ILE DE BRETAGNE – PLAGE.
Merlin, le maître d’armes et le Père Blaise attendent Arthur et Manilius. Ces derniers sont dans un petit bâteau, mais refusent d'en sortir car ils sont frigorifiés.
Merlin : Nan mais sans blague qu'est-ce que vous foutez ?
Père Blaise : J’en sais rien, je comprends pas ce qui se passe...
Maître d'armes : Regardez-moi la jolie petite paire de fillettes si c'est pas fragile !
Arthur : C’est une blague le temps qu'il fait, là ?
Manilius : Nous, on est pas du tout équipé.
Père Blaise : Ici quand il fait ce temps là on dit que c'est vivifiant !
Arthur : Ouais, bah à Rome quand il fait ce temps là...
Manilius : A Rome il fait pas ce temps là déjà.
Arthur : Déjà oui exactement ! Ça a pas dû arriver depuis l'ère glacière...
Maitre d'armes : Ouais, mais si vous restez figés comme deux mémés dans votre barquette, mes petits bijoux, vous allez forcément finir par vous les geler !
Manilius : Ouais il a raison, faut bouger là.
Arthur : Faut bouger, hé bah bouge toi, si le cœur t'en dis, te gêne pas !
Manilius sort de la barque. Arthur enlève son casque et finit par se décider à rejoindre les autres.
GENERIQUE
Les jumelles du pêcheur sont assises sur le sable, face à la mer. Manilius plante le drapeau romain surmonté de l'aigle, symbole de l'empire, juste à côté d'elles.
Manilius : Face à la force de la nature, les conquêtes de l'Homme paraissent bien dérisoires. Non ?
Azilis : Il est à vous le bâteau là-bas ?
Manilius : Ouais, c’est celui d'mon copain.
Arthur (accourant) : Non non non, non non non, c’est pas à nous, on l’a volé.
Manilius : Ah ouais c’est mieux ça. (aux jumelles) Ça vous dirait de faire un tour dessus ?
Tumet : C’est un bâteau romain ?
Manilius : Ouais, un bâteau de guerre.
Arthur : Ouais parce qu'on l'a volé aux romains.
Manilius : Exactement. On est des hors-la-loi spécialisés dans les bâteaux de guerre romains.
Azilis : Mais c'est pas des uniformes de soldats romains que vous portez ?
Arthur : Si, parce qu'on les a trouvés sur le bâteau.
Azilis : Mais vous êtes pas romains ?
Arthur : Non, non on est pas romains. J'suis breton moi.
Manilius : Ouais allez, moi aussi.
Tumet : On les aime pas les romains.
Arthur : Mais nous non plus on peut pas les blairer.
Manilius : C'est pour ça on leur pique tout l'temps des trucs, des fringues, des bâteaux...
Azilis : Ils ont tué notre mère sous nos yeux quand on avait 7 ans.
Tumet : Mais notre mère, elle venait de tuer 60 romains d’un coup, en empoisonnant la nourriture d’un camp.
Arthur (gêné) : Hum, ouais... Nous il faudrait qu'on s'rende au camp fortifié juste à côté du mur d’Hadrien.
Azilis : Pour quoi faire, un attentat ?
Tumet : Ils vous laisseront pas approcher, hein.
Manilius : Nan mais on va s'démerder, avec les uniformes ça va passer.
Arthur : Ouais, ils sont tellement cons de toute façon.
Tumet : Notre frère, il dit qu’un jour il dira à notre père qu’il part à la pêche, mais en fait il partira attaquer un bâteau comme celui-là, avec sa barque.
Manilius : Votre frère, il va attaquer un trirème avec une barque ?
Tumet : Ouais.
Azilis : Il attend le bon moment, et il y va !
Tumet : Pour le camp, vous longez la côte par là. Jusqu’au mur, et au mur, vous longez le camp.
Les deux amis se regardent, et Manilius s’en va. Arthur le suit, mais fait tomber le drapeau avant.
***
CARMELIDE - CAMP MILITAIRE.
Léodagan et son père font les cent pas dans leur camp.
Léodagan : Un nouveau Pendragon... Vous croyez que c’est bon pour nous ça ?
Goustan : Tout dépend.
Léodagan : Nan mais ça tout dépend... Tout dépend toujours un peu !
Goustan : Tout dépend si le fils ressemble au père. C’est le même genre de taré ?
Léodagan : Est-ce que j'sais moi, je l'ai jamais vu le fils !
Goustan : Bah le père c'était un gros dingo, hein. C'est tout c'que j'peux dire.
Séli : C'est maintenant que vous vous demandez si c'est un taré ?
Guenièvre : Oui parce que j'vous signale que je vais me marier avec.
Séli : Nan parce que si faut éviter à la Bretagne 30 ans d'merdier, il faut peut-être le buter votre nouveau roi, au lieu de lui servir à bouffer !
Guenièvre : Ah parce que vous allez le buter ce soir ? Déjà ?
Léodagan : Voyons ce qu'il vaut d'abord, il sera toujours temps de le buter après.
Goustan (blasé) : Oh là là, on réfléchit avant d'agir...
Léodagan : Mais quoi qu'est-ce qui y a ?
Goustan : J'vous ai donné le pouvoir, j'vais pas vous l'reprendre... Mais essayez quand même de pas devenir une tarlouze...
***
ILE DE BRETAGNE - CAMP FORTIFIE DU MUR D'HADRIEN.
Arthur, Manilius, Merlin, et le père Blaise sont sous une tente, face à Macrinus et son second, Cordius. L'ambiance paraît tendue.
Arthur : Ave général.
Macrinus (voix très calme) : Ave général.
Gros silence.
Cordius : Bon, je pense que vous avez des tas de choses à vous dire...
Silence.
Cordius : Ou pas. De toute façon c'est le protocole, vous êtes obligés d’avoir un entretien privé, à l’intérieur.
Macrinus : C'est le protocole, ça ?
Cordius : Ah oui, c'est pas moi qui l’ai inventé.
Merlin : Privé ça veut dire sans nous ?
Cordius : Oui, juste les deux, le nouveau Dux Bellorum et puis l’ancien. Enfin, l’ancien, le prenez pas mal.
Manilius : Même moi j'peux pas assister ?
Père Blaise : Sans nous ça veut dire sans vous non plus. Essayez d'vous tenir à votre place. Déjà que vous la méritez pas...
Manilius : Ouais c'est bien qu'on reste un peu dehors, comme ça j'pourrai vous mettre une grosse tarte en plein air.
Arthur : Ça suffit !
Macrinus : Bon, faut s'parler... Parlons-nous.
Ils se rendent dans la tente de Macrinus. Ils sont assis face à face sans parler, Macrinus semble fatigué.
Macrinus : Elles sont belles tes bagues. Celle-là c'est quoi ?
Arthur : C'est un cadeau de l'empereur.
Arthur montre celle de Firmus.
Macrinus : Ma femme. Et celle-là ?
Arthur : Mariage.
Macrinus : Quand j'ai été affecté ici, j'ai cru que c'était une punition. Puis on m'a expliqué que c'était un honneur. J'prends toujours tout de travers. Et toi ?
Arthur : Moi quoi ?
Macrinus : T'as pas l'impression que c'est une punition ?
Arthur : Heu j'saurais pas dire...
Macrinus : Et bah ç'en est une.
Arthur : Mais pourtant j'ai rien fait d'mal.
Macrinus : Bah je me doute, j’ai pas dit que c'était logique.
Arthur (après un temps) : Sinon... Un petit conseil... Un mot sur les bretons ?
Macrinus : J'ai tenu un journal. Presque tous les jours à partir de la 2ème année. J'écrivais quelques lignes sur une tablette. A la fin y'en avait presque 3000, fallait une tente exprès pour les stocker. Ça aurait été intéressant que tu les lises... C'est dommage.
Arthur : Pourquoi, elles sont où ?
Macrinus : Fondues.
Arthur : Fondues, y’a eu un incendie ?
Macrinus : Ouais. J'ai foutu l'feu à la tente. Tu regarderas derrière, y'a une grande flaque de cire. Figée par terre.
Arthur (perplexe) : Mais pourquoi vous avez fait ça ?
Macrinus (voix lente) : Oh, c’était trop triste ce qu'il y avait dedans... Ça donnait une fausse image de moi... Parce que j'suis d’un naturel rieur. D'après ma grand-mère en Macédoine, quand j'avais deux ans, j’étais blond, bouclé, et j'souriais à tout l'monde, même aux étrangers. Toi par exemple... (se lève) Si tu m’avais connu quand j'avais deux ans, j't'aurais sûrement souri. Tu sais, comme j'ai détruit les tablettes, tu tomberas peut-être sur des gens qui voudront savoir comment j'étais... dis-leur ça : blond, bouclé, toujours le sourire aux lèvres. Blond, bouclé, toujours le sourire aux lèvres. Toujours le sourire aux lèvres.
Il sort. Arthur retourne voir les autres, qui sont assis sous une tente. Le second se lève, Arthur a l'air étonné.
Arthur : Il est parti ?
Cordius : Oui.
Arthur : Mais il a pas fait de discours aux hommes ?
Cordius: Non... il est parti.
Père Blaise : Il a même pas voulu prendre ses bagages.
Merlin : Direct au bâteau, comme ça.
Arthur (au second) : Mais vous vous l’avez pas suivi ?
Cordius: Ben il a pas voulu.
Blaise : En même temps il avait pas l’air d’aller mal, hein...
Merlin : Il souriait.
Grand silence, tous semblent perplexes.
Arthur : Et moi vous pensez qu'il faut que j'fasse un discours aux hommes ou pas ?
Cordius : Ben là les hommes ils sont sous la tente, ils ont pas envie d'vous voir, pour le moment...
Arthur : Ils ont pas envie d'me voir ?
Manilius : C'est une mutinerie.
Cordius : Non, non, ils sont juste un p'tit peu… tristounets… c’est tout… Bon ben là y a deux écoles, soit vous les punissez, pour qu'ils sachent tout de suite à qui ils ont affaire, soit …
Arthur : Nan nan, merci ça ira. Bon venez avec moi, faut que j'vous parle.
Le Second suit Arthur sous la tente de tout à l'heure.
Second : Allez, faut pas vous formaliser, ah, il vous faudra ptet un peu de temps pour les apprivoiser...
Arthur (s’assoit) : Et vous ? Il va falloir un peu de temps pour vous apprivoiser aussi ?
Second : Nan, moi je suis plutôt le bon gars, et puis j’ai une nature à prendre soin d’autrui.. j'tiens ça d'ma tante !
Arthur : Ah bon…
Second : Ouais, une femme exceptionnelle. Avec son p'tit caractère, attention ! J'me souviens d’une fois d’ailleurs où…
Arthur : Ouais, alors non celle-là vous la raconterez dmain. En attendant il faut que j'parte en mission d’espionnage. Alors vous allez m'trouver des vêtements locaux.
Second : Des vêtements locaux ?
Arthur : Voilà. Pour moi et pour le Centurion Apius Manilius aussi.
Second : Mais heu… enfin j'veux pas discuter les ordres, hein, mais vous savez qu'on a des espions ici…
Arthur : Oui oui nan ça je sais, mais comme j'viens juste d’arriver, tant que j'les ai pas "apprivoisés" comme vous dites, j'préfère pas trop leur demander des trucs tout de suite aux gars, voyez.
Second : Remarquez, ça, ça serait tout à fait propre à les apprivoiser… un Dux Bellorum qui fait son espionnage lui-même... (lève le pouce)
Arthur : Ben ouais, j’ai su rester simple.
Second : Ouais.
Arthur : ...Mes vêtements ?
Second : Ah oui ! Heu, quand vous dites vêtement locaux, c’est locaux d’ici ?
Arthur : Locaux d’ici ?
Second : Oui, de Bretagne ?
Arthur : Ben heu, oui…
Second (riant) : Ben ouais !
Il s'en va, Arthur secoue la tête.
***
CAMP DE CARMELIDE.
Ketchatar d’Irlande et Hoël d’Armorique sont là, avec Calogrenant et Loth.
Hoël : Oh là là, attendez une seconde…
Ketchatar : Comment ça il a pas encore l’épée ?
Hoël : J’avais pas compris ça moi !
Léodagan : Vous comprenez jamais s'qui y a à comprendre de toute façon, vous êtes tout le temps à côté d'vos pompes !
Calogrenant : D'après le dernier rapport des espions, l’épée serait toujours plantée dans le rocher.
Loth : Donc vous nous invitez dans votre gourbi, pour rencontrer le nouveau Roi d'Bretagne, sauf qu'il existe pas encore…
Leodagan : C'est pas qu'il existe pas encore, il est pas confirmé.
Séli : Donc, à l’heure qu'il est là maintenant, c'est toujours un peigne-cul comme un autre.
Léodagan : Oui vous avez raison, soyez pas trop d'mon côté on aurait trop l’air couple à la con à être tout l'temps d’accord.
Séli : Mais quoi c'est vrai ou c'est pas vrai ?
Guenièvre : Peigne-cul peigne-cul, un type que j'dois épouser dans les jours qui viennent… ah c'est encourageant..
Ketchatar : Mais qui est-ce que vous allez épouser ?
Hoel : Le nouveau Roi ??
Loth : Ah d’accord, y'en a qui ont déjà placé leurs pions ! Y'a même pas encore de Roi qu'y'a déjà une Reine ?
Leodagan : Ouais bah j'vous expliquerai.
Guenièvre : C'est pour la politique.
Séli : Ah non ! Non c'est un mariage d’amour on vous a déjà dit !
Guenièvre : Ah oui pardon. Oui sauf que j'le connais pas alors… comment vous expliquer…
Séli : Nan mais l'amour ça s’explique pas.
Ketchatar : Et s'il retire pas l’épée l'autre kiki, le mariage ça tient toujours ?
Goustan : Bon, alors écoutez-moi bien les sent-la-pisse, premièrement vous êtes peut-être en train d’injurier un roi désigné par les Dieux ! Et si y a bien un truc dont il faut pas s'foutre, c'est les Dieux ! Deuxièmement, si vous rentrez pas vos miches dans la tente, on est pas près d'nous servir le repas, et moi je crève de faim !
Séli : Ah non, ah non le repas c'est pas là ! J’ai dit que j'pouvais vous préparer un-en-cas juste pour vous pour patienter, mais… je sers pas les repas maintenant !
Goustan : Ah bon ! Ah j’ai un en-cas… ah bah excusez-moi les ramasses-merde, c'est comme si j’avais rien dit.
***
DANS LA FORÊT.
Arthur et Manilius, en habits bretons, marchent avec Merlin et le père Blaise.
Merlin : J'vous préviens, il faut pas vous attendre à des miracles, hein.
Manilius : Ils ont fait une quête ou ils ont pas fait une quête ?
Merlin : Oui ils ont fait une quête mais bon…
Arthur : Mais bon quoi ?
Merlin : Pour certains, ça va pas être la quête... heu…
Blaise ; Ca va pas être quoi ?
Merlin : Ah mais vous voyez bien c'que j'veux dire non !
Arthur : Ben non désolés on voit pas non, ceux qui ont pas réussi à se distinguer par un fait spectaculaire on les prend pas et puis c'est tout, j'vois pas c'qu'il y a de compliqué !
Merlin : Après tout dépend de c'que vous entendez par spectaculaire.
Manilius : Quelque chose que peu d'gens peuvent faire. Quelque chose de rare.
Blaise : Quelque chose qu'on puisse écrire et qui impressionne les générations futures.
Merlin : Ah ouais mais là non j'préfère être franc, j'suis pas certain qu'les mecs se pointent avec des trucs qui impressionnent les générations futures…
Blaise : Les gars du coin il faut admettre c'est pas c'qu'on pourrait appeler des flêches, hein.
Soudain, Perceval et Karadoc surgissent devant eux en hurlant, dans un nuage de poussière. Arthur et Manilius sortent leurs armes.
Merlin : Non attendez j'les connais eux !
Arthur : Vous les connaissez ?!
Merlin : Ben il m'semble.
Manilius : Pourquoi ils gigotent comme ça ?
Perceval : On est tombés dans les orties !
Karadoc : Ca pique !
Blaise : Qu'est-ce que c'est qu'ils vous ont balancé, là ?
Karadoc : Du sable pilé.
Arthur : Du... ? Sable pilé ?
Manilius : Qu'est-ce que c'est ça ?
Karadoc : On a prit du sable et on l’a pilé.
Perceval : Pour que le grain soit plus fin et qu'ça rentre mieux dans les yeux.
Karadoc : Sauf qu'on l’a pilé trop fin on dirait d'la fumée maintenant.
Perceval : Ouais la prochaine fois on fera mi-fin.
Blaise : Ca nous explique pas pourquoi ils nous ont attaqué hein…
Perceval : Hé regardez ! C'est le barbu qu'est venu nous parler des quêtes !
Blaise : Vous êtes allé chez eux ?
Merlin : Ben sûrement s'ils m'ont déjà vu…
Blaise : Mais vous vous souvenez pas ?
Merlin : Ah mais foutez-moi la paix, j’ai traversé l’île en long en large et en travers, pareil en Aquitaine et en Armorique, vous croyez que j'me souviens de tous les trous du cul à qui j’ai balancé mon laius !
Karadoc : Mais si, Karadoc, à Vannes ! J’étais avec un putain d'chinetoque !
Perceval : Et moi c'était au Pays d'Galles, dans la ferme de mon père, Pellinor, un vieux tout cradingue con comme ses pieds ! Il vous a tenu la jambe pendans des plombes avec ses histoires de céréales !
Merlin : Ah oui p'tet… mais pourquoi vous nous attaquez du coup ?
Karadoc : Mais on vous avait pas vu vous…
Perceval : Comme quête on voulait attaquer du romain, alors comme ceux-là ils ont des épées romaines…
Blaise : Mouais ben vous venez juste d'attaquer le nouveau Roi d'Bretagne, chapeau…
Perceval : Ah merde…
Karadoc : Ben du coup c'est pas plus mal qu'on ait foiré…
Perceval : Ouais en même temps ça vous a prouvé qu'on avait pas froid au ventre !
Arthur : Aux yeux.
Perceval : Comment ?
Arthur : Aux yeux, pas froid aux yeux.
Karadoc : Froid aux yeux ? Comment c'est possible ça ?
Perceval : Ben si, à la limite avec du vent… mais bon si on a froid aux yeux on les ferme.
Karadoc : Bah ouais ça fait comme une sorte de seconde couche.
Perceval : Alors qu'le ventre si on a pas son vêtement on est marron.
Karadoc : Ben carrément.
Perceval : Ouais c'est pour ça il faut s'méfier quand même, non ?
Tous se regardent, perplexes.
***
PLUS TARD, TOUJOURS EN FORÊT.
Ils marchent, tous morts de froid.
Arthur : Bon sang mais c'est pas vrai qu'est-ce que c'est qu'ce patelin merdique on s'caille tout d’un coup là !
Perceval : Ca nous fait tous du bien, ici c'est connu pour être vivifiant.
Karadoc : Il parait même que tous les bretons s'pointent ici pour la vivifianceté.
Merlin : Ouais enfin ils s'pointent surtout pour essayer de retirer l’épée !
Karadoc : Peut-être, mais aussi pour la vivifianceté.
Manilius : C'est quoi là, le truc blanc par terre ?
Merlin : Quel truc blanc, la neige ?
Manilius : C'est d'la neige ça ?? Vient on rentre Arturus, on retourne à Rome, on va quand même pas rester dans un pays où y a d'la neige ?!
Karadoc : Nan mais c'est rien ça c'est l’altitude…
Merlin : L’altitude, l’altitude…
Blaise : Il faut dire aussi qu'autour du rocher y a comme un espèce de micro-climat...
Merlin : Un micro-climat, vous dites comme ça vous, moi j’appelle ça une malédiciton.
Blaise : Ahaha ça y est la revoilà la fameuse malédiction ! Ca c'est votre côté druide ça.
Merlin : Pardon mais votre fameux micro-climat c'est votre côté con ! Parce qu'il faut pas être bien malin pour comprendre que ça fait 20 ans que l’épée est coincée dans ce rocher, 20 ans qu'on a pas de Roi et que les Dieux ont maudit la région ! Y a d'la neige toute l’année !
Blaise : Mais forcément puisqu'il y a un micro-climat !
Merlin : Zut !
Arthur : Dites excusez-moi, le truc là-bas en haut c'est pas l'rocher ça ?
Blaise : Ah si si , exactement.
Manilius : Mais y a d'la neige partout là… Vient on rentre Arturus, on rentre a Rome !
Perceval : Ah mais il casse l’ambiance celui là ! C'est fini ou pas ?
Karadoc : Hé quand on s'promène on en profite et on emmerde pas les autres !
Manilius ! Allez, on s'casse avant d'perdre un orteil, j'préfère être grouillot à Rome plutot que chevalier ici !
Blaise : Ah parce que vous êtes déjà chevalier vous ? Hé ben, ça va vite.
Arthur : Bon vous allez m’attendre ici.
Blaise : Vous attendre là, mais pourquoi ?
Arthur : Parce que j'veux pas qu'vous soyez là à m'regarder, si jamais ça foire j'veux être tout seul.
Merlin : Dites pas ça, vous allez vous porter la poisse !
Blaise : Si vous êtes pas vaillant les Dieux risquent de pas vous reconnaître et de bloquer l’épée !
Arthur : Attendez-moi là j'reviens.
Part dans la neige, et arrive au rocher. Il se concentre un peu, quand la Dame du Lac arrive sous la forme d'une tête géante et le fait sursauter.
Dame : Je viens juste pour regarder.
Arthur : Ah je m'disais aussi, j'trouvais bizarre que vous soyez pas encore venue !
Voix (des autres en bas) : De quoi ?
Arthur : Rien !
Il se retourne vers la Dame du Lac.
Arthur : Et si jamais j'foire ?
Dame : Y'a pas de raison...
Arthur : Ouais mais, si jamais j'foire sans raison ?
Dame : Allez-y on verra bien !
Arthur : Nan mais partez, partez vous m'donnez le trac à me regarder.
Dame : Ah bah nan quand même...
Arthur : Nan mais vous foutez le camp, c'est tout !
Elle part. Arthur fait face au rocher. Il hésite, puis tire l’épée d’un grand coup. Elle sort du rocher en flamboyant, Arthur fait un signe aux autres.
***
PLUS TARD, EN FORÊT.
Ils marchent, Arthur et Mani en tête. Ils sont suivis par Blaise et Merlin. Perceval et Karadoc ferment la marche.
Arthur : Dans une taverne, vous êtes sûrs ?
Manillius : Comme endroit secret vous avez rien trouvé d'plus...
Merlin : D'plus quoi ?
Manillius : D'plus secret ?
Merlin : En tout cas c'est une taverne où y a pas d'romains.
Blaise : Recruter des chevaliers au bistrot... c'est quand même pas top prestige...
Merlin : Oui bah c'est ça ou dehors.
Manillius : Ah nan pas dehors ça caille !
Arthur (joue avec l'épée) : Nan mais c'est bon la taverne ça va très bien.
Perceval : Elle est bien cette taverne, on commence à pas mal la connaître nous.
Karadoc : Vu qu'on maîtrise le terrain, on vous filera un coup d'main.
Perceval : Classer les mecs, faire une file d'attente, on peut...
Arthur : Nan mais ça va merci.
Merlin : Remarquez ce s'rait pas bête, vu le paquet d'monde qui risque de s'pointer...
Karadoc : Ouais on range les tables et tout...
Perceval : Et ceux qui emmerdent le monde parce qu'ils ont pas été choisis ou quoi que ce soit on les dégage.
Karadoc : Ne vous inquiétez pas on s'occupe de tout !
Arthur (à Mani) : C'est qui déjà ces deux glands ? Qu'est-ce qui foutent là à nous suivre ?
Manillius : Tu les vireras pendant le recrutement, on s'en fout.
Arthur : J'vais pas m'les farcir longtemps ceux-là.
***
CAMPEMENT DE LEODAGAN.
Léodagan, Hoel, Ketchatar, Loth, Calogrenant sont autour d'une table, sous une tente.
Hoel : Donc si j'comprends bien nous on bouffe pas ?
Léodagan : Nan mais pourtant si, si normalement y a un repas de prévu...
Hoel : Il est où ?
Calogrenant : Vous êtes sûr ?
Léodagan : J'suis sûr... ça fait deux jours qu'ça parle de bouffe, doit y en avoir quelque part hein...
Séli arrive, suivie par Guenièvre et Goustan (en train de manger).
Léodagan : Ah heu... on s'posait la question pour la... pour la bouffe...
Séli : Quelle question ?
Léodagan : Y en a ?
Séli : Y en a.
Guenièvre : Des pleines malles !
Ketchatar : Ca sent pas l'feu, y a rien qui cuit ?
Goustan : Nan y a rien qui cuit nan !
Séli : C'est qu'du séché.
Guenièvre (récitant) : Que du séché parce que ça s'conserve et ça s'remballe.
Léodagan : C'est à dire... 'ça s'remballe' ?
Séli : C'est un repas pour le Roi d'Bretagne, oui ou non ? Seulement s'il arrive pas à retirer l'épée, il est pas Roi d'Bretagne. Donc, quand il sera ici avec l'épée dans les mains, j'sortirai la bouffe, sinon j'remballe tout j'ramène tout en Carmélide.
Loth : Ah bah d'accord, le Roi de Bretagne il a l'droit d'bouffer, et nous on mérite pas !
Goustan : Hé bé oui mes ptits trous d'cul, il est pas là vous rentrez bouffer chez vous !
Séli : Nan mais y en a marre de goinfrer des soi-disant chefs de clan sous prétexte qu'ils sont importants ! Nan parce que s'ils sont importants, ils ont les moyens d'se nourrir tous seuls.
Léodagan : Non mais oh heu... et moi ? J'bouffe pas non plus moi ?
Guenièvre : Ben si, vous... on peut vous servir mais...
Séli : Si ça vous dérange pas d'manger devant eux et qu'ils vous r'gardent...
Goustan : Moi en tout cas j'en ai rien à branler.
Tous se regardent.
***
A LA TAVERNE.
Le recrutement a commencé. Blaise et Merlin sont à une table, Galessin est assis en face d'eux.
Galessin : J'comprends pas, il est pas là l'Roi Arthur ?
Blaise : Si il est là le Roi Arthur, sauf que c'est pas lui qui va vous auditionner.
Galessin : C'est qui alors ?
Le prêtre se désigne ainsi que Merlin.
Galessin : C'est vous ?
Blaise : Oui pourquoi, on vous revient pas ?
Galessin : Heu ben ça dépend, vous êtes qui ?
Merlin : Mais qu'est-ce que ça fait qui on est, puisque c'est le Roi Arthur qui nous a désigné pour auditionner à sa place ?!
Galessin : Et pourquoi il les fait pas passer lui même ses auditions ?
Blaise : Mais il les fait, il les fait à une autre table, parce que vu le monde qu'il y a on est obligé de se mettre à plusieurs voyez-vous !
Galessin : Ouais d'accord, donc en fait c'est au pif, selon comme ça tombe on s'retrouve soit à la table du Roi soit celle des soufifres...
Merlin : Et qui vous dit qu'il est pas plus sévère que nous le Roi ? Vous aurez p'tet plus de chance d'être choisi comme chevalier à notre table qu'à la sienne !
Galessin : Même après vous avoir traité d'soufifres ?
Blaise : C'est sûr que soufifres ça joue pas forcément en votre faveur...
Merlin : On va s'efforcer d'rester objectifs. Une petite question, si vous deviez nous donner l'adjectif qui vous définit le mieux ?
Galessin : Déterminé.
Blaise (note) : Déterminé...
Galessin : Non, fouille-merde. Pardon, fouille-merde.
Blaise : Fouille-merde...?
Tavernier (arrive) : Ces messieurs ! Alors j'avais un saucisson aux herbes et une carafe de cache-nez, j'ai bon ?
Merlin : Allez-y !
Tavernier : C'est parti !
Galessin : C'est lequel le Roi Arthur ?
Blaise : Chut il est ici incognito !
Arthur se trouve derrière Galessin, il est assis en face de Lancelot.
Arthur : Pardon mais vous avez sauvé tout c'monde-là... en si peu d'temps ?
Lancelot : Qu'est-ce que vous appelez en si peu de temps ? La première fois j'avais 7 ans quand même...
Arthur : Ah mais attendez vous avez pas commencé là quand j'ai demandé ?!
Lancelot : Non pourquoi, il fallait vous attendre ?
Arthur : Non non pas du tout, pas du tout... Toute façon même en ayant commencé à 7 ans ça reste tout de même très impressionnant...
Lancelot : C'est mon seul but. Sauver des gens.
Arthur (sourit) : Parfait... et vous seriez prêt à vous mettre au service d'une fédération ?
Lancelot : Oui. Le seul truc c'est que je suis un chevalier solitaire. Ca j'y tiens beaucoup.
Arthur : Un chevalier solitaire, d'accord... très bien mais est-ce que ça va bien coller avec le projet ? Parce que... je vous cacherai pas qu'il y a quand même une idée de... de communauté voyez...
Lancelot : Non non c'est bon... du moment que tout le monde est bien au courant que je suis un chevalier solitaire, ça m'dérange pas.
Arthur : D'accord...
Lancelot : Vous voyez c'que j'veux dire ou...
Arthur : Non, j'vous avouerais que j'bite rien, mais ça fait rien, ça fait rien, j'veux dire que vous êtes courageux manifestement, vous avez p'tet une conception un peu personnelle de l'indépendance mais ça ça vous concerne. Hmm... sinon simplement pour finir... si je vous d'mandais de choisir le qualificatif qui vous définit le mieux ?
Lancelot : Loyal.
Arthur sourit.
Lancelot : Ca vous va ?
Arthur : Oui, ça ça va toujours !
Tavernier : Les deux laits d'chèvre c'est pour ces messieurs ?
Ils trinquent, Arthur semble plutôt impressionné. A côté d'eux, Manillius et Venec vont rejoindre le Maître d'armes à une table.
Manillius : Mais j'comprends pas, vous avez accompli quel fait d'arme ?
Venec : Aucun.
Ils s'assoient.
Manillius : Aucun ?
Venec : Fait d'arme, c'est quand il faut sauver des mecs et tout ?
Manilius : Ouais par exemple ouais.
Venec : Bon ben aucun.
Maître d'armes : Mais vous avez quand même l'intention de devenir chevalier ?
Venec : Non plus non. C'est c'que j'vous explique depuis trois-quarts d'heure. J'en ai rien à foutre de devenir chevalier. Ce qui m'intéresse, si y a un nouveau Roi qui chapaute tout l'système, c'est d'être en affaires avec.
Maître d'armes : Nan mais vous avez quand même écouté notre topo sur la fédération ?
Venec : J'vous ai pas coupé en plein milieu parce que bon... Mais effectivement ça m'concerne pas votre bordel. Qu'vous vous réunissiez pour faire des fédérations, même jouer aux cartes... c'qui compte c'est qu'ce soit moi qui vous fournisse en putes. J'demande pas grand chose.
Manillius et le maître d'armes échangent un regard.
Manillius : Et si vous deviez choisir l'adjectif qui vous définit le mieux ?
Venec : Idéaliste.
Tavernier : J'ai une miche de pain et un assortiment d'fromages secs ! Est-ce qu'ils ont b'soin que j'recharge en boisson ?
Maître d'armes : Absolument.
Manillius (acquiesce) : Ouais.
Plan sur la table de Perceval et Karadoc, qui auditionnent Bohort.
Perceval : C'est ça qu'vous avez fait ? Foutre la trouille à des bandits ?
Bohort : Je les ai définitivement chassés de la région !
Karadoc : Mais sinon quand le roi vous a demandé un fait d'arme, vous avez fait quoi ?
Bohort : Mais je viens d'vous l'dire...
Perceval : Nan, je crois qu'on s'comprend pas bien là, le roi c'qui cherche c'est des gars qui ont pas froid aux pieds !
Bohort : Aux yeux.
Perceval : Ah mais nan, froid nul part !
Karadoc : Aux pieds aux yeux de toute façon au jour d'aujourd'hui, on n'peut pas se permettre de trimballer des mecs frileux.
Perceval : Parce que des fois faudra bosser dehors même en hiver ! Ce s'ra pas l'moment d'réclamer des couvertures, j'vous préviens !
Karadoc : Si vous craignez l'froid, c'est à vous d'vous équiper mon p'tit pote. On est pas marchands d'fringues nous !
Bohort : Il est vrai que je crains le froid, mais je suis toujours suffisamment habillé...
Karadoc : Hé bah voilà, ça c'est bien ! Ca ça veut dire 'je suis capable de me prendre en main'.
Perceval : C'est ça, plutôt qu'vos bandits à la con.
Karadoc : Ca intéresse que vous vos histoires personnelles.
Perceval : Dernière chose... c'est... c'est quoi déjà ?
Karadoc : Si vous saviez... si vous deviez...
Perceval : Ah oui. Si vous deviez donner le sédatif qui vous correspond le mieux, vous diriez ?
Bohort : Le tilleul ?
Karadoc : Parfait.
Perceval : T'a l'heure j'ai écouté à la table de derrière y en a un qui disait 'courageux' !
Karadoc : Courageux ? Mais c'est complètement débile !
Perceval (rit) : Il est con lui ou pas !
Tavernier : La dégustation charcuterie, c'est là ? Va falloir faire de la place parce qu'les saucissons y en a 28 sortes !
Plan sur la table d'Arthur, il est maintenant avec Hervé de Rinnel.
Arthur : Nan faut trouver un... c'est rien hein, faut trouver un adjectif qui vous définit le mieux.
Hervé : La Bretagne.
Arthur : La Bretagne... c'est pas un adjectif la Bretagne.
Hervé : Ah bon c'est pas un adjectif la Bretagne... Ben... régional alors.
Arthur : ... Régional ?
Hervé : C'est pas un adjectif non plus ?
Arthur : Hmm si ouais... mais qu'est-ce que vous voulez dire par là, parce que... c'est-à-dire vous vous considérez comme quelqu'un de... de régional d'accord mais ça... vous vous sentez proche de vos terres ou... qu'est-ce... j'arrive pas à saisir le truc là.
Hervé : Toute façon régional on l'est tous plus ou moins.
Arthur : Ouais...
Hervé : Après je sais pas si c'est c'qui m'définit le mieux...
Arthur : Ah c'est un peu c'que j'veux dire, parce que là régional vous êtes sûr que vous voulez répondre ça ?
Hervé : Non. L'adjectif qui me définit vraiment le mieux ? C'est le plancton.
Arthur se contente de manger en hochant la tête, l'air plus que perplexe.
***
Plus tard, en pleine nuit. Arthur et Manillius sont assis à une table. La taverne est déserte. Arthur est avachi, la tête posée sur ses bras et le regard dans le vague. Les deux hommes ont l'air exténué, presque dépressifs.
Manillius : T'a trouvé quelque chose de propre toi ?
Arthur : ... Honnêtement sans être pessimiste...
Manillius : Ouais, pareil.
Arthur : En même temps bon, j'suis tellement crevé que j'pense que j'ai du mal à m'faire une idée objective du truc...
Manilius : Pareil.
Arthur : Le dernier là sérieux, j'ai failli lui aligner une beigne. Tu vois pas... (grimace) les nerfs quoi.
Manillius : Moi j'suis aller couper du bois.
Arthur : Couper du bois ? Quand ?
Manillius : Tout à l'heure. J'suis sorti pour pas craquer d'vant tout l'monde, j'suis tombé sur des bûches dans l'arrière-cour, j'ai fait du p'tit bois. Ca m'a fait du bien.
Arthur : Moi en tout cas j'peux t'dire qu'j'suis content qu'ce soit fini parce que... peux plus.
On entend du bruit provenant de la porte, des gens qui parlent forts. Ce sont les paysans Guethenoc, Roparzh et Belt qui entrent en vociférant sous l'oeil surpris d'Arthur et de Mani.
Guethenoc: Alors attention, attention hein, les représentants du monde paysan doivent s'entretenir avec le nouveau Roi, j'sais pas où il est j'sais pas, méfiez-vous hein, méfiez-vous ! Nan mais les représentants du monde paysan ils sont là, ils en ont plein l'cul, mais quelque chose de bien prononcé !
Roparzh : Il a intérêt à s'montrer coopératif le nouveau Roi parce qu'il va bien s'faire botter l'oignon !
Belt (montre un tout petit fromage) : Regardez-moi ce petit fromage, des années et des années d'travail, et pour en arriver où ? A un système qui s'essouffle !
Il jette le fromage qui tombe pas loin d'Arthur.
***
CAMPEMENT DE LEODAGAN - NUIT.
Séli arrive en trombe avec Guenièvre et Goustan.
Séli : Qu'est-ce que c'est qu'ce cirque ?!
Goustan : Là ! (montre les chefs) Regardez-les ces gros fumiers, ils sont pas en train d'mâcher ??
Guenièvre (crie) : Ils ont volé la nourriture dans les caisses !!
Léodagan : Mais pas du tout !
Hoel (se lève) : Ce sont des biscuits personnels que j'ai la délicatesse de partager avec mes camarades.
Calogrenant : C'est sa marraine qui les fait.
Ketchatar : Et on a été bien contents d'les trouver.
Goustan : Fumiers !
Léodagan : Pardon mais... ils sont quand même un peu secs hein...
Hoel : Ils sont pas secs, ils sont vieux.
Loth : Ils sentent la pisse, aussi. Notez que ça n'enlève rien au geste, c'est une remarque.
Séli (s'en va) : Ouais ben si c'est ça j'm'en fous moi.
Guenièvre : Oui tant qu'vous volez pas...
Séli revient aussi sec et mets ses poings sur ses hanches.
Séli : Pas d'nouvelles du Roi d'Bretagne. Nan j'dis ça parce que j'espère que vos biscuits vous profitent parce que c'est sûrement tout c'que vous aurez !
Elles repartent.
Léodagan : Pas d'Roi d'Bretagne...
Calogrenant : Pas pour l'moment.
Ketchatar : Il est p'tet en train d'tirer sur l'épée comme un taré !
Hoel (riant) : Ou bien il trouve pas l'chemin d'ici !
Loth (montre son biscuit) : Nan ils sentent vraiment la pisse. Loin d'moi l'idée d'manquer d'respect à votre marraine...
Goustan (crie) : Fumiers ! J'peux en avoir un d'vos biscuits à la con ?
Tous se regardent.
***
TAVERNE, TOUJOURS DE NUIT.
Les trois paysans se sont assis en face d'Arthur et de Manillius.
Guethenoc : Non mais Sire, il faut mettre le hola tout de suite sinon c'est la famine hein.
Manillius : Il vient juste d'arriver.
Roparzh : Mais justement c'est maintenant qui faut se s'couer les rognons, sinon ça part tout à vaut l'eau !
Belt (l'air saoul, énervé) : R'gardez-moi ces p'tits navets ! A quelle heure on doit s'lever nous l'matin ! On nous en colle jusque-là ! Ras la gueule ras la gueule ras la gueule ! Un jour qu'est-ce qui va s'passer ?! (jette le navet) Crac !!
Guethenoc : Nous autres on d'mande quoi ? La considération !
Roparzh : Le pognon on avait dit.
Guethenoc : Non non taisez-vous, taisez-vous. La considération !
Belt : Attendez, j'suis p'tet un peu inattentif parce que je dois subir des pressions dûes à ma condition, mais j'ai très bien entendu qu'on voulait du pognon !
Roparzh : Venez pas nous prendre pour des mongols hein !
Belt : Voyez cette miche de pain, c... (bégaye) combien j'la paye moi cette miche de pain moi ?! Alors merde ! (la jette)
Manillius : On en a pas encore du pognon, on vient juste d'arriver.
Guethenoc : Vous êtes arrivés dans un fameux merdier ! Des fourches dans l'gras du cul, c'est ça qu'vous allez ramasser comme cadeau d'bienvenue !
Roparzh : Ce soir j'rentre à ma ferme, j'empoisonne toutes mes bêtes, même les p'tites, j'fous l'feu à mes récoltes et j'tue ma femme !
Guethenoc : ... Mais pour quoi faire ?
Roparzh : J'sais pas !
Belt : R'gardez-moi cette meule ! J'ai affiné cette saloperie de frometon pendant des mois et des mois ! Résultat il est dégueulasse ! Pourquoi, parce que j'suis nul en fromages ! Merde ! (jette la meule)
Arrivent Karadoc et Perceval en arrière plan.
Perceval : C'est nous !
Karadoc : Vous vous en êtes sortis tous seuls ?
Arthur et Manillius semblent plus que soulagés.
Arthur : Ah heu... Hé ben vous tombez bien ! Parce qu'il faut qu'on s'casse nous.
Manillius (aux paysans) : C'est les types du gouvernement ils vont s'occuper d'vous.
Arthur : Honnêtement y a pas mieux placé qu'eux hein.
Manillius : Ils nous feront un compte-rendu.
Ils s'empressent de partir.
Guethenoc : Hé-oh-hé-oh-hé-oh, qu'est-ce qui s'passe là ?
Roparzh : C'est quoi la tisane là ?
Belt : J'me r'mets en rogne ou bien ?
Perceval : Voyez, on est déjà indispensables.
Karadoc : Ouais, mais on va quand même commencer par commander à bouffer.
Perceval : Ouais.
Ils passent devant les paysans pour aller au comptoir.
***
CAMPEMENT DE LEODAGAN.
Plan sous la tente de Léodagan. Goustan a l'air mal en point, Calogrenant se tient debout derrière lui.
Hoel : Ca va mieux ?
Calogrenant : R'gardez l'morcif que vous aviez coincé dans l'gosier !
Ketchatar : Ca s'est aggloméré comme une sorte de... brique.
Goustan : J'ai failli étouffer à cause de votre pute de marraine !
Hoel : Mais pourquoi aussi en mettre autant à la fois dans la bouche... la peur de manquer ?
Arthur et Mani arrivent à ce moment. Tous les regards se tournent vers eux.
Arthur : Bonsoir...
Léodagan : Heu ouais... c'est à quel sujet ?
Arthur : C'est-à-dire j'ai rendez-vous avec Léodagan de Carmélide, c'est pas vous ?
Léodagan : Tout dépend.
Manillius : Tout dépend d'quoi ?
Arthur : Ben tout dépend d'ça nan ?
Il sort Excalibur, tous les chefs se mettent à crier de joie et à taper sur la table.
Arthur : Ben... j'suis flatté d'votre accueil...!
Loth (riant) : Non, faites pas attention, le fait que vous ayez l'épée, ça signifie qu'on est plus obligés de manger les biscuits de la marraine du Roi d'Armorique ! Ce qui n'enlève rien à votre exploit hein !
Ketchatar : Allez envoyez la bouffe !!
Hoel : Hé-hé-hé, regardez c'que j'en fais moi d'ces biscuits de merde qui sentent la pisse ! (écrase le gateau) Ouais !!!
C'est l'euphorie générale. Arthur et Mani se regardent, surpris et perplexes.
***
TAVERNE.
Perceval et Karadoc sont maintenant en train de jouer aux cartes avec les trois paysans.
Perceval : Nan mais attendez j'comprends pas c'que vous faites là.
Guethenoc : Comment c'que j'fais, j'ai rien dit.
Perceval : Justement, quand c'est à vous et qu'vous venez d'faire un passe-jarret, vous annoncez l'tour suivant.
Guethenoc : Le tour suivant ? J'dis quoi ?
Perceval : Vous annoncez le nombre de points que vous comptez faire sur 14 tours.
Guethenoc : Mais qu'est-ce j'en sais moi ?
Perceval : Nan mais c'est une estimation. Dites à la louche.
Guethenoc : Bon ben... six.
Perceval : Six ? Ah ben mon vieux...!
Guethenoc : Quoi ça fait trop ?
Perceval : C'est vous qui voyez, mais annoncer six alors qu'votre voisin de droite vient d'faire deux passe-jarrets d'un coup... faut drôlement en avoir dans l'slip hein !
Guethenoc veut reprendre sa carte mais les autres l'en empêchent.
Belt : Le voisin de droite c'est moi ?
Perceval : Ben ouais.
Belt : Et j'viens d'faire deux passe-jarrets d'un coup moi ?
Perceval : Ouais.
Belt : Alors j'ai une question, c'est possible de faire deux passe-jarrets sans l'faire exprès ?
Karadoc : Evidemment j'arrête pas d'en faire moi. Et j'sais même pas à quoi ça sert.
Roparzh : Moi j'en fais pas un, soi-disant, alors pour les autres c'est passe-jarret par-ci passe-jarret par-mi... et j'te renvoie la politesse, et moi comme par hasard pas un ! Faudrait voir à pas s'foutre de la gueule du monde !
Perceval : Nan mais vous vous êtes le lance-bûches ! Qu'est-ce que vous foutez avec des cartes ?
Roparzh : J'suis quoi moi ?
Perceval : Le lance-bûches ! Vous vous distribuez et vous comptez les points ! Vous devriez pas avoir de cartes !
Karadoc : Nan mais c'est n'importe quoi...
Guethenoc : Et les points vous les avez compté au moins ou ça fait une heure qu'on joue pour des pruneaux ?
Roparzh : Vous pouvez pas les compter vous-même vos points ? Faut forcément qu'on vous tienne le zizi ?
Belt : La troisième annonce c'est quoi déjà ? J'crois qu'j'ai ça moi.
Perceval : Jarret-souple.
Belt : Ah nan alors c'est pas ça.
Perceval : Qu'est-ce que vous avez alors, un lance-jarret ?
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Un jarret-sifflet.
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Un bi-jarret ?
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Un mi-jarret.
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Un charret ?
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Un bjarret ?
Belt : J'en sais rien.
Perceval : Nan mais faites voir vos cartes ? ... Ah ouais mais non là vous avez rien.
Belt (crie) : Merde !! (jette les cartes)
***
CAMPEMENT DE LEODAGAN.
Ils sont tous en train de manger.
Léodagan : J'vous aurais bien présenté votre future, mais elle dort.
Goustan : En même temps vu la gourde ça peut largement attendre demain.
Léodagan : Père, vous pouvez pas la mettre au ralenti ?
Loth : Moi, pour la p'tite histoire, je suis votre beau-frère. Je dis ça pour préciser que pendant que certains bricolent des liens du sang à la dernière minute, y en a qui sont naturellement légitimes.
Calogrenant : Oh lui hé...
Léodagan : Il veut mon pied dans les noyaux l'beau-frère ?
Manillius : Vous êtes le frère de sa future femme ?
Loth : Non, le mari de son actuelle demi-soeur.
Arthur : Ma demi-soeur ?
Loth : J'devrais pas trop la ramener avec ça d'ailleurs, parce qu'elle peut pas vous blairer.
Arthur : Ah bon ?
Loth : Votre père a buté l'sien, alors...
Calogrenant : Mais c'est des vieux trucs ça...
Hoel : Mais qu'est-ce qu'il a à ramener ça sur le tapis là...
Ketchatar : Vous foutez une ambiance de merde c'est tout c'que vous foutez mon pauvre ami !
Loth : Pardonnez-moi, c'est p'tet à force de mâchonner des trucs séchés... je sais pas si j'préférais pas les biscuits d'la marraine de l'autre con là !
Hoel : L'autre con là il pourrait vous les mettre dans la gueule hein les biscuits d'sa marraine.
Calogrenant : Vous allez pas commencer...
Arthur : Ouais nan... arrêtez ça sert à rien...
Ketchatar : Si on a envie d'gueuler on fait encore c'qu'on veut nan ?!
Hoel : On marche pas au sifflet nous !
Calogrenant : Mais fermez-là nom de nom !
Loth : Tiens ! Ecoutez le p'tit lèche-cul ! C'est pas une critique mais normalement c'est à moi d'fayoter, restez sur vos plates-bandes mon vieux !
Léodagan (à Arthur) : Attention, hum, on veut bien être gentils, mais va pas falloir commencer à filer des ordres.
Arthur : Ben... si.
Léodagan : ... Quoi ??
Arthur (calme) : Si les Dieux ont décidé que j'srai Roi d'Bretagne, ça veut dire qu'à un moment il va falloir envisager de faire c'que j'vous dis... Tôt ou tard. A moins qu'vous teniez à vous mettre les Dieux à dos...
Echange de regards interloqués parmi les chefs, puis tous le dévisagent.
Loth : 'Deus minimi placet', seuls les Dieux décident.
Manillius (sourit) : Nan mais...
Arthur (le pousse avec le coude) : C'est-à-dire on... on parle pas latin.
Manillius (coup d'oeil à Arthur) : Ah...
Arthur (lui fait comprendre) : Non. ... On a des notions quoi...
GENERIQUE
Plus tard. Arthur sort de la tente pour faire un tour dehors. Il a l'air préoccupé. Dans la nuit se découpe alors une silhouette, c'est Guenièvre. Elle s'approche d'Arthur, ils se regardent quelques instants.
Guenièvre : ... C'est vous ?
Arthur : Oui. 'Fin ça dépend, c'est vous qui ?
Guenièvre : C'est vous le nouveau Roi de Bretagne ?
Arthur : Oui.
Guenièvre : D'accord...
Arthur : Et vous vous êtes la fille de Léodagan.
Guenièvre : Oui. Et... c'est avec vous que je dois me marier ?
Arthur (presque désolé) : Tout à fait... oui, oui, oui...
Guenièvre (hésitante) : Et... à priori, comme ça à chaud... je pourrais vous convenir... ?
Arthur (mal à l'aise) : C'est... 'fin oui c'est-à-dire comme ça à chaud... j'peux pas... j'veux dire personne n'aime la nouveauté quoi...
Guenièvre (déçue) : Ah bon...
Arthur : Mais, mais attention... vous êtes... tout à fait charmante si ça peut répondre à votre question...
S'ensuit un silence gêné. Goustan apparait plus loin derrière eux.
Goustan : Hé ! A l'origine j'étais sorti pour lâcher une caisse, mais quand on vous voit comme ça dans l'clair de lune, on a pas envie d'bousiller l'tableau. J'vais allez louffer à l'intérieur pour emboucaner les autres fumiers ! Profitez !
Goustan (Voix Off) : Le plus beau dans les histoires d'amour, c'est le début.
Rédigé par Holly95 pour HypnoKaamelott