui pue comme ça? Ah bah oui oui, oui évidemment. (s’installe confortablement dans l’herbe, la bergère ne parle plus)
***
Lancelot se réveille. Lorsqu’il tourne la tête vers le fond de la grotte, il se retrouve nez à nez avec Méléagant.
Méléagant: Vous avez bien dormi?
Lancelot: Vous êtes là depuis combien de temps?
Méléagant: Pas mal de temps. Je vous observe. Bien vilaine blessure que vous avez là.
Lancelot: C’est guéri.
Méléagant: Oh bah tant mieux. Très content pour vous.
Lancelot: Vous voulez que je vous raconte?
Méléagant: Arthur est mort?
Lancelot: … Non.
Méléagant: Alors je vois pas très bien ce que vous pourriez avoir à me raconter. (Lancelot se tait)
***
Arthur: Vous la connaissez vraiment bien Madenn?
Bergère: Oui, depuis toujours, pourquoi?
Arthur: Heu, elle a combien d’enfants?
Bergère: Combien d’enfants, heu, deux.
Arthur: Non, pas deux.
Bergère: Bah si, Madenn elle a deux enfants.
Arthur: Non mais vous rigolez, tout le monde me dit qu’elle en a tout le tour du ventre et qu’elle est enceinte deux fois par an.
Bergère: Non mais vous me demandez combien elle a d’enfants ou combien elle en a eu?
Arthur: Parce que, quoi?
Bergère: Bah parce que j’ai pas les chiffres en tête mais elle en a attendu une douzaine, heu elle a dû en mener sept à terme. Mais elle en a perdu cinq, je me trompe, il en reste que deux.
Arthur: Elle en a perdu cinq?!
Bergère: Ouais je le sais parce que elle en a perdu un de moins que moi.
Arthur: Quoi, vous?
Bergère: Ouais, j’en ai perdu six. (Arthur est livide)
***
Méléagant: Je suis venu vous présenter mes excuses.
Lancelot: Des excuses? A quel propos?
Méléagant: Voyez-vous quand vous pleuriez étendu dans votre campement abandonné, et que vous hurliez si fort Guenièvre que tous sur Terre vous entendaient, j’ai cru que je pouvais vous aider. C’est pour ça que je me suis permis de vous aborder.
Lancelot: Hé bien?
Méléagant: Sans famille, sans roi, sans pays, si abandonné de tous, voilà un chevalier qui pourrait écraser ses ennemis dans la paume de sa main me suis-je dit… (mime le geste, sa voix gronde)
Lancelot: J’ai pris une flèche dans l’épaule.
Méléagant: C’est pas une question de flèche! Vous étiez perdant le jour même de votre départ!
Lancelot: J’ai pris une flèche dans l’épaule!!
Méléagant: Vous étiez perdant le jour même de votre naissance. Voué aux offices secondaires, aux ambitions raisonnables.
Lancelot: Je n’ai pas dit mon dernier mot.
Méléagant: Si de toute évidence. Fauché dans votre élan par une flèche dont vous m’aviez vanté l'impossibilité.
Lancelot: … Cette tour a toujours été vide. Je sais pas ce qui s’est passé…
Méléagant: Et comble du mauvais goût vous utilisez la magie blanche pour guérir vos plaies.
Lancelot: Vous auriez peut-être préféré que j’y reste?
Méléagant: C’est bien le moins que vous pouviez faire!
Lancelot: Si vous tenez tant à la mort d’Arthur, vous n’avez qu’à vous en occuper vous-même.
Méléagant: Je n’ai aucun intérêt à la mort des gens.
Lancelot: Alors à quoi bon sang? A quoi? (rageur)
Méléagant: A leur sabordage. (Lancelot le dévisage)
***
Bergère: Excusez-moi mais c’est quoi qui vous choque?
Arthur: Qu’est-ce qui me choque, qui me choque, enfin…
Bergère: Attendez les bébés, le moindre truc ils tiennent pas le coup. Un coup de chaud, un coup de froid, sans compter qu’on n’a pas toujours de quoi les faire bouffer, les maladies…
Arthur: Non mais d’accord mais attendez, là vous me parlez d’un rapport d’un pour six.
Bergère: Un rapport d’un pour six, ça veut dire quoi?
Arthur: Je, je veux dire, y en a vraiment pas beaucoup qui survivent.
Bergère: Attention, moi je vous parle du milieu paysan. Ceux qui naissent dans les cités, ils ont un peu plus chaud, ils ont plus de chance de tenir.
Arthur: Non mais…
Bergère: Bah quoi?
Arthur: Non mais je, c’est, c’est, c’est, c’est triste!
Bergère: Bah oui c’est pas bien marrant mais c’est la vie! Et vaut mieux penser à ceux qui restent qu’à ceux qui restent pas.
Arthur: Et les enfants de Madenn ils ont quel âge?
Bergère: Y en a un de treize ans et un de dix, onze mois.
Arthur: Ah.
Bergère: Quoi?
Arthur: Moi je vous parle d’un qu’aurait deux trois ans aujourd’hui.
Bergère: Heu oui une fille. Elle a tenu le coup deux trois semaines. (Arthur a une mine sombre) Une trop maigre. En plus elle est née en plein hiver. C’était surement la fille d’un tavernier. Enfin Madenn, elle disait que c’était la fille du roi de Bretagne pour se faire mousser, parce qu’elle a eu une histoire avec.
Arthur: Et c’était pas vrai?
Bergère: Bah si, elle a eu une histoire avec. Mais elle était déjà enceinte depuis plusieurs semaines.
Guenièvre: Whouhou! Hé! Regardez qui je ramène! (tient une brebis dans les bras, arbore un immense sourire)
***
Méléagant: Vous vous souvenez de ce que vous vous apprêtiez à commettre la première fois où je suis venu vous trouver dans cette grotte?
Lancelot: ... Oui.
Méléagant: Hé bien je regrette de vous avoir interrompu. Je vous laisse. Vous pouvez reprendre les choses où elles en étaient. (sort de la grotte, les bras croisés)
Lancelot: … Vous n’allez pas me laisser? Vous n’avez pas le droit de me laisser, j’ai fait tout ce que vous m’avez demandé. Je vous promets de me rattraper. La prochaine fois y'aura pas de flèche pour m'arrêter, j’utiliserai plus jamais la magie blanche, j’irai droit au but! Vous verrez, vous reviendrez, je vous offrirai la tête d’Arthur, vous serez fier de moi, vous me féliciterez! … Ne me laissez pas!!!
GENERIQUE
Arthur dort, allongé dans les champs. Il fait deux rêves: dans le premier, on le voit marcher aux côtés de son enfant, dans ce qui se trouvent être les pâturages de Guethenoc. Dans son second rêve, Arthur est allongé dans ces mêmes champs et découvre son petit garçon agenouillé à côté de lui. L’enfant sourit et s’accroche à la veste de son père, qui arbore un visage radieux. Les deux rêves s’alternent. Lorsqu’Arthur se réveille, il contemple l’herbe à côté de lui et la palpe, à la recherche d’une présence qui n’existe pas. La dernière image qu’on nous montre du roi met en avant la bague qu’il porte à la main gauche, qu’on apprendra plus tard être la bague de César.
Rédigé par ellielove pour Kaamelott Hypnoweb